Mélanie Joly rencontrera la FCFA

La ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly. Archives, #ONfr

OTTAWA – La ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, a indiqué qu’elle allait rencontrer la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada mardi 30 mai, pour parler de la nomination de Madeleine Meilleur au poste de commissaire aux langues officielles du Canada.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Ils espéraient le premier ministre Justin Trudeau, les francophones en milieu minoritaire, représentés par la FCFA, devront se contenter de Mélanie Joly pour exprimer leurs préoccupations après la controverse entourant la nomination de Mme Meilleur, M. Trudeau étant actuellement en déplacement en Italie.

« Je suis en charge des langues officielles. Je suis donc la bonne personne pour rencontrer la FCFA », a lancé Mme Joly à la sortie de la Chambre des communes.

De retour sur les bancs du parlement, le lundi 29 mai, la ministre n’a pas échappé au feu nourri des critiques de la part du Parti conservateur du Canada (PCC). La députée conservatrice et porte-parole aux langues officielles, Sylvie Boucher, lui a demandé de s’excuser, l’accusant de jouer avec les mots, pendant que ses collègues Michael Chong et Steven Blaney, se moquaient du processus de nomination « ouvert et transparent » promis par les libéraux.

À l’opposition comme aux médias, la ministre du Patrimoine canadien a réaffirmé, comme ces dernières semaines, la pertinence de son choix.

« Le choix de Mme Meilleur est évident parce que c’est une grande défenderesse des droits linguistiques, elle l’a démontré tout au long de sa carrière (…) Elle a clairement l’expertise et l’expérience pour une telle fonction et c’est important d’avoir un chien de garde aussi qualifié parce que les langues officielles font partie de notre contrat social. »

Un peu plus tôt dans la journée, le président de la Chambre des communes, Geoff Regan, avait ôté une épine du pied du gouvernement libéral en indiquant ne pas pouvoir se prononcer sur la question de droit soulevée par les néo-démocrates et les conservateurs, jugeant les tribunaux plus compétents pour se prononcer là-dessus.

Les deux partis d’opposition estiment que le gouvernement avait déjà pris sa décision lorsque le premier ministre a soumis aux chefs des partis d’opposition le nom de Mme Meilleur dans une lettre en date du 8 mai et que ce dernier n’a pas respecté le processus de consultation prévu par la Loi sur les langues officielles. Le gouvernement se défend en indiquant que le premier ministre invitait dans sa lettre les chefs des partis d’opposition à la Chambre des communes, Rona Ambrose et Thomas Mulcair, et les sénateurs Joseph Day, Larry Smith et Peter Harder et la sénatrice Elaine McCoyavec à faire part de leurs commentaires, ce qu’auraient fait M. Day et M. Harder, ainsi que Mme Ambrose et M. Mulcair, selon le bureau du premier ministre.

Un avis que contestent toujours le bureau de M. Mulcair, joint par #ONfr, ainsi que celui de Mme Ambrose, l’ancienne chef du PCC par intérim.

« La lettre de M. Trudeau en anglais indique : « I am *nominating* Madeleine Meilleur » et en français « je *propose* la nomination de Madeleine Meilleur ». La lettre de M. Trudeau, envoyée le 8 mai, reçue le 9 mai, offre seulement le nom de Mme Meilleur et demandait une réponse au plus tard le 12 mai. Le lundi 15 mai, le gouvernement Libéral annonce la nomination en utilisant les mêmes mots – « propose » en français et « nominates » en anglais – qu’avant la soi-disant consultation avec les chef des autres partis. Ceci démontre que ce n’était rien d’autre qu’un avis de sa décision. »

Dans leurs réponses, les deux chefs des partis d’opposition ont indiqué s’opposer à la nomination de Mme Meilleur.

 

Division dans la francophonie

Si le gouvernement de Justin Trudeau martelait au départ avoir l’appui des communautés de langue officielle en situation minoritaire pour soutenir le choix de Mme Meilleur, les discussions du 25 mai dernier entre les membres de la FCFA ont montré une certaine division au sein de celles-ci.

Deux semaines après l’annonce, l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM) a salué, le 29 mai, le choix de Mme Meilleur, là où la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) et l’Association canadienne française de l’Alberta (ACFA) se sont montrés beaucoup moins enthousiastes ces derniers jours.


L’organisme porte-parole des anglophones du Québec, le Quebec Community Groups Network, a lui aussi exprimé des réserves.

Comme en Chambre, Mme Joly a esquivé les doutes émis par certains organismes, autant que par l’opposition, ne retenant qu’une partie de l’argumentaire de ces derniers.

« Tout le monde reconnait l’importance de l’implication passée de Mme Meilleur, son expérience et son expertise, et voilà pourquoi je suis convaincue, et plusieurs sont convaincus, qu’elle est la bonne candidate. »

Interrogée par #ONfr à savoir si elle ne craignait pas que la controverse entourant cette nomination ne nuise à la fonction de commissaire aux langues officielles du Canada et au mandat à venir de Mme Meilleur, Mme Joly a indiqué que le gouvernement prenait ses responsabilités.

« Pour notre gouvernement, la nomination de Mme Meilleur est une bonne nomination suite à un processus qui était basé sur le mérite, ouvert, avec plusieurs étapes. C’est une décision que nous prenons de manière très assumée. »

Jointe par #ONfr, Mme Meilleur a indiqué ne pas vouloir accorder d’entrevues avant la fin du processus de nomination.