Moins de 2 % d’immigration francophone en Ontario

OTTAWA – Il sera bien difficile pour l’Ontario d’atteindre rapidement sa cible de 5 % d’immigration francophone votée en mai. Et pour cause : la proportion de nouveaux arrivants francophones dans la province n’était que de 1,75 % sur la période 2006-2011.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

C’est en tout cas ce qui ressort de l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) réalisée par Statistique Canada en 2011 et dont #ONfr a obtenu les données.

Des résultats à priori décevants, mais en hausse en comparaison des autres périodes. Sur l’intervalle de temps 2001-2005, la proportion d’immigrants francophones en Ontario n’atteignait que 1,18 %. Sur les périodes s’étalant sur dix ans entre 1970 et 2000, celle-ci ne dépassait jamais les 1 %.

« Malgré tous les défis, on peut dire que la proportion de francophones en Ontario augmente », se réjouit le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Denis Vaillancourt.

L’Ontario se situe en somme au-delà de moyenne fédérale de 1,46 % sur la même période, mais très loin de la cible de 4,4 % d’immigrants francophones hors Québec d’ici 2023 fixée par le gouvernement fédéral en 2003.

Autre note positive : l’Ontario a connu au cours des cinq années de 2006 à 2011 sa période la plus faste en valeur absolue d’immigrants, puisque 8 760 ont choisi cette province, contre 6 130 sur la période 2001-2005 ou encore 7 860 sur le large échantillon de 1991 à 2000.

 

Cible de 5 % « difficile »

Pour Claude Grenier, professeur d’économie à l’Université d’Ottawa, il y a une « amélioration » dans la politique d’immigration francophone de l’Ontario, probablement en raison du « travail du Commissaire aux langues officielles du Canada ».

Mais d’après lui, l’arrivée d’Haïtiens, de Français ou encore d’Algériens dans la province reste minime en comparaison aux immigrants venus d’Inde ou de Chine.

« L’Ontario s’est dotée d’une cible récente de 5 % d’immigrants francophone, mais il sera difficile de l’atteindre, à moins d’efforts très spéciaux. D’une part, la concurrence des autres groupes d’immigration est très forte. Par ailleurs, la province se trouve en concurrence avec le Québec qui essaye lui-même d’attirer des immigrants francophones. »

Pour M. Vaillancourt, les efforts spéciaux passent justement par une approche différente. « Il faut changer le visage de l’immigration. L’Ontario doit faire sa propre promotion à l’internationale. Aussi, il faut valoriser des vitrines francophones locales comme dans les aéroports. »

 

Chiffres décevants ailleurs

Toujours en valeur absolue, l’Ontario se situe bien au-delà des huit autres provinces et trois territoires où le fait francophone est minoritaire. À titre de comparaison, l’Alberta pointe en deuxième position au nombre de nouveaux arrivants entre 2006 et 2011… avec un total de 1740.

C’est bien là où le bât blesse, car la plupart des provinces hors Québec font bien pâle figure sur le dossier de l’immigration francophone. Le Nouveau-Brunswick pointe à la première place en termes de proportion, avec 7,69 % sur 2006-2011, soit quatre fois plus que l’Ontario. Mais on est loin de l’objectif fixé par la province de 33 % d’immigration francophone.

Outre le Nouveau-Brunswick, seuls la Nouvelle-Écosse (2,39 %), le Yukon (6,18 %) et les Territoires-du-Nord-Ouest (4,45 %) font mieux que l’Ontario sur ladite période.

 

0 % pour l’Île-du-Prince-Édouard

Quant au chiffre de 1,46% dénoncé à tout va par la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), ce dernier s’explique en partie par le mauvais score des régions des Prairies : le Manitoba (1,12 %) et ce malgré une cible d’immigration francophone de 7 %, la Saskatchewan (0,89 %), ou encore l’Alberta (1,21 %).

Toujours sur la période 2006-2011, les résultats sont également moribonds pour Terre-Neuve (0,9 %) et la Colombie-Britannique (0,77 %), et tout simplement catastrophique pour l’Île-du-Prince-Édouard ainsi que Nunavut lesquels affichent un taux d’immigration nulle de 0 %.