Ottawa-Vanier : la grogne contre les libéraux en toile de fond

Les trois candidats principaux dans Ottaw-Vanier, Nathalie Des Rosiers (Parti libéral de l'Ontario), André Marin (Parti PC de l'Ontario) et Claude Bisson (Nouveau Parti démocratique). Montage #ONfr

OTTAWA – Les pancartes sont maintenant prêtes du côté d’Ottawa-Vanier. Jusqu’au 17 novembre, date de l’élection partielle, la route risque d’être plus difficile que prévue pour la libérale Nathalie Des Rosiers, la favorite pour succéder à Madeleine Meilleur, l’ex-députée provinciale.

SÉBASTIEN PIERROZ
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Bien que le parti de Kathleen Wynne soit aux commandes de ce comté depuis 1971, cette élection représente un véritable test pour le gouvernement. En difficulté dans les sondages, la première ministre essuie de vives critiques quant à la hausse des tarifs d’électricité, après la vente partielle d’Hydro One.

Et le candidat vedette du Parti progressiste-conservateur (PC de l’Ontario) dans la circonscription, André Marin, ne se prive pas pour égratigner les libéraux sur l’enjeu : « Il faut s’attaquer aux comptes d’électricité, c’est la question numéro 1 », explique M. Marin au micro d’#ONfr. « Le thème revient constamment lors du porte-à-porte, du fait qu’il y a une mauvaise gestion de Queen’s Park et de Kathleen Wynne (…) C’est encore plus vrai pour les petites et moyennes entreprises. »

Des difficultés que le candidat néo-démocrate Claude Bisson – frère du député actuel de Timmins-Baie James, Gilles Bisson – attribue autant aux libéraux qu’aux progressistes-conservateurs. « Le PC de l’Ontario avait déjà commencé à vendre Hydro One, ce à quoi mon parti s’était toujours opposé. Mais effectivement, beaucoup de gens ont les yeux qui sortent de la tête à cause des factures. »

Dans l’entourage des libéraux, on insiste pourtant que les résidents d’Ottawa-Vanier sont sous le joug d’Hydro Ottawa. Vérification faite, ce distributeur d’électricité local achète bien une partie de son énergie à Hydro One, ce qui pourrait justifier l’augmentation des tarifs dénoncée par M. Marin.

« Il amène des enjeux, mais pas de solutions », a asséné Nathalie Des Rosiers aux médias peu après son investiture à l’encontre de son adversaire progressiste-conservateur. « C’est bien de crier, mais nous avons besoin d’avoir de réelles solutions. »

Fort en gueule et auréolé de son statut d’ancien ombudsman de l’Ontario, André Marin attire forcément l’attention. « J’aime relever le défi (…) Je ne vais pas perdre, je vais gagner », plastronne-t-il. À la différence de Claude Bisson, discret depuis le lancement de sa campagne, M. Marin a pris une longueur d’avance sur les médias sociaux. Le temps pour lui de dénoncer la hausse des fusillades dans Ottawa-Vanier.

« Sur ce sujet, il faut voir ce que la province peut faire, peut-être appuyer le service policier dans Ottawa-Vanier. La province de l’Ontario a coupé le financement des unités spéciales. Cela a été ressenti par les policiers. »

Doyenne de la faculté de droit à l’Université d’Ottawa, Nathalie Des Rosiers voit les choses d’un autre œil : « C’est important d’avoir des services policiers bien encadrés. Il faut que ceux-ci soient imputables. Notre sécurité doit se conformer à la règle de droit. »

Pour Claude Bisson, il faut avant tout « travailler avec la communauté » et aider « les gens qui n’ont pas d’éducation ».

Brown et Wynne impliqués

Désengorgement de l’avenue King Edward malmenée par le trafic de camions? Lutte contre la pauvreté symbolisée par la hausse des « cash money »?  Pour l’instant, les trois protagonistes n’ont pas dévoilé publiquement leurs solutions pour les enjeux locaux, tant la campagne capte directement les lumières de Queen’s Park.

Conscients de la possibilité de s’emparer d’un comté où ils ne dépassent que très rarement les 30%, les progressistes-conservateurs s’activent. Dernièrement, le chef du parti, Patrick Brown, a multiplié les apparitions avec André Marin lors du porte-à-porte.

CaptureDMarin

De son côté, la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, s’est déplacée directement dans la circonscription à deux reprises. La première, fin septembre, pour annoncer de nouvelles places en garderies à l’école Horizon-Jeunesse du secteur Vanier; la seconde, le lundi 17 octobre, à l’Université d’Ottawa.

Madeleine Meilleur s’est montrée pour sa part discrète dans cette campagne, même si elle sera probablement aux côtés de Mme Des Rosiers pour cogner à la porte des résidents. De là à convaincre? « Madeleine Meilleur est une dame qui a beaucoup de classe, mais elle représente le gouvernement Wynne », lâche M. Bisson.

Au-delà de leurs divergences, les trois candidats principaux s’entendent certainement sur une idée : la complexité d’un comté écartelé entre le secteur huppé de Rockcliffe, le « bastion francophone » de Vanier, ou le très « étudiant » quartier de la Côte-de-Sable. « C’est ce qui rend Ottawa-Vanier important pour l’Ontario, car presque tous les problèmes de l’Ontario se retrouvent ici », résume Mme Des Rosiers.