Les Acadiens se tournent vers l’avenir

Le drapeau acadien. Source: Facebook SANB

CHÉTICAMP – Les yeux rivés sur le 150e anniversaire du Canada en 2017, la Société Nationale de l’Acadie (SNA) travaille sur un nouveau plan d’action afin de mieux aider le développement et l’épanouissement des communautés acadiennes de l’Atlantique.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

L’organisme, qui regroupe les quatre associations francophones porte-parole des provinces de l’Atlantique, ainsi que les quatre associations jeunesse, tenait, du 10 au 12 juin, sa 135e assemblée générale annuelle. L’occasion de faire le bilan de l’année écoulée mais aussi de parler d’avenir.

Depuis le mois de mai dernier, la SNA a mandaté une firme d’experts-conseils spécialistes en stratégie afin d’optimiser son action dans le cadre de son mandat actuel.

« Nous souhaitons pouvoir augmenter les ressources de la SNA pour dynamiser le travail de collaboration avec nos membres, assurer la mise en œuvre de projets structurants avec nos partenaires et aussi renforcer notre mandat », explique le directeur général de la SNA, Janic Godin.

Élu président pour un an après le départ de René Légère en juin 2015, René Cormier a cette fois été élu pour un plein mandat de deux ans.

« Les prochaines années vont être déterminantes pour renforcer et accroître le rôle de la SNA en tant que leader du peuple acadien et je suis ravi de pouvoir contribuer à l’élaboration de la nouvelle feuille de route qui permettra à cette organisation internationale non gouvernementale unique au Canada d’être bien ancrée en Acadie de l’Atlantique et de faire rayonner le peuple acadien ici et ailleurs. NOtre objectif est de renforcer les espaces de vie en français dans les provinces de l’Atlantique. »

Pour ce faire, M. Cormier plaide pour une approche inclusive.

« La communauté acadienne a beaucoup changé depuis notre dernier plan stratégique. Elle s’est diversifiée et s’est enrichie de l’arrivée de nouveaux membres qui contribuent à son développement. Nous devons les intégrer pour dynamiser nos communautés et nos actions. Ils pourront nous aider à relever nos plus grands défis : l’éloignement entre nos communautés et notre démographie. »

En entrevue à #ONfr, le président de la SNA se montre optimiste.

« Ce que je trouve très intéressant, c’est de voir à quel point nous avons une jeunesse qui s’implique. Cette jeunesse sait ce qu’elle veut, elle a une vision claire de la situation. Je trouve ça très encourageant. »

Les problèmes d’un de ses organismes membres, la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), ne sont pas passés inaperçu à la SNA, même si M. Cormier refuse toute ingérence.

« Je pense que ce sont des discussions saines à avoir, notamment sur les questions de la gouvernance, de la communication entre organismes et des relations entre les membres. Aujourd’hui, je suis heureux de voir que la SANB repart de l’avant. Sa réflexion nous a permis à nous aussi de réfléchir à notre mandat et nos manières de faire. »

Au cœur de cette réflexion, la visibilité du peuple acadien. Et pour la renforcer, M. Cormier ne veut pas oublier le caractère international de l’organisme. Il souhaite donc poursuivre les rapprochements de la SNA avec les pays francophones dans le monde, comme la Belgique, la Suisse et la France et profiter des échéances à venir.

« Le peuple acadien est mieux connu et reconnu dans la francophonie canadienne et mondiale aujourd’hui, mais nous devons continuer. C’est un travail sans fin et nous avons une belle occasion de nous faire voir avec le 150e anniversaire du Canada en 2017. »

Un projet avec les Premières nations

Pour souligner cet événement, la SNA a été approchée par plusieurs chefs des Premières nations de la Nouvelle-Écosse afin d’organiser un projet commun.

« Les Acadiens et les Premières nations ont vécu ensemble pacifiquement et ont collaboré pendant de nombreuses années, nous voulons souligner cet héritage et les liens de nos communautés. »

Selon M. Cormier, les Premières nations souhaiteraient également se rapprocher des Acadiens afin d’en apprendre davantage sur les mécanismes qu’ils ont mis en œuvre au fil du temps pour préserver leur culture et leur langue.

« Notre vitalité artistique est un atout majeur pour assurer la vitalité de nos communautés et cela ne s’est pas fait pas hasard. Nous avons développé des institutions, des mécanismes et des événements pour faire rayonner notre milieu artistique », rappelle-t-il.

Problèmes récurrents de financement

Mais pour parvenir à atteindre ses objectifs, la SNA ne se fait pas d’illusion, il faudra des ressources financières. Gelé depuis 10 ans, le financement des organismes de la francophonie minoritaire, via la Feuille de route pour les langues officielles de Patrimoine canadien, ne suffit plus à répondre aux besoins.

« On sent beaucoup de bonne volonté de la part de nos organismes et beaucoup d’enthousiasme, mais force est de constater qu’il y a un essoufflement provoqué par le manque de ressources qui pénalise leur capacité d’agir. C’est également le cas pour la SNA qui ne reçoit pas les fonds qu’elle devrait recevoir. Nous couvrons un grand territoire et cela amène des défis, il est important que le gouvernement tienne compte de notre réalité. »

L’approche de la nouvelle majorité libérale à Ottawa rend toutefois M. Cormier optimiste.

« On sent qu’il y a de l’ouverture et une volonté d’écoute. C’est une bonne chose d’avoir jumelé la ministre Mélanie Joly avec un député issu d’une communauté francophone en contexte minoritaire, Randy Boissonnault (M. Boissonnault est franco-albertain – ndlr). Il connait bien la situation. »

La SNA attend donc avec impatience les premières consultations qui seront organisées cet été dans le cadre du renouvellement de la Feuille de route pour les langues officielles en 2018.

« Il est impératif que l’enveloppe soit augmentée pour que les organismes puissent faire leur travail sur le terrain, », glisse M. Cormier.

Outre son élection à la présidence, la 135e assemblée générale annuelle de la SNA a vu l’élection de Daniel Boutin au poste de conseiller jeunesse.

L’organisme a également décerné la médaille Léger-Comeau, qui récompense les personnalités qui se distinguent par leur contribution à l’Acadie, à May Bouchard pour son dévouement envers la culture acadienne, l’éducation en français en Nouvelle-Écosse, les femmes et les personnes aînées.