Loi 8 : Oshawa sur le radar de Wynne

WHITBY – L’élection partielle dans Whitby-Oshawa est une bonne occasion d’« avoir une discussion » sur un projet de désignation de la Ville d’Oshawa en vertu de la Loi sur les services en français de l’Ontario, affirme la première ministre Kathleen Wynne.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org |@fpdufault

« Je soutiens cette désignation », a déclaré Mme Wynne à la presse en marge d’un discours devant des gens d’affaires à Whitby, mardi 19 janvier. « Je trouve très intéressant que nous ayons cette discussion dans le sud de l’Ontario. Parfois, nous avons l’impression que la francophonie vit dans le nord (et l’est) de la province. Mais la population ici grandit. »

La chef libérale à Queen’s Park et sa candidate Elizabeth Roy disent vouloir poursuivre les pourparlers avec les élus locaux et régionaux pour faire avancer le dossier de la désignation d’Oshawa, qui garantirait à la population francophone de l’endroit tout un éventail de services de la province dans la langue de la minorité, et dont les premières démarches remontent à 2009.

« Nous devons avoir une conversation sur les coûts de cette désignation pour la communauté. C’était à la base des dernières discussions du conseil régional (de Durham) à ce sujet. Nous devons travailler ensemble », a fait savoir à son tour Mme Roy, elle-même une élue régionale dont le conjoint est francophone et les trois enfants fréquentent une école de langue française.

Les électeurs de Whitby-Oshawa se rendront aux urnes le jeudi 11 février pour élire un nouveau député provincial. La circonscription de la banlieue métropolitaine demeure sans représentation dans la Législature depuis la démission de la progressiste-conservatrice Christine Elliott, fin août 2015.

La communauté francophone de Durham souhaite depuis longtemps obtenir une désignation en vertu de la Loi 8 de 1986. Elle aurait aimé dans un premier temps que toute la région soit désignée, mais, devant le refus de certains élus régionaux, s’est rabattue seulement sur Oshawa dans l’espoir de rendre le projet moins contentieux. En vain.

Opposition

Le conseil régional de Durham, qui représente huit municipalités de la banlieue est de Toronto, s’oppose à toute désignation sur son territoire pour des questions d’argent. « Nous voulons être inclusifs. Mais il y a des coûts importants à ça et nous ne sommes pas prêts à les absorber », avait fait valoir à #ONfr le président Roger Anderson, fin septembre 2015.

Les francophones de Durham n’étant pas suffisamment nombreux au sens de la loi, il faudrait le consentement unanime des élus locaux, régionaux et provinciaux de l’endroit pour qu’Oshawa obtienne une désignation discrétionnaire de Queen’s Park comme ce fut le cas pour Kingston en 2009 et Markham en 2015.

« Cette discussion est très importante », a signalé Mme Wynne à #ONfr.

Le candidat progressiste-conservateur Lorne Coe, un autre élu régional de Durham, disait aux dernières nouvelles poursuivre son étude du projet de désignation d’Oshawa en vertu de la Loi sur les services en français de l’Ontario avant de se prononcer pour ou contre.

La néo-démocrate Niki Lundquist serait pour sa part favorable à une désignation discrétionnaire, selon nos informations. Sa formation milite à Queen’s Park pour une révision de la Loi 8 à l’aube de ses 30 ans, en particulier les critères d’admissibilité des régions désignées.

Lutte serrée?

Le Parti progressiste-conservateur a la mainmise sur  Whitby-Oshawa depuis 1995. Mais la victoire n’est pas acquise pour autant à la troupe de Patrick Brown qui doit défendre là l’ancien fief de Christine Elliott, ex-lieutenant du parti qui a aussi prétendu à la chefferie en 2015.

Un récent sondage Mainstreet Research donne l’avantage à M. Coe avec 49% des intentions de vote. Mais, avec encore 27% d’indécis, le vent pourrait toujours tourner en faveur de Mme Roy qui s’approprierait d’ores et déjè 40% des appuis. Loin derrière, Mme Lundquist récolterait pour sa part 8% des suffrages.

À Whitby devant des gens d’affaires, Kathleen Wynne n’a donc pas ménagé ses rivaux progressistes-conservateurs et néo-démocrates, qu’elle a accusés d’« opportunisme politique » dans le dossier controversé de la vente de l’ancien fournisseur public d’électricité Hydro One pour investir dans l’infrastructure de la province.

La chef libérale à Queen’s Park a dit douter de la « récente épiphanie » du parti de M. Brown, habituellement favorable aux privatisations mais qui s’est positionné contre la vente d’Hydro One. Elle a critiqué du même souffle l’« idéologie » des néo-démocrates d’Andrea Horwath qui, selon elle, « se met en travers de toute discussion possible ». « L’opposition veut nous ramener à l’ère du charbon », a-t-elle insinué.

Les deux partis d’opposition font campagne sur les tarifs d’électricité qui ont plus que doublé en Ontario depuis une décennie sous l’égide des libéraux. Mais ni le Parti PC, ni le NPD n’a évoqué jusqu’ici la remise en service des centrales électriques au charbon de la province.

« Qu’est-ce qui va donner l’avantage à votre entreprise pour les prochains 50 ans? », a lancé Mme Wynne devant un auditoire d’entrepreneurs locaux. « Un service de transport régional GO qui transformera la région métropolitaine? De nouvelles routes comme le prolongement de la 407 vers l’est qui sera inauguré ce printemps? Ou conserver 100% d’Hydro One? Vous connaissez ma réponse. »