Marché du carbone : près de 472 millions de revenus

L’Ontario s’est donné pour objectif de réduire ses émissions de GES à 80 % en-deçà de ce qu’elles étaient en 1990 d’ici 2050. Pixabay

TORONTO – La première enchère de l’Ontario depuis l’entrée en vigueur du nouveau marché du carbone a été un succès, selon le gouvernement, alors que près de 100 % des crédits disponibles ont trouvé preneur et que la vente a rapporté près de 472 millions de dollars dans les coffres de l’État.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Le 23 mars dernier, le gouvernement ontarien a lancé sa première enchère pour les crédits du carbone permettant aux compagnies de la province qui polluent moins qu’une cible préétablie de vendre ou d’acheter de nouveaux droits d’émission.

En tout, deux types d’émission étaient en vente pour cette enchère, soit les droits d’émission de 2017, qui ont trouvé preneur au prix de 18,08 $ l’unité, et les droits d’émission de gaz à effet de serre de 2020, qui ont pour leur part été achetés au coût de 18,07 $ l’unité.


Le ministre de l’Environnement et de l’Action en matière de changement climatique, Glen Murray, s’est réjoui de voir que le processus s’est déroulé sans anicroche.

« Les résultats publiés aujourd’hui montrent que le système ontarien fonctionne comme prévu et que les entreprises au travers de la province sont prêtes à investir dans le marché », a assuré M. Murray.Tous les crédits disponibles lors de cette première enchère ont d’ailleurs trouvé preneur.

« Ça démontre de l’intérêt et de la confiance dans le système », a-t-il ajouté, avant de préciser : « Le pourcentage de vente ne démontre toutefois pas le succès du marché du carbone. Le succès du marché est basé sur la réduction des gaz à effet de serre. »

Glen Murray ne croit toutefois pas que ce sera le cas lors des prochaines enchères qui auront lieu d’ici 2020.

Pas réinvestir n’importe où

Pour ceux qui croient que le marché du carbone va permettre à l’Ontario d’améliorer sa situation économique, le ministre Murray assure que les sommes obtenues ne seront pas disponibles pour toute sorte de projets.

« Notre plan est de réinvestir tous les revenus de cette enchère dans des projets verts qui feront une différence dans les communautés ontariennes », explique-t-il.

Glen Murray note également que les fonds collectés ne seront pas disponibles pour le prochain budget, étant donné la date de fin de l’enchère.

En tout, trois enchères du genre sont prévues d’ici la fin de l’année, ce qui devrait totaliser des revenus de 1,9 milliard de dollars. D’ici 2020, 15 enchères sont prévues.


Depuis l’entrée en vigueur, le 1er janvier dernier, du marché du carbone, le consommateur ontarien a vu sa facture d’essence augmenter en moyenne de 4,3 sous le litre d’essence. Pour les foyers qui chauffent leur maison à l’aide de gaz naturel, ils doivent désormais débourser environ 5 $ de plus sur leur facture mensuelle.

Le marché du carbone fait partie du plan d’action contre le changement climatique et du programme de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’Ontario. il constitue le fondement de la stratégie de l’Ontario pour réduire la pollution causée par les gaz à effet de serre afin qu’elle se situe 15 % sous les niveaux d’émissions de 1990 d’ici 2020.

L’opposition dénonce la mesure

Avant le dévoilement des résultats, le chef du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario (PC l’Ontario), Patrick Brown, s’est attaqué au marché du carbone ontarien.

« Je n’ai toujours eu aucune explication pourquoi nous allons envoyer des millions de dollars en crédits verts en Californie et au Québec (…). Le gouvernement préfère m’attaquer plutôt que d’expliquer cela », déplore M. Brown.

Selon le chef du PC de l’Ontario, il est important de conserver ces sommes perçues dans la province plutôt que de les envoyer dans d’autres juridictions.

« Le système de bourse du carbone de Kathleen Wynne va bénéficier à la Californie », a-t-il martelé après la période des questions, tout en assurant que, s’il est porté au pouvoir, le PC de l’Ontario va démanteler le marché du carbone instauré par les libéraux.

Andrea Horwath, la chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, déplore, pour sa part, le manque de transparence du processus. Elle insiste toutefois ne pas être contre le principe d’un marché du carbone.

« Lorsque le gouvernement met de l’avant un plan comme celui du marché du carbone, on s’attend à ce que le processus soit transparent. Les Ontariens veulent comprendre exactement le niveau de contribution », a-t-elle expliqué.

La chef de la troisième force politique à Queen’s Park ajoute avoir toujours eu des doutes quant au principe d’égalité venant du plan du gouvernement ontarien. Elle déplore aussi que certaines communautés, notamment au nord de la province, doivent payer le plein prix pour les décisions de la première ministre Kathleen Wynne.