Ottawa-Vanier : Mona Fortier et Emilie Taman se détachent

Les trois candidats présents au débat lundi soir: John Turmel, Mona Fortier et Émilie Taman. Crédit image: Sébastien Pierroz

OTTTAWA – La campagne de l’élection fédérale dans Ottawa-Vanier entre dans son dernier droit. Le débat organisé par l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO Ottawa), lundi 27 mars, a permis à la candidate libérale Mona Fortier et à sa rivale néo-démocrate Emilie Taman de marquer des points.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Et pour cause, à l’exception du militant procannabis, John Turmel, aucun des autres candidats pour cette élection partielle ne s’était déplacé pour ce débat en français.

Comme la veille, lors d’un débat bilingue organisé au Centre Richelieu-Vanier, le candidat conservateur, Adrian Papara, avait décliné l’invitation.

La rencontre de lundi soir n’a pas réservé d’échanges houleux pour les quelque 70 personnes présentes à l’école De La Salle.

Mmes Fortier et Taman ont fait jeu égal pendant les 90 minutes du débat. Sur beaucoup de sujets, les deux adversaires ont même paru accorder leur violon.

C’est le cas notamment du logement abordable, un secteur où la circonscription reste à la traine. La candidate libérale a préféré parler de mettre fin « aux longueurs d’attente » tandis que la néo-démocrate évoquait le besoin d’une « nouvelle stratégie ».

Visage familier de la communauté francophone d’Ottawa, Mme Fortier s’est montrée à l’aise sur les questions franco-ontariennes. La femme d’affaires et communicatrice a proposé une participation du fédéral dans le financement des programmes universitaires en français en Ontario. Le temps aussi pour elle d’égratigner le nom très anglophone « Wateridge » du nouveau projet immobilier en construction sur l’ancienne base militaire de Rockcliffe.

Mais Mme Taman, professeure à la Faculté de droit à l’Université d’Ottawa, a placé le système judiciaire et politique au cœur de son discours. La néo-démocrate a entre autres fustigé le refus du premier ministre, Justin Trudeau, de réformer le mode de scrutin. « Il n’y avait pas un appétit de changement », a rétorqué timidement la candidate libérale.

Concernant la désignation bilingue d’Ottawa, Mme Taman s’en est de nouveau pris à M. Trudeau, regrettant qu’il ne veuille « pas intervenir ». Et d’ajouter : « Il a brisé sa promesse de faire de la politique autrement. »

John Turmel le trublion

Difficile de passer sous silence la prestation de John Turmel. Connu pour ses candidatures multiples aux élections locales depuis 1979, smartest man on earth comme il se décrit, n’a pas dévié dans son discours habituel : ne pas écouter les politiciens, et prendre l’argent où il se trouve, c’est à dire à la Banque du Canada.

Un discours répétitif, et donc peu en phase avec des questions plus émotionnelles comme les autochtones ou la sécurité des femmes. Conséquences? Des rires du public, mais aussi des huées à certains moments.

À plusieurs reprises, la modératrice du débat (retransmis sur TV Rogers), Ginette Gratton, a dû demander au militant de recentrer ses réponses.

John Turmel, perturbateur ou candidat indépendant et original? Le débat peut diviser. Faut-il donc inviter tout le monde? « Ça apporte une variété de perspectives à la table, et dès fois, ça force les gens à sortir des discours convenus et répétés qu’on entend tout le temps, » soulignait la présidente de l’ACFO Ottawa, Ajà Besler, au micro d’ONfr, peu après le débat.

Les électeurs d’Ottawa-Vanier se rendront aux urnes, lundi 3 avril, pour choisir le successeur du libéral Mauril Bélanger décédé dans ses fonctions le 15 août 2016.

Les libéraux partent grandement favoris dans un comté qu’ils détiennent depuis sa création en 1935.