Les conditions de stage dans la mire du RÉFO

OTTAWA – Le combat des étudiants francophones de l’Ontario ne se limitera pas au collège d’Alfred et à la gouvernance en 2015. Le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) tentera cette année d’améliorer les conditions de stage pour les étudiants des différentes institutions postsecondaires.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

« Avec Alfred et la gouvernance, il s’agira de notre troisième priorité », confie Alain Dupuis, directeur général de l’organisme. « Nous allons travailler plus amplement avec les collèges et le gouvernement sur la rémunération de ces stages. Beaucoup d’étudiants ne sont pas payés pour une période de stage laquelle peut dépasser trois mois. Les solutions existent. Je pense par exemple à des allègements fiscaux pour les entreprises ou des accords avec celles-ci. »

Selon le RÉFO, le problème se pose avec d’autant plus d’acuité pour les collèges que le stage y est bien souvent obligatoire, à la différence des universités.

Interrogé sur la question, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) Denis Vaillancourt affirme que l’organisme n’a pas « encore pris position » sur le sujet. La ministre déléguée aux Affaires francophones Madeleine Meilleur soutient de son côté ne pas « être au courant » des revendications du RÉFO.

Outre les rémunérations, le défi de trouver un stage dans la langue de Molière reste aussi présent, insiste le RÉFO. « Il faudrait que les institutions postsecondaires se rapprochent des employeurs francophones, avoir peut-être la possibilité d’établir une banque d’employeurs potentiels. »

Gouvernance en français

L’organisme porte-parole des étudiants franco-ontariens poursuivra sur sa lancée de 2014 avec la publication du rapport des État généraux sur le postsecondaire en français lesquels s’étaient achevés par un grand sommet à Toronto en octobre dernier.

« La seconde étape sera une étude de faisabilité sur les idées émises lors du sommet », illustre M. Dupuis. « Nous espérons un coup de pouce du gouvernement pour cette étude, mais aussi pour mettre en forme les recommandations. »

Dans l’attente du document, quatre modèles sont toujours analysés pour répondre aux besoins des étudiants : la création d’une université de langue française indépendante, la scission d’une université bilingue existante dans deux établissements distincts dont l’un serait francophone, la fédération de programmes déjà existants au niveau d’une structure gouvernante provinciale, ou encore la création d’une université francophone d’envergure provinciale affiliée à une université bilingue existante.

Des revendications qui devraient se heurter malgré tout à la volonté du gouvernement de privilégier la création de programmes postsecondaires en français dans le centre-sud-ouest de la province plutôt qu’une structure francophone.

Alfred

Reste que pour tous les acteurs franco-ontariens de l’éducation, les regards se tourneront vers le collège d’Alfred en 2015. L’unique institution d’enseignement des technologies agricoles et alimentaires francophone de la province devrait connaître plus d’informations quant à son avenir dans les prochains jours puisque le gouvernement est appelé à prendre une décision.

En décembre, le rapport du facilitateur Marc Godbout recommandait entre autres de placer l’établissement sous un nouveau Conseil de formation agricole (CFA) auquel siégeraient, entre autres, les collèges Boréal et La Cité. « Les recommandations étaient très intéressantes. Il faut voir maintenant comment cela va affecter les étudiants », soutient M. Dupuis.

Mme Meilleur enfonce même le clou : « Je n’appuie pas le collège d’Alfred comme il est là, car cela fait cinq fois qu’il est menacé de fermeture. Il faut vraiment que les choses changent à ce sujet. »