Plaidoyer pour l’immigration francophone

Le commissaire aux services en français de l'Ontario, Me François Boileau.

OTTAWA – Le commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser, et son homologue provincial aux services en français, Me François Boileau, ont rendu public, le mardi 18 novembre, un rapport de huit recommandations pour favoriser l’immigration francophone dans les provinces où le français est minoritaire.

BENJAMIN VACHET
Collaboration spéciale
bvachet@tfo.org | @bvachet

Alors que le gouvernement fédéral table sur une cible de 4 % d’immigration francophone économique hors Québec en 2018 et que Queen’s Park s’est fixé un objectif de 5 %, les deux commissaires ont offert une série de recommandations aux deux paliers gouvernementaux pour atteindre leurs objectifs.

« Il est important que soit reconnue la spécificité de l’immigration francophone hors Québec afin d’attirer ces nouveaux arrivants francophones, mais aussi de les accueillir et de les intégrer », a indiqué le commissaire aux services en français, Me Boileau.

Pour y parvenir, le rapport dresse une liste de sept recommandations pour le gouvernement fédéral et d’une recommandation pour le gouvernement provincial.

 

Trouver les services

« Pour un nouvel arrivant, ce n’est pas vraiment pertinent de savoir si l’immigration est une juridiction fédérale ou provinciale. Ce qui compte, c’est de savoir qu’il existe des communautés francophones hors Québec et de savoir trouver quels sont les services disponibles en français et où les trouver », a ajouté Me Boileau.

Au gouvernement fédéral, il est recommandé de confier aux institutions et organismes francophones l’accompagnement des nouveaux arrivants d’expression française, de livrer aux immigrants toute l’information et les ressources nécessaires et de collaborer avec les gouvernements provinciaux pour mieux connaître leurs besoins, leurs objectifs et leurs réalités.

Il est également conseillé que des incitatifs soient développés à l’intention des employeurs pour le recrutement et la sélection des travailleurs francophones.

 

Évaluer les incidences

Enfin, les deux commissaires insistent sur l’importance d’évaluer les incidences des modifications apportées au système d’immigration canadien, incluant le programme d’entrée express, sur les communautés francophones.

Un point particulièrement important pour la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), Marie-France Kenny. « Nous posons des questions mais n’avons pas de réponses précises de la part du gouvernement, notamment sur l’impact du programme Entrée express sur l’immigration francophone. Je suis donc satisfaite de voir que ce problème est adressé dans le rapport et qu’on demande une évaluation des incidences des modifications apportées au système d’immigration canadien ».

 

Immigration pour et par les francophones

Au niveau provincial, le rapport recommande au gouvernement de Kathleen Wynne de mettre en place un groupe d’experts en immigration francophone notamment pour développer une stratégie globale de recrutement des immigrants francophones en Ontario.

Par voie de communiqué, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Denis Vaillancourt, a lancé un appel à l’action. « L’Assemblée se tient prête pour développer un plan d’action provincial intégrant pleinement la communauté francophone qui est plus à même de faire connaître ses besoins, et ainsi, de définir une stratégie cohérente et bénéfique à son développement ».

 

Bonne écoute

Pour les deux commissaires, il est important que les deux paliers de gouvernement coordonnent leurs efforts.

« Nous savons que l’immigration est une juridiction fédérale, mais les provinces ont-elles-aussi leurs propres objectifs en matière d’immigration et nous pensons donc que les deux paliers doivent travailler ensemble pour atteindre un objectif commun, comme nous le faisons aujourd’hui », a lancé M. Fraser.

Bien qu’aucun des deux commissaires n’ait de pouvoir d’ordonnance pour forcer l’application de ces recommandations, le commissaire Fraser se montre plutôt optimiste. « Il y a une bonne écoute du gouvernement fédéral, notamment du ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, Chris Alexander ».

Un optimisme que dit partager Me Boileau. « Nous allons faire un suivi, c’est sûr. Mais jusqu’ici, les recommandations du commissariat aux services en français ont été plutôt bien suivies ».

Il s’agit du second rapport publié conjointement par les deux commissariats depuis la signature d’un protocole d’entente, en novembre 2012. En août 2013, ils avaient publié une étude sur l’Accès à la justice dans les deux langues officielles intitulée Améliorer la capacité bilingue de la magistrature des cours supérieures.