Privatisation d’Hydro One : « Une histoire à succès », selon Glenn Thibeault

Le ministre de l’Énergie, Glenn Thibeault. Crédit image: Jean-François Morissette

TORONTO – Pour le ministre de l’Énergie, Glenn Thibeault, la vente des actions d’Hydro One est « une histoire à succès », alors que la province détient désormais 49,9 % des actions de la compagnie. Cette descente sous la barre des 50 % est toutefois dénoncée par les partis d’opposition à Queen’s Park.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Hier en fin de journée, le gouvernement ontarien a annoncé que la dernière phase de vente d’actions de la compagnie de la Couronne, Hydro One, avait rapporté 2,8 milliards de dollars à la province.

Avec cette nouvelle vente d’actions, le gouvernement ontarien n’est plus actionnaire majoritaire de la compagnie et ne possède désormais que 49,9 % d’Hydro One.

L’Ontario restera toutefois l’actionnaire le plus important de la compagnie puisqu’une loi lui interdit de réduire sa possession d’actions à moins de 40 %. En vertu de cette même législation, aucun autre actionnaire ou groupe d’actionnaires ne peut détenir plus de 10 % de la société.

En conférence de presse, le mardi 9 mai, le ministre de l’Énergie, Glenn Thibeault, s’est défendu d’avoir perdu la majorité des actions de la société de la Couronne.

« Je peux comprendre la déception de certaines personnes, mais poser la bonne action n’est pas toujours la chose la plus facile à faire. S’assurer que nous ayons plus de 9 milliards de dollars pour investir dans les infrastructures, dans le transport, c’est la bonne action à faire et c’est ce que veulent les Ontariens », a-t-il insisté.

Selon lui, la vente des actions d’Hydro One est « une histoire à succès ».

« Nous allons pouvoir utiliser ces sommes pour réduire la dette et investir dans le Fonds Trillium dans le cadre du plus grand investissement jamais fait pour les infrastructures de la province », a expliqué M. Thibeault.

Avec cette nouvelle vente d’actions, le gouvernement affirme avoir collecté 9,6 milliards de dollars en l’espace de trois ans, soit 600 millions de dollars de plus qu’il espérait au début de la privatisation partielle de la société d’État.

« Si l’on regarde à l’ensemble de l’histoire, c’était la bonne action à poser parce que nous allons pouvoir créer de nombreuses nouvelles infrastructures, ce qui va créer de l’emploi » – Glenn Thibeault

« Nous sommes allés de l’avant parce que nous savions que nous avions notre objectif de recevoir 9 milliards de dollars avec cette vente, en mettant 5 milliards de dollars pour réduire notre dette et 4 milliards de dollars dans notre fonds d’infrastructures », a assuré le ministre.

En 2015, la vente de 13,6 % des actions ‘Hydro One avait rapporté 1,83 milliard de dollars dans les coffres de la province. Une seconde vente en 2016 avait rapporté 1,7 milliard de dollars au gouvernement.

En vertu de cette dernière vente, la province s’est également gardé une option pouvant mener à la vente 12 millions d’actions supplémentaires. Si le gouvernement va de l’avant avec cette avenue, il pourrait obtenir 300 millions de dollars de plus.

 

Une situation déplorée par l’opposition officielle

Le chef du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario, Patrick Brown, est loin d’être convaincu par cette nouvelle vente d’actions.

Selon lui, le gouvernement agit contre la volonté de plusieurs milliers d’Ontariens et de municipalités en continuant à se départir des actions d’Hydro One.

Pire encore, il déplore que le gouvernement n’utilise pas les fonds promis en infrastructures et qu’il ait ajouté une clause pour s’assurer que les prochains gouvernements ne puissent pas racheter les parts vendues par les libéraux de Kathleen Wynne. Selon lui, les actions perdues ne pourront plus être récupérées.

 

Un danger de perdre le contrôle, note le NPD

Peter Tabuns, critique du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario en matière d’Énergie, déplore que le gouvernement abandonne la majorité des actions de la compagnie.

« Vendre une majorité d’actions est un problème puisque ça réduit la possibilité de contrôle et ça signifie qu’il va y avoir encore moins d’argent en ristournes dans le futur », s’est-il exclamé.

« Ils abandonnent une grande partie du patrimoine ontarien et ébranlent notre indépendance énergétique dans le futur », a-t-il ajouté.

M. Tabuns croit que le gouvernement met la table pour d’autres crises quant au prix de l’électricité dans un avenir rapproché.

Si le NPD de l’Ontario remporte la prochaine élection, le troisième parti à Queen’s Park s’est engagé à racheter les actions d’Hydro One vendues par les libéraux.