Refusons l’islamophobie

Des incidents visant des personnes de confession musulmane ont eu lieu à Toronto et en Ontario. Wikicommons
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[CHRONIQUE]

Des incidents visant des personnes de confession musulmane ont eu lieu à Toronto et en Ontario depuis les attentats meurtriers perpétrés par l’État islamique (EI) à Paris, à Beyrouth et au Mali. L’ignorance liée à la compréhension de ces attentats a provoqué une recrudescence de la haine contre l’ensemble des pratiquants de la religion musulmane qui doit être fortement dénoncée.

SERGE MIVILLE
Chroniqueur invité
@Miville

Il n’y a rien de plus lâche que d’associer des citoyens, des résidents permanents et des nouveaux arrivants à ces horribles attentats qui demeurent le travail de réactionnaires et de radicaux qui instrumentalisent la religion musulmane pour faire valoir leur idéologie et pour mener à bien leur projet, celui d’un califat international visant à asseoir leur pouvoir dans leur région.

Le fait qu’on terrorise désormais des personnes de religion musulmane profite à l’EI, qui peut ainsi recueillir et recruter encore davantage de personnes marginalisées et rejetées par la société pour mener à bien ses actes criminels. La haine, finalement, ne fait qu’engendrer la haine.

Sur les médias sociaux et dans la rue, certains Canadiens, qui sont aussi ignorants qu’effrayés, se sont rués sur les pratiquants de la religion islamique, sans comprendre qu’elle est, comme le christianisme, extrêmement diversifiée. Certains sont inquiets et craignent également l’accueil de réfugiés syriens. Or, il n’y a que 2% de la population canadienne qui est musulmane.

L’arrivée de 25 000 réfugiés syriens ne fera simplement que ramener le Canada à son niveau normal d’accueil d’exilés, tel qu’il avait cours durant le début des années 1990. En effet, si l’année dernière nous avons accepté autour de 22 000 demandeurs d’asile, nous avons ouvert nos portes à plus de 50 000 réfugiés en 1991.

Il faut songer, pendant quelques instants, à la vie d’un réfugié. Avons-nous déjà imaginé laisser derrière nous tous nos biens matériels pour fuir afin de protéger notre vie? Ces gens ont tout laissé derrière eux et franchi des milliers de kilomètres pour échapper à la guerre ou aux exactions de l’EI dans l’espoir d’obtenir un minimum de dignité humaine en occident, là où, hypocrites, nous vantons notre amour pour les droits de la personne. Soyons donc conséquents.

D’ailleurs, il est temps que nos leaders, de Kathleen Wynne à Justin Trudeau, dénoncent vigoureusement ces dérives contre certains de nos citoyens en raison de leur religion. Ces attaques sont contraires aux principes humanitaires des droits de la personne sur lesquels le Canada a décidé d’ériger sa société à partir de 1982. Il faut absolument que ces agresseurs soient traduits en justice pour leurs gestes et redoubler d’effort pour éduquer les Canadiens et les outiller afin de leur permettre de combattre leur peur irrationnelle de l’islam. L’islamophobie n’a pas sa place dans notre société.

Heureusement, plusieurs citoyens de Toronto ont fait preuve de solidarité envers les victimes de ces agressions. Un mot clic sur Twitter #IWillRideWithYou qui combat cette peur et cette haine contre la population musulmane dans la métropole a récemment vu le jour. Saluons cette initiative. Elle fait figure de baume au cœur après un torrent d’événements malheureux.

Serge Miville est candidat au doctorat en histoire à l’Université York.

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