Nouvelle initiative pour faire connaître les emplois du Nord

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KAPUSKASING – C’est connu : une part importante des emplois disponibles n’est pas affichée publiquement, certains employeurs préférant miser sur leur réseau ou le bouche-à-oreille. Mais dans un contexte d’exode des jeunes dans le Nord de la province, les acteurs locaux se mobilisent pour mettre davantage en valeurs les opportunités d’emplois.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« Nous lançons plusieurs sites internet pour faire connaître les opportunités d’emplois. Les plateformes sont au nom des petites communautés, qui bien souvent en arrachent, et ils pourront faire une énorme différence pour garder et attirer des jeunes francophones », affirme Julie Joncas, directrice de la Commission de formation du Nord-Est.

En tout, huit sites internet ont été lancés, au cours des derniers jours. Le Collège Boréal est l’un des partenaires de cette initiative qui devrait profiter à plusieurs communautés qui ont une large communauté francophone, comme Kapuskasing, Timmins, Hearst, Chapleau et Cochrane.

Grâce à ces portails, les communautés se réapproprient le contrôle d’informations cruciales pour leur développement, qui sinon, seraient entre les mains d’entreprises privées qui gèrent les sites d’emplois les plus populaires, souligne Julie Joncas.

« Nous pourrons récupérer des informations essentielles pour voir ce que les employeurs recherchent et les types d’emplois offerts. Ensuite, nous pouvons utiliser ces données pour aider les institutions d’enseignement à adapter leur offre de programmes », dit-elle, citant notamment le Collège Boréal et l’Université de Hearst comme futurs bénéficiaires.

Les entreprises de la région ont aussi une responsabilité pour l’avenir de leur communauté, insiste Mme Joncas. « Nous voulons que les employeurs affichent leurs emplois. Si on ne communique pas les emplois, les gens ne viendront pas chez nous », affirme-t-elle.

Urgence d’agir

Julie Joncas côtoie le monde du travail nordique depuis près de trois décennies. La pénurie de main-d’œuvre des dernières années va s’accélérer à un rythme effarant, selon elle.

« Dans le Nord, on est dans un environnement où les emplois sont cycliques, alors que plusieurs dépendent des ressources naturelles. Mais il y a un autre enjeu : ça fait longtemps qu’on en parle, mais on y est. Les boomers partent à la retraite. Et le pire est à venir », fait-elle savoir.  C’est la survie de la francophonie nordique qui est en jeu, insiste-t-elle.

Dans ce contexte, il est plus que jamais essentiel de multiplier les initiatives pour retenir les jeunes en région, faire revenir ceux qui sont partis ou en attirer de nouveaux. « Explore tes options » est un peu le catalyseur de l’ensemble des initiatives en place qui se veulent une véritable campagne de séduction de la jeunesse ontarienne.

Julie Joncas salue les efforts du Réseau d’immigration francophone à Sudbury qui tente de vendre le nord aux immigrants. Mais une fois installés, ces nouveaux citoyens doivent bien être accueillis par les communautés, insiste-t-elle. « Certains voient les immigrants arriver et se disent : ils nous volent des emplois. Au contraire! Ils viennent souvent ouvrir des entreprises chez nous ou en acheter et ils créent des emplois », lance-t-elle.

La Commission de formation du Nord-Est couvre un large territoire. Les huit portails lancés ne feront pas uniquement la promotion de leur communauté immédiate, mais aussi de 40 communautés des districts du Nord-Est de l’Ontario (voir carte).

Malgré la distance de plusieurs de ces municipalités, Julie Joncas constate l’émergence d’un nouveau phénomène de déracinement des talents grâce aux nouvelles technologies. Dans les communautés où l’internet haute-vitesse est maintenant bien implanté, le travail à distance devient une possibilité réelle.

« Je pense à un jeune homme qui faisait du design. Il venait de chez nous, mais il avait quitté pour la région atlantique. L’an dernier, il est revenu pour vivre chez nous et il travaille toujours pour la même entreprise… mais à distance », souligne Mme Joncas.