L’immigration a sa lentille francophone, dit le ministre

Le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration du Canada, Chris Alexander, en compagnie de la présidente de la FCFA Marie-France Kenny.

TORONTO – Entrée express, le nouveau programme accéléré d’obtention d’une résidence permanente au Canada, est bel et bien doté d’une lentille francophone, dit le ministre Chris Alexander, responsable de la Citoyenneté et de l’Immigration.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

La volonté d’Ottawa d’accueillir plus d’immigrants francophones dans les provinces et territoires où le français est minoritaire est « au cœur même du système », insiste M. Alexander, alors que le milieu associatif dans les communautés francophones et acadienne du Canada prétend justement le contraire.

« On vous pose la question (par rapport à la langue) au moment-même de créer votre profil sur Entrée express. Vous recevez des points en fonction de vos compétences, y compris vos compétences linguistiques. Si vous êtes bilingues, vous recevez encore plus de points », a souligné M. Alexander, joint par #ONfr le vendredi 10 avril.

Les candidats à l’immigration via Entrée express ayant une connaissance de l’anglais et du français auraient donc plus de chances d’être invités par le ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration du Canada (CIC) à présenter une demande de résidence permanente et la voir traitée plus rapidement.

 

« Trouver des moyens »

« Ce qui me préoccupe, c’est que les gens n’enregistrent pas nécessairement leurs compétences dans une langue seconde lorsqu’ils s’inscrivent à Entrée express », s’est par contre inquiété M. Alexander, affirmant vouloir « trouver des moyens » d’améliorer cet état de choses.

À l’heure actuelle, environ 2,5 % des candidats au programme Entrée express qui sont invités à présenter une demande de résidence permanente au Canada sont francophones. L’objectif d’Ottawa est de 4 % d’immigration francophone économique dans les régions où la langue est minoritaire d’ici 2018.

Chris Alexander soutient, par ailleurs, que son gouvernement fait une promotion adéquate des communautés francophones et acadienne auprès des immigrants de langue française. Mais il reconnaît du même souffle que ce ne sont pas toujours des motifs linguistiques, autant qu’économiques, qui dictent là où s’établissent les nouveaux arrivants.

 

En fonction de l’emploi

« Les gens s’orientent le plus souvent en fonction de leur emploi ou des études qu’ils veulent entreprendre », note l’élu d’Ajax-Pickering, près de Toronto. « Mais nous leur faisons savoir qu’il est possible de travailler en français dans les mines du nord de l’Ontario, tout comme il est possible d’étudier en français à Saint-Boniface, au Manitoba. »

Du côté de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, pourtant, on ne trouve pas grand-chose de positif à dire du programme Entrée express. La présidente de l’organisme, Marie-France Kenny, s’est récemment plaint que « cet outil pour les immigrants ne demandait même pas les bases, à savoir l’identité linguistique des immigrants ».

« C’est pourtant l’outil qu’on tente de nous vendre depuis trois ans comme la réponse pour l’immigration francophone », a fustigé Mme Kenny, virulente et à un moment même submergée par les larmes, lors de sa comparution du 26 mars devant le Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes.

Chris Alexander réplique que l’immigration francophone en Acadie, en Ontario, dans l’Ouest et dans le Nord canadien n’a jamais été aussi florissante que depuis 2006. « La volonté est là. Les résultats sont là », a-t-il déclaré à #ONfr. « Nous continuons à travailler avec tous nos partenaires », a-t-il ajouté quant au froid avec la FCFA.