L’Ontario allonge 86 millions $ pour « protéger » 4000 emplois

L’usine de Honda à Alliston, au nord de Toronto, produit le populaire modèle Civic, l’une des voitures compactes les plus vendues au Canada.

TORONTO – Les libéraux à Queen’s Park coiffent de 86 millions $ un investissement prévu de 857 millions $ du constructeur automobile Honda dans son usine d’assemblage à Alliston afin, disent-ils, d’y « protéger 4000 emplois » pour au moins les cinq prochaines années.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Le groupe Honda aurait l’intention de faire de son site d’Alliston, au nord de Toronto, un lieu de formation pour toutes les autres installations de la marque à l’échelle mondiale. Il s’agirait de la première usine-école du géant de l’automobile à l’extérieur du Japon.

« Il y avait une compétition féroce au sein même de Honda pour obtenir ce mandat (d’usine-école) et nous avons réussi à tirer notre épingle du jeu, surtout grâce à la qualité de notre main-d’œuvre. Mais sans la contribution de la province, ça aurait été encore plus difficile », s’est félicité Brad Duguid, ministre du Développement économique, le jeudi 6 novembre.

Deux usines d’assemblage aux États-Unis étaient également pressenties par la direction de Honda pour devenir le premier établissement de formation outre-mer du constructeur.

Fonds pour l’emploi

La contribution provinciale de 86 millions $, échelonnée sur trois ans, doit provenir du nouveau Fonds pour l’emploi et la prospérité de 2,5 milliards $ sur dix ans qu’ont promis les libéraux dans leur plus récent budget, et dont les détails doivent être annoncés prochainement, selon M. Duguid.

L’usine de Honda à Alliston produit le populaire modèle Civic, l’une des voitures compactes les plus vendues au Canada.

L’Ontario a aussi allongé au constructeur américain Ford une somme de 71 millions $ pour appuyer la modernisation de son usine d’assemblage à Oakville, en 2013. L’investissement provincial – là encore d’environ 10% du projet total de 700 millions $ – a permis dans l’immédiat de conserver 2800 emplois et, plus récemment, d’ajouter 1000 travailleurs à la chaîne de production.

Garanties et interventionnisme

Pour l’opposition progressiste-conservatrice, toutefois, ce genre d’interventionnisme a ses limites.

« Tout ce que le gouvernement sait faire, c’est dépenser de l’argent pour créer des emplois. Le mieux serait de mettre de l’ordre dans nos finances et de baisser nos impôts et nos tarifs d’électricité », a fait remarquer le chef progressiste-conservateur, Jim Wilson. « La province n’aurait peut-être pas besoin d’apporter sa contribution si Honda n’avait pas à payer des tarifs d’électricité et des impôts si élevés ».

Les néo-démocrates, eux, s’inquiètent des garanties d’emplois qu’a données Honda au gouvernement.

« Nous ne savons rien des garanties qu’a reçues le gouvernement », a signalé la chef de la deuxième opposition, Andrea Horwath. « Nous voulons nous assurer que notre investissement en vaut la peine ».