Queen’s Park entre progrès et reculs

Le chef progressiste-conservateur Patrick Brown flanqué de ses députés Victor Fedeli et Lisa Thompson devant la presse parlementaire à Queen's Park.

TORONTO – Les débats terminés pour l’été à l’Assemblée législative, les parlementaires de l’Ontario sont rentrés dans leurs terres pour défendre leurs travaux de la dernière session devant leurs électeurs, le vendredi 5 juin. Coup d’œil sur un printemps de progrès pour les uns, de reculs pour les autres.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Le gouvernement libéral de Kathleen Wynne aura réussi à faire adopter une dizaine de projets de lois depuis la mi-février, dont un document omnibus qui englobait à la fois le budget, la privatisation d’Hydro One, la mise sur pied d’un régime de retraite provincial, l’ouverture du marché de la bière aux supermarchés et des changements à la loi sur la publicité gouvernementale.

« Dans un gouvernement, si vous n’êtes pas en train de faire des grands changements, vous n’accomplissez probablement pas grand-chose », a déclaré le ministre Brad Duguid, responsable de l’Emploi et de l’Infrastructure, le 5 juin. « Il faut se méfier des politiciens qui disent qu’ils peuvent bâtir nos routes et nos transports en commun sans prendre des décisions difficiles. Ce n’est pas possible. »

M. Duguid a qualifié de « difficile » la décision de privatiser le distributeur provincial d’électricité Hydro One. Mais l’élu de Toronto a réitéré la nécessité, selon lui, de vendre jusqu’à 60% de la société d’État au secteur privé pour réinvestir quelque 4 milliards $ dans l’infrastructure.

 

Grèves scolaires et hydro

L’opposition à Queen’s Park a brossé, à son tour, un portrait beaucoup plus sombre de la dernière session parlementaire.

« Les derniers mois n’ont pas été bons pour l’Ontario », s’est désolé le chef progressiste-conservateur Patrick Brown devant la presse, le 5 juin. « Avec l’adoption du budget libéral, il n’y aura pas de processus public ni d’information quant à la vente d’Hydro One. Toute la surveillance publique vient de disparaître. C’est une grande inquiétude. »

« La bataille n’est pas terminée », a ajouté la chef néo-démocrate Andrea Horwath, vindicative. « Nous allons continuer à nous battre pour garder Hydro One dans l’espace public ».

Les deux oppositions se sont aussi inquiétées de la situation dans les écoles de l’Ontario, où les débrayages et les moyens de pression se sont multipliés au cours des dernières semaines.

« Près d’un million d’élèves ont vu leur éducation perturbée au cours des derniers mois parce que le gouvernement était incapable de faire son travail », a houspillé M. Brown, disant craindre une grève générale à la prochaine rentrée des classes. « J’ai de sérieuses inquiétudes pour septembre. Je ne crois pas que le gouvernement prenne les choses au sérieux. »

« Nous avons vu une ministre renoncer à ses responsabilités à l’égard des élèves et aussi des enseignants », a martelé Mme Horwath. « Tout ça aurait pu être prévenu. »

La chef du NPD a aussi soufflé sur les braises de l’élection partielle à Sudbury, début février. Une élection enfumée d’allégations de corruption dans le camp libéral et « qui s’est soldée par deux nouvelles enquêtes » de la Police provinciale de l’Ontario (PPO) dans les affaires du parti au pouvoir.

Le ministre Brad Duguid a conclu sur une note positive : l’ajout de près de 44000 emplois nets à l’économie ontarienne au cours du mois de mai, dont le tiers dans le secteur manufacturier. Un petit boom qui a fait redescendre le taux de chômage de la province en-deçà de la moyenne nationale, à 6,5%, où il n’était pas venu choir depuis la récession de 2008.