L’urgence d’une visibilité pour les francophones de Windsor

L'édifice du Club Alouette de Windsor a été vendu à de nouveaux propriétaires. Google Street View

WINDSOR – Le fait francophone recule à Windsor. Dernier exemple en date de la difficulté de visibilité : les déboires du Club Alouette.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

C’est justement ce jeudi 10 mars que les nouveaux propriétaires doivent prendre possession de ce lieu de rassemblement pour la francophonie à Windsor.

L’avenir de l’organisation apparait toujours en pointillé. Joint par #ONfr, son président sortant, Réginald Boulianne, se montre très évasif : « On ne va pas rester dans  le lieu, mais on ne sait pas encore ce qui va advenir de vous. Les nouveaux propriétaires ne nous disent rien. On ne sait pas ce qu’ils veulent faire. »

L’association située jusque-là sur l’avenue Central à Windsor voit donc son avenir s’assombrir un peu plus même si M. Boulianne affirme qu’il « en saura plus la semaine prochaine » sur un possible lieu de déménagement.

Le président de l’ACFO régionale Windsor-Essex-Kent, Gérard Malo, se montre en tout cas un brin fataliste : « Le Club Alouette est mort de sa belle mort, car les activités qu’il offrait ne répondaient pas aux besoins. C’est une clientèle vieillissante. On n’est pas parvenu à recruter des jeunes, et ça ne les intéresse pas. »

Et de poursuivre : « Toutes les associations sont en difficulté financière (…) C’est un défi de recruter des jeunes (…) La francophonie est en train de se transformer. »

Aux déboires du Club Alouette s’ajoutent d’autres situations délicates. À l’automne dernier, la seule librairie francophone du sud-ouest de l’Ontario, située à Windsor, fermait ses portes.

Dans le même temps, le Réseau du patrimoine franco-ontarien (RPFO) lançait un cri du cœur pour assurer le déménagement du centre de documentation, faute de ressources.

Surnommée « la capitale canadienne du chômage », Windsor ne parvient toujours pas à renouveler sa population. Environ 7000 à la fin des années 90, les Franco-Ontariens ne représentent plus aujourd’hui que 5000 des résidents, soit à peine 2,6% de la population totale, d’après Statistique Canada.

Monument

Devant ces difficultés, le besoin d’un nouveau coup d’accélérateur est plus que jamais présent.

Symbole de ce renouveau : le futur Monument de la francophonie de la ville. Une construction prévue si tout va bien pour le 25 septembre 2017 sur le terrain en face de l’église Notre-Dame de l’Assomption à l’est du pont Ambassador.

En réalité, la construction existe déjà puisqu’il s’agit du Mur des noms, déjà positionné non loin de l’hôtel de ville, et comprenant quelque 800 noms de pionniers francophones de Windsor. « Ce dernier manque de visibilité », reconnaît M. Malo.

Déplacé devant l’église, le monument verrait s’ajouter un mât où flotteraient le drapeau franco-ontarien et un cercle de pierre représentant les peuples autochtones.

Si le projet se concrétise, ce monument deviendrait le seizième du genre dans la province. Le dernier en date remonte à celui d’Hawkesbury dans l’Est ontarien érigé en novembre 2014.