Oléoduc : l’Ontario nuancerait son discours

Le premier ministre de l'Alberta, Jim Prentice, a parlé d'énergie avec son homologue ontarienne Kathleen Wynne à Queen's Park, le 3 décembre.

TORONTO – Le gouvernement libéral de Kathleen Wynne serait-il en train de nuancer sa position par rapport à un important projet d’oléoduc qui traverserait l’Ontario d’ouest en est?

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

C’est, du moins, ce que claironne l’opposition à Queen’s Park.

Le néo-démocrate Peter Tabuns accuse le gouvernement de changer son discours sur le projet Énergie Est de la pétrolière TransCanada, à peine deux semaines après avoir formulé une liste de conditions exhaustives à l’entreprise.

M. Tabuns a jugé la position du clan libéral « plus faible » et « plus étroite » à la suite d’une rencontre entre Mme Wynne et son homologue Jim Prentice, de l’Alberta, le mercredi 3 décembre.

En cause : le fait que Mme Wynne eut discuté dans des termes assez conciliants d’Énergie Est avec M. Prentice, de même qu’avec son autre homologue Brian Gallant, du Nouveau-Brunswick, après avoir exprimé de la méfiance à l’égard du même projet d’oléoduc avec son voisin québécois Philippe Couillard.

À la période de questions à l’Assemblée législative, Mme Wynne s’est défendue de tenir un double discours quant à Énergie Est. Elle a dit avoir toujours appuyé le projet d’oléoduc, à condition qu’il soit aménagé dans le respect des populations et qu’il demeure sécuritaire.

« En avance sur le jeu »

« Nous étions en avance sur le jeu », a ajouté Bob Chiarelli, ministre de l’Énergie, sur le parquet de l’Assemblée législative. « Nous avons demandé à la Commission de l’énergie de l’Ontario de mener ses propres consultations sur ce projet, il y a plus d’un an déjà », a-t-il précisé.

M. Chiarelli a admis, par contre, que le sort du grand projet de pipeline se trouve entre les mains de l’Office national de l’Énergie, et non de la province.

Demande de garanties

Le projet d’oléoduc Énergie Est permettrait d’acheminer le pétrole brut de l’Alberta vers la plus importante usine de raffinage au pays, à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. La canalisation de 4600 kilomètres pourrait transporter jusqu’à 1,1 million de barils de pétrole brut par jour.

L’Ontario a demandé plusieurs garanties à TransCanada, notamment que le projet d’oléoduc soit « conforme aux normes techniques les plus élevées en matière de sécurité publique et de protection de l’environnement ».

Le Québec, où le projet de pipeline est plus vivement contesté, y est allé des mêmes conditions.

« Nous avons la garantie de travailler ensemble », a déclaré Mme Wynne lors d’un point de presse conjoint avec M. Prentice à Queen’s Park, le 3 décembre. « Nous avons la possibilité d’un engagement collaboratif pour assurer que ce projet national profite aux gens de l’Alberta et aussi de l’Ontario, et partout au pays ».

La première ministre de l’Ontario a partagé à son homologue albertain essentiellement la même pensée nuancée qu’à son collègue néo-brunswickois Brian Gallant, le 24 novembre.

« Nous parlons ici d’un projet édifiant pour notre pays », a insisté M. Prentice, un ancien ministre fédéral de l’Industrie à la tête de l’Alberta depuis la fin de l’été. « Nous pourrons ainsi tirer des bénéfices économiques de l’arrimage des ressources énergétiques de l’Ouest avec les ports de l’Atlantique et du Québec, et l’activité industrielle de l’Ontario ».

TransCanada a saisi l’Office national de l’Énergie de son projet d’oléoduc, à la fin octobre. L’organisme fédéral se donne environ un an pour évaluer le projet.