Ottawa bilingue : Dialogue Canada se tourne vers les anglophones

Dialogue Canada tenait son assemblée générale annuelle, le lundi 30 janvier, à Ottawa. Crédit image: Benjamin Vachet

OTTAWA – L’opposition répétée du maire d’Ottawa, Jim Watson, à l’officialisation du caractère bilingue de la capitale nationale ne décourage pas les membres de l’organisation Dialogue Canada. Ces derniers sont décidés à mobiliser les anglophones pour convaincre le conseil municipal de faire d’Ottawa, la capitale bilingue du Canada.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« Est-ce que nous sommes toujours confiants? On pourrait poser la question au maire : est-ce que lui est confiant et va toujours persister s’il voit que de plus en plus de personnes sont contre sa position? Si lui, il persiste, notre organisation aussi va persister car il a tort! », lance John Trent, l’ancien président de Dialogue Canada, qui siège sur le comité Ottawa bilingue de l’organisation.

Le bilinguisme de la Ville d’Ottawa était à l’honneur de l’assemblée générale annuelle de Dialogue Canada, le lundi 30 janvier. Après avoir essuyé plusieurs refus de la part du maire, l’organisation se tourne désormais vers la population anglophone pour faire avancer le projet.

« Les Franco-Ontariens sont pleinement mobilisés, mais le maire s’en moque. Notre tâche, c’est d’aller chercher les appuis des anglophones et des allophones, qui sont aujourd’hui peu mobilisés, car c’est peut-être ça qui peut faire changer d’avis le maire. »

Pour M. Trent, le manque d’intérêt de cette partie de la population résulte d’une absence d’information.

« Beaucoup ne sont même pas au courant du projet de faire d’Ottawa une capitale bilingue parce que ce n’est jamais dans les médias anglophones! La plupart d’entre eux pensent qu’il n’y a aucun problème puisque nous avons une politique et des services bilingues. Ils ne voient pas l’importance de reconnaître les deux langues officielles du Canada et ne réalisent pas que le conseil municipal pourrait facilement renverser la politique actuelle. »

Afin d’y parvenir, Dialogue Canada a lancé un site internet et compte aussi augmenter sa présence sur les médias sociaux et promouvoir une pétition auprès de la population canadienne.

Invité spécial, l’éditeur du journal franco-ontarien L’Orléanais, Fred Sherwin, a apporté son soutien à l’initiative.

« Je voudrais dire au maire Watson qu’il n’est pas trop tard, mais que le temps presse », a-t-il lancé.

Tous les participants ne semblaient toutefois pas d’accord sur la stratégie à adopter. Si certains ont avancé l’idée de se tourner directement vers Queen’s Park, d’autres souhaiteraient inclure le gouvernement fédéral, alors que pour quelques-uns, il faut changer de manière de communiquer.

« Évitez d’utiliser le mot « officiel » car cela fait peur à beaucoup d’anglophones qui pensent que cela veut dire, faire comme au gouvernement fédéral. Le maire Watson connaît la différence, mais la population pas toujours », a suggéré l’ancien conseiller municipal, Jacques Legendre.

« Nous avons déjà débattu de toutes ces questions et de toutes les stratégies possibles. Aujourd’hui, notre position est claire : nous voulons faire enchâsser la politique de bilinguisme d’Ottawa dans une loi provinciale pour en assurer la pérennité. Pour l’instant, parmi les conseillers que nous avons rencontrés, aucun ne conteste notre projet », indique M. Trent.

Mais dans un sondage mené par #ONfr en novembre dernier, seuls cinq élus avaient publiquement dits être prêts à appuyer l’initiative. Pour M. Legendre, le manque d’engagement autour du conseil municipal s’explique par un manque de dissidence autour de la table.

Confusion?

La position de Dialogue Canada ressemble à s’y méprendre à celle d’un autre groupe qui travaille sur le même dossier, le regroupement d’organismes réunis autour de l’initiative #OttawaBilingue. M. Trent assure que les deux groupes travaillent dans la même direction et que cela ne nuit pas à leur but commun.

« C’est comme en écologie, il y a plusieurs organisations qui travaillent pour un même objectif. Nous allons tous dans la même direction. Il y a les associations franco-ontariennes et nous, Dialogue Canada, dont le rôle est de promouvoir les bons rapports entre anglophones et francophones. »

Ce dernier balaie de la main l’idée que cela pourrait entraîner de la confusion dans l’opinion publique.

« Nous ne sommes pas en conflit. Eux travaillent de leur côté, nous du nôtre. Certains conseillers municipaux soulèvent ce point, j’en conviens, mais c’est simplement parce qu’ils ne veulent pas s’en occuper. »

Autre dossier

Assurer l’avenir du bilinguisme d’Ottawa n’est pas le seul dossier sur lequel travaille l’organisation pancanadienne. Dialogue Canada souhaite encourager le gouvernement fédéral à mettre en place un Réseau pancanadien pour le transport de l’énergie renouvelable.

« Nous avions Mauril Bélanger comme ambassadeur et on savait que ça avancerait avec lui. Là, nous devons chercher un nouvel ambassadeur », explique la présidente, Tréva Cousineau.

Dans l’exercice de sa mission et pour faire avancer ses projets, Dialogue Canada doit faire face à quelques difficultés. Financières, tout d’abord, mais également de participation, puisque l’organisme ne compte plus que 25 membres contre 53, selon les chiffres présentés.

« Jusqu’à tout récemment, Dialogue Canada était avant tout un lieu d’échanges et ce n’est que récemment que nous avons décidé de mener des actions concrètes. Nous allons donc travailler à augmenter le nombre de membres. »