Recrutement des enseignants : la France prête à aider

L'ambassadeur de France au Canada, Nicolas Chapuis. Archives

OTTAWA – La France n’exclut pas de « faciliter les règles » pour permettre l’embauche d’enseignants francophones en Ontario.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

En entrevue pour #ONfr, l’ambassadeur de France au Canada, Nicolas Chapuis, se montre favorable pour donner un coup de pouce au ministère de l’Éducation de l’Ontario, au moment où il devient de plus en plus difficile pour les conseils scolaires francophones de recruter des enseignants.

La faute à la formation initiale à l’enseignement de deux ans depuis la rentrée 2015 laquelle décourage beaucoup de candidats possibles. Selon l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), cette situation reste conjuguée à la concurrence féroce des écoles d’immersion francophone et la baisse du financement dans les facultés d’éducation.

« Nous sommes prêts à répondre aux besoins exprimés », a partagé M. Chapuis. « Si le ministère de l’Éducation de l’Ontario nous approche et nous demande de faire venir davantage d’enseignants, nous pouvons, c’est possible. »

Le bureau de l’ambassade précise que cette décision de création de postes resterait « souveraine » des autorités canadiennes.

Ce défi du recrutement particulièrement sensible dans le Centre-Sud-Ouest et le Nord de l’Ontario bute sur le problème de la certification, d’après l’ambassadeur : « On pense que s’il y avait des postes réservés, on pourrait mobiliser suffisamment de candidats pour passer à travers la diplomation, peut-être de manière plus raccourcie (…) Pour cela, il faut qu’il y ait des candidats français qui acceptent aussi d’aller vers l’Ontario. »

En entrevue récente pour #ONfr, le président de l’AEFO, Carol Jolin, avait parlé de la France comme une solution, d’autant que d’après le syndicat des enseignants franco-ontariens, les conseils scolaires lorgnent dorénavant du côté du Québec et du Nouveau-Brunswick pour recruter.

Selon les données de Statistique Canada, les Français représentent actuellement le pays francophone ayant obtenu le plus de résidences permanentes en Ontario avec un total de 401 documents du genre accordés en 2014.

Assimilation

Interrogé sur le sujet de l’assimilation possible des Français vivant hors Québec, M. Chapuis a déclaré que ceci ne constituait pas un défi : « Ce n’est pas une question qui se pose pour nous (les Français). La plupart des Français présents au Canada ne viennent pas pour immigrer, mais viennent pour avoir une expérience professionnelle. On voit un renouvellement régulier des communautés françaises au Canada. Sur les 300 000 naturalisés canadien par an, il n’y a que 6000 Français. C’est un tout petit nombre. »

Pour l’ambassadeur, la question de l’assimilation de ses compatriotes concerne avant tout « les résidents (permanents) dans le fait francophone en Amérique du Nord. »

M. Chapuis a de nouveau fait allusion au plurilinguisme. Un concept qu’il apprécie particulièrement, et dont la mention dans son discours lors du Grand rassemblement de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) à l’automne, avait jeté un froid dans l’assistance.

« Je crois au plurilinguisme dans le monde (…) Nous avons passé en France le fait qu’on était à une seule langue étrangère, et étudier maintenant à l’école deux langues étrangères, c’est normal. Plus on parle de langue, plus on a de chance d’être recruté. »

Lancé alors par #ONfr sur la spécificité du bilinguisme institutionnel, l’ambassadeur a fait savoir que la francophonie au Canada était « en développement, pas en régression ».