Nouvel espoir pour les francophones de l’Alberta

Le président de l'ACFA, Jean Johnson. Archives

EDMONTON – La vague orange a réveillé les ardeurs des Franco-Albertains.  L’association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) ne cache pas sa satisfaction après la victoire électorale du Nouveau Parti démocratique (NPD), mardi 6 mai.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

« Nous sommes ravis », a fait part à #ONfr, le président de l’association, Jean Johnson. « Nous n’avons pas encore rencontré la nouvelle chef, Rachel Notley, de manière formelle, nous ne savons pas si elle parle vraiment français, mais nous nous réjouissons de ce nouveau contexte. »

Une joie non dissimulée prenant sa source dans les déceptions des précédents gouvernements progressistes-conservateurs. « Alison Redford (première ministre de 2011 à 2014) n’a jamais fait véritablement pour nous, alors qu’elle parlait français. Son successeur Jim Prentice maitrisait lui aussi cette langue, mais il n’a jamais répondu à notre invitation pour le rencontrer. »

Autre désillusion pour l’ACFA : le refus jusqu’alors des progressistes-conservateurs de les soutenir sur le dossier de la cause Caron. « On nous a fait clairement comprendre que c’était un cas juridique, et non politique, et que c’était mieux de ne pas se prononcer sur ce dossier. »

Les lumières s’étaient de nouveau braquées avec intensité sur cette affaire franco-albertaine en février dernier quand les neuf juges de la Cour suprême entendaient la cause Caron. Un dossier vieux de douze ans portant sur le caractère unilingue anglophone de l’Alberta et de la Saskatchewan gravé dans le marbre depuis 1988.

« Le précédent gouvernement n’avait pas beaucoup d’appétit pour ce dossier. On aimerait que les responsables du NPD nous montrent rapidement de l’intérêt, et non qu’ils attendent le jugement rendu de la Cour suprême pour s’y intéresser. Ça serait alors un peu forcé », croît M. Johnson.

Reste que la première mission pour l’ACFA sera de rencontrer prochainement les nouveaux élus du parti orange. « Ça sera la difficulté. Sur les 53 députés NPD à l’Assemblée législative, 49 sont des nouveaux. Ce sont dès lors des liens à tisser. »

Et l’organisme porte-parole des 100 000 Franco-Albertains ne manque pas d’ambition. « Nous souhaitons toujours obtenir des services en français. » La province de l’or noir reste toujours l’une des dernières de la classe en matière d’accès à la langue de Molière, ne bénéficiant toujours pas d’une légalisation bilingue. À l’inverse de l’Île-du-Prince-Édouard ou du Manitoba avec Winnipeg, l’Alberta ne possède pas non plus de municipalités désignées pour offrir des services en français.

 

Un parti plus humain?

Jean Johnson est en tout cas formel : « il y a un côté plus proche des minorités et plus humain au NPD. » Pourtant, l’histoire du parti orange, actuellement au pouvoir dans le Manitoba depuis 1999, ne se distingue pas toujours par des relations harmonieuses avec la communauté francophone.

Dans le cas du Manitoba, le premier ministre NPD Greg Selinger aurait déçu bon nombre de francophones, en freinant toujours l’enchâssement dans la loi des services offerts en français. « Ça serait vu pour lui comme un suicide politique », commente une source proche du dossier.

Plus à l’est, la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE) continue de tirer à boulets rouges sur le gouvernement NPD en place de 2009 à 2013. Motif : celui-ci aurait négligé la communauté acadienne, notamment par l’abolition des circonscriptions électorales francophones protégées, et des modifications jugées importantes à la Loi sur les services en français.