Paul Martin dénonce une absence de leadership fédéral

L'ex-premier ministre canadien Paul Martin avec le grand argentier ontarien Charles Sousa et la première ministre provinciale Kathleen Wynne lors d'un point de presse à Toronto.

TORONTO – L’ancien premier ministre libéral fédéral Paul Martin a la dent dure à l’endroit du gouvernement conservateur qu’il accuse de manquer de leadership et d’obliger trop souvent les provinces à prendre le relais.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Le dernier chef de gouvernement libéral à Ottawa dit qu’il a du mal à comprendre le silence de Stephen Harper, qui lui a succédé en 2006, sur des enjeux importants à ses yeux comme le sort des Premiers Peuples et la bonification du Régime de pensions du Canada (RPC).

« C’est inconcevable que le gouvernement fédéral (…) soit prêt à ignorer la population la plus jeune et qui connaît la plus forte croissance au Canada », a fustigé M. Martin au sujet du traitement des Premiers Peuples. « Il faudrait non seulement discuter des sujets de l’heure comme la pauvreté, mais trouver des solutions à ces problèmes-là. Que M. Harper ignore tout ça, c’est incroyable. »

En tant que premier ministre, M. Martin avait négocié un plan de 5 milliards $ pour améliorer le bien-être des Premiers Peuples que son successeur conservateur n’a toutefois jamais mis en œuvre. Il avait aussi travaillé avec les provinces pour redresser le RPC alors qu’il était ministre fédéral des Finances, dans les années 1990.

L’ex-premier ministre pointe vers la quasi-centaine de recommandations de la récente Commission de vérité et de réconciliation du Canada – à commencer par la sensibilisation – pour guider les actions du gouvernement fédéral. « C’est là qu’on devrait trouver nos priorités », dit-il.

 

Dans la cour des provinces

Paul Martin a fait ces commentaires à #ONfr alors que les chefs des Premiers Peuples de l’Ontario annonçaient à Toronto, le mercredi 9 septembre, le lancement d’une campagne de financement pour les aider à mener leur propre enquête sur la mort et la disparition de plusieurs femmes autochtones dans la province. Une autre « indication », selon l’ex-politicien, que le fédéral ne fait pas sa part.

« Les provinces sont là. Encore une fois. Comme dans tellement de sujets, le leadership au niveau national est mené par les premiers ministres des provinces. Espérons que ça va changer après (les élections) du 19 octobre », a laissé tomber l’ancien chef libéral à Ottawa, flanqué de la première ministre ontarienne Kathleen Wynne lors d’un point de presse.

M. Martin a aussi, une fois de plus, fustigé les conservateurs fédéraux pour avoir refusé à la demande des provinces de bonifier le RPC, forçant ainsi l’Ontario à envisager la création de son propre régime de pensions. « Un des piliers du succès du Canada depuis des années et la capacité de ses différents ordres de gouvernements de travailler ensemble pour le bien commun », a-t-il martelé. « S’il y a un gouvernement qui devrait comprendre ça, c’est bien le gouvernement fédéral ».

L’ancien premier ministre canadien est depuis un an le conseiller spécial de l’Ontario en matière d’épargne-retraite.

Le futur Régime de retraite de la province de l’Ontario (RRPO) serait lancé progressivement à compter du 1er janvier 2017, avec des cotisations atteignant au final 3,8% du salaire de chaque cotisant jusqu’à concurrence de 1643$ par année – payées à parts égales par l’employé et l’employeur. Or, les libéraux à Queen’s Park ont plusieurs fois laissé entendre qu’ils seraient prêts à mettre leur plan au rancart en échange d’une bonification du RPC.

« Nous avons besoin de leadership à Ottawa », a conclu Mme Wynne sur la même note.