Lutte indécise en vue à Sudbury

La candidate néo-démocrate Suzanne Shawbonquit, accompagnée (à gauche) de sa chef Andrea Horwath.

SUDBURY – Le suspense reste entier à Sudbury. À quelques heures des résultats de l’élection partielle, les candidats libéral et néo-démocrate sont au coude-à-coude pour briguer le siège laissé vacant par Joe Cimino, en novembre.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

Le  dernier sondage de la firme Forum Research, paru le lundi 2 février, laissait toujours entrevoir une courte avance pour la néo-démocrate Suzanne Shawbonquit, avec 36% d’intentions de vote, aux dépens du libéral Glenn Thibeault, crédité de 33%. L’écart entre les deux prétendants tombe en deçà de la marge d’erreur du sondage, estimée à 3%.

Des chiffres serrés qui reflètent finalement le revirement politique d’une circonscription acquise aux libéraux depuis 1995 avant de tomber entre les mains du parti d’Andrea Horwath lors des élections générales de juin dernier.

Parfum de scandale

Au-delà des prévisions pour le scrutin du jeudi 5 février, c’est surtout un parfum de scandale qui a animé cette première élection partielle depuis la victoire majoritaire des troupes de la première ministre Kathleen Wynne, il y a sept mois.

Candidat indépendant pour cette élection, mais surtout ancien aspirant libéral dans la même circonscription en juin dernier, Andrew Olivier a alimenté la controverse. Il affirme que des personnes d’influence au sein de la formation libérale lui ont promis « un emploi ou une nomination » pour le convaincre de ne pas s’opposer à l’investiture de M. Thibeault, transfuge du NPD et ancien député fédéral de Sudbury.

Durant la campagne, M. Olivier avait même rendu public sur YouTube l’intégral de la conservation soi-disant menée avec Gerry Lougheed, un organisateur libéral. Une démarche qui avait du coup obligé Kathleen Wynne à rencontrer les enquêteurs d’Élections Ontario chargés de faire la lumière sur ces allégations de trafic d’influence.

Le 3 février, la Police provinciale de l’Ontario (PPO) confirmait d’ailleurs avoir mis la main sur des « documents contenant des enregistrements » en lien avec la campagne.

« Trop stratégiques »

Cette controverse ayant pris d’une certaine manière sa source dans la volonté du Parti libéral de trouver un candidat « vedette » provoque en tout cas quelques critiques. « Mme Wynne et son équipe ont peut-être été trop stratégiques », expliquait à cet égard le politologue Brian Tanguay de l’Université Wilfrid-Laurier en entrevue pour l’émission #ONfr, diffusée le jeudi 29 janvier.

« Pour (M. Olivier), c’était une façon de se venger contre le Parti libéral », affirmait même l’universitaire au sujet du candidat indépendant qui fait d’ores et déjà office d’arbitre de ce duel électoral.

Consciente de l’enjeu, Kathleen Wynne a effectué un total de cinq visites en quatre semaines de campagne dans le nord de l’Ontario pour soutenir son candidat, là où Mme Horwath n’a eu de cesse de s’afficher avec Mme Shawbonquit, quasi-inconnue dans le jeu politique.

L’économie comme thème

Entrepreneure locale et mère de famille ojibwe, Suzanne Shawbonquit s’est faite vindicative ces derniers jours sur l’économie. Elle a martelé notamment l’idée de son parti d’offrir des places en garderies à 15 $ par jour. « En 2013, les libéraux ont coupé 1,8 million $ dans le financement des garderies à Sudbury. Maintenant, la ville se prépare pour une autre coupe de 3,6 millions en 2016. »

Très récemment, la candidate néo-démocrate n’a pas hésité à se montrer avec des infirmières locales, toujours en grève dans la majorité des Centres d’accès aux soins communautaires (CASC).

Légèrement plus discret sur l’économie, Glenn Thibeault affirme avoir voulu centrer sa campagne sur les questions de « soins de santé, du transport et de l’emploi » d’abord. « La vie dans le nord de la province diffère d’ailleurs en Ontario et nous avons des enjeux propres à notre région », explique-t-il sur son site de campagne. « En tant que natif de Sudbury, je connais d’expérience cette différence et je m’engage à ce que notre voix soit entendue à Queen’s Park. »

Résonance nationale

Reste que la campagne a connu un écho au-delà de Queen’s Park et des frontières ontariennes. En témoigne l’appui de l’ancien premier ministre du Canada, Jean Chrétien, pour M. Thibeault le 28 janvier.

Les néo-démocrates ont également sorti l’artillerie lourde avec la visite de Thomas Mulcair dans le nord de l’Ontario, le 27 janvier. Au chef de l’opposition à Ottawa s’est aussi ajouté l’appui du clan Layton. Le fils de l’ex-chef du NPD fédéral, Mike Layton, actuellement conseiller municipal à Toronto, a pris fait et cause pour Mme Shawbonquit. Suffisant peut-être pour vaincre les libéraux, mais certainement assez pour donner à cette élection une résonance nationale.