L’Ontario s’attaque à la bulle immobilière du Grand Toronto

La première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne. Crédit image: Archives #ONfr

TORONTO – Le gouvernement de Kathleen Wynne prend les grands moyens pour s’attaquer à la crise de l’immobilier qui sévit dans la grande région de Toronto depuis maintenant quelques années en imposant une taxe de 15 % aux acheteurs étrangers.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

La taxe s’appliquera pour ceux qui ne sont pas canadiens et qui possèdent une à six habitations dans la région du Grand Toronto et d’Hamilton.

En plus de cette mesure, le gouvernement ontarien imposera un contrôle des prix des loyers pour les immeubles construits après 1991, qui jusque-là n’étaient pas régis par aucune loi. L’augmentation sera désormais limitée à 2,5 %.

Des mesures comme une redevance d’aménagement dans le but de stimuler la construction de logements abordables et une révision du code de conduite des agents immobiliers seront également imposées par la province.


En tout, seize mesures ont été annoncées, le jeudi 20 avril, qui incluent également une taxe sur les logements vacants pour inciter les propriétaires à louer les espaces vacants. La première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, s’est dite heureuse de pouvoir annoncer ces mesures.

« L’Ontario restera un endroit accueillant pour ceux qui veulent s’y établir », a-t-elle expliqué.

Mme Wynne a ajouté que le plan présenté par son gouvernement n’est pas une solution magique, mais un plan réfléchi, équilibré, qui amènera la stabilité du marché.

Pour sa part, le ministre des Finances de l’Ontario, Charles Sousa, s’est réjoui de pouvoir imposer des limites.

« Le plan de l’Ontario pour le logement équitable constitue un moyen réfléchi d’aborder la récente hausse du prix des propriétés et des loyers, de sorte qu’il y ait des logements abordables qui répondent aux besoins de nos collectivités » – Charles Sousa

Récemment, le ministre Sousa avait dit que les acheteurs étaient « écœurés » de la guerre des prix.

Les mesures en bref : 

  • Une taxe de 15 % s’appliquera pour les acheteurs étrangers
  • La levée d’une taxe sur les logis vacants sera permis Queen’s Park
  • Le code de conduite des agents immobiliers sera revu
  • Le contrôle du prix des loyers sera étendu à tous les immeubles construit après 1991
  • Un investissement de 125 millions de dollars sur cinq ans sera avancé par le gouvernement pour la construction de logement abordable

Le ministre du Logement, Chris Ballard, a indiqué que des changements législatifs allaient être nécessaires pour certaines mesures et qu’ils allaient être faits aussitôt que possible.

Un rapport de la Chambre immobilière de Toronto (TREB) indiquait une hausse de 33 % du prix moyen des maisons en l’espace d’un an. Selon la TREB, le prix moyen des maisons et appartements atteint maintenant 916 567 $.

Des mesures similaires ont été imposées dans la région de Vancouver pour s’attaquer à la bulle immobilière dans l’Ouest canadien.

Agir plus tôt que tard

Talonnée par les journalistes, Kathleen Wynne a nié agir politiquement en présentant ce plan, indiquant que les mesures implantées par le gouvernement avaient été faites « parce que la situation a changé » par rapport à l’an dernier.

Pour la chef du Nouveau parti démocratique de l’Ontario, Andrea Horwath, les craintes restent présentes malgré l’annonce du plan du gouvernement. Selon elle, les mesures proposées arrivent peut-être trop tard.

« Il n’y a rien dans le plan de première ministre pour s’attaquer aux problèmes du logement abordable et il n’y a rien pour aider les acheteurs qui veulent accéder à une première propriété », déplore-t-elle.

Le critique du Parti progressiste conservateur de l’Ontario en matière d’Affaires municipales et de logement, Ernie Hardeman, croit que le gouvernement ne règlera pas le problème en augmentant les taxes, mais plutôt en réduisant la bureaucratie pour la construction de logement.

Pour sa part, le maire de Toronto, John Tory, voit d’un bon oeil l’annonce faite par le gouvernement. Le maire de la métropole canadien milite depuis plusieurs semaines pour avoir le pouvoir de taxer les propriétés laissées vacantes. Avec cette mesure, John Tory se dit enchanté de pouvoir s’attaquer à la problématique.

Mardi, le ministre des Finances du Canada, Bill Morneau, le ministre des Finances de l’Ontario, Charles Sousa, et le maire de Toronto, John Tory, s’étaient rencontrés pour aborder le sujet.

Une série de rencontres est également prévue entre les trois hommes pour faire le point sur la situation.