MacLaren expulsé du caucus conservateur pour des propos anti-francophones

Le député progressiste-conservateur Jack MacLaren. YouTube

TORONTO – Le député progressiste-conservateur Jack MacLaren a été expulsé du caucus de son parti, dimanche 28 mai, après la publication d’une vidéo le montrant prononcer des propos contre les Franco-Ontariens de l’Est de la province.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Dans la vidéo, publiée par la station de radio d’Ottawa CFRA, on voit Jack MacLaren en train de discuter avec un homme s’identifiant comme étant un partisan du groupe Canadians for Language Fairness.

« Nos enfants, leurs chances de trouver un emploi diminuent à cause des qualifications de langue », lance cet intervenant.

Jack MacLaren lui répond alors qu’il n’a pas besoin d’être convaincu sur ce qui ne fonctionne pas avec le français dans l’Est ontarien.

M. MacLaren argumente par la suite qu’aucun politicien ne parlera de ces sujets avant l’élection s’ils veulent l’emporter.

« Il y a beaucoup de choses que nous ne pouvons pas dire avant l’élection sans quoi nous ne serons pas élus » – Jack MacLaren

La station de radio note bien que le vidéo n’est pas datée, mais suggère qu’elle aurait pu être prise en 2012.

 

La goutte qui fait déborder le vase

Par voie de communiqué, le chef du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario, Patrick Brown, note que Jack MacLaren n’en était pas à ses premières fautes et que ce dernier incident est la « goutte qui fait déborder le vase ».

« Je construis un Parti progressiste-conservateur moderne et inclusif, un parti où cela n’a pas d’importance d’où vous venez, qui vous aimez ou la langue que vous parlez. Malheureusement, j’en suis venu à la conclusion que Jack MacLaren ne partage pas ces valeurs », a-t-il déclaré.

Le chef Patrick Brown a condamné les propos de son ancien député, tout en faisant remarquer qu’il n’en était pas à sa première faute.

En plus d’être expulsé immédiatement du caucus progressiste-conservateur de l’Ontario, Patrick Brown ajoute que M. MacLaren ne sera pas candidat pour sa formation politique aux prochaines élections en 2018.

Rappelons qu’en avril 2016, Jack MacLaren avait prononcé des commentaires sexistes envers une députée libérale. Le député de Carleton-Mississippi Mills devait d’ailleurs suivre une formation à la sensibilité à la suite de cette altercation.

À la même période, Jack MacLaren a dû présenter des excuses à son homologue fédérale, la libérale Karen McCrimmon, après lui avoir adressé une « blague » jugée sexiste lors d’une soirée de reconnaissance à laquelle les deux politiciens avaient participé dans leur circonscription.

 

Réaction de l’AFO

En début d’après-midi dimanche, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin, n’a pas manqué de réagir sur Twitter.

« Je vais écrire une lettre à Patrick Brown sur les propos inaceptables et francophobes de son ancien député. À un an de l’élection provinciale, cette polémique rappelle au Parti progressiste-conservateur que ce parti doit avoir des engagements clairs pour les Franco-Ontariens. Je félicite Patrick Brown pour avoir réagi rapidement en expulsant le député MacLaren pour ses propos francophobes. »

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MacLaren sort de son mutisme

En milieu d’après-midi, Jack MacLaren est sorti de son mutisme pour indiquer qu’il se joignait au Parti Trillium de l’Ontario.

« Je crois pouvoir mieux représenter les gens de ma circonscription avec le Parti Trillium de l’Ontario », a écrit le député en indiquant en avoir discuté pendant des semaines avec les électeurs de son comté avant de prendre sa décision.

 

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« Le Parti Trillium de l’Ontario va me donner l’occasion de parler franchement au nom de mes concitoyens, de voter librement et d’avoir un mot à dire dans les décisions politiques », a-t-il conclu.

Cette formation politique conservatrice de centre droit a été fondée en 2014 et est encore relativement méconnu du grand public. Sur son site web, plusieurs vidéos dénoncent le chef du PC de l’Ontario, Patrick Brown, jugé pas assez conservateur.

Avec ce transfuge politique, le Parti Trillium de l’Ontario fera son entrée à Queen’s Park et MacLaren devient le premier député en poste à porter ses couleurs.

Article écrit avec la collaboration de Sébastien Pierroz