Le budget de l’Ontario adopté sans suspense ni surprise

TORONTO – Aucun suspense. Aucune surprise. Une majorité de députés à l’Assemblée législative de l’Ontario se sont levés, le jeudi 24 juillet, pour signaler une troisième et dernière fois leur appui à la plus récente ébauche budgétaire de la province, et lui donner force de loi.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org@fpdufault

Le même document qui a provoqué le déclenchement d’élections hâtives à Queen’s Park, début mai, a été adopté au final par 56 voix contre 37.

Il y avait deux absents du côté du gouvernement libéral de Kathleen Wynne, et 12 sur les banquettes de l’opposition.

« Je me réjouis de l’adoption d’un plan positif et progressiste, que la population de l’Ontario a endossé lors des récentes élections », a déclaré Charles Sousa, ministre des Finances, le 24 juillet. « Nous allons pouvoir investir dans des initiatives qui vont faire de nous une province encore plus forte, au cours des prochaines années ».

M. Sousa a réitéré l’engagement de son gouvernement à équilibrer les finances de l’Ontario d’ici la fin de l’exercice financier 2017-2018.

La province est confrontée à un déficit de 12,5 milliards $.

Les libéraux se disent convaincus qu’il est possible d’assainir les finances à Queen’s Park sans, pour autant, cesser d’investir dans la croissance économique et l’infrastructure. Dans leur budget, ils proposent la création d’un régime provincial de pensions et des investissements de 29 milliards $ sur dix ans dans les transports, notamment.

« C’est un plan pour les dix prochaines années. Ce ne sont pas des décisions basées sur un cycle électoral », a indiqué M. Sousa, soulagé à sa sortie de l’Assemblée législative.

Trop occupés à se tirer le pied

Les deux partis d’opposition à Queen’s Park ont déploré, mais sans aucun recours, l’adoption d’un budget contre lequel ils se sont battus, tant sur le ring législatif qu’électoral.

C’est sur ce document, rejeté par une opposition alors majoritaire, le 1er mai, que les libéraux ont fait campagne et remporté une résonnante victoire aux urnes, le 12 juin.

« Nous avons un déficit de 12,5 milliards $ à abattre et nous nous dirigeons dans la mauvaise direction. C’est tragique », a fustigé le progressiste-conservateur Victor Fedeli, critique de son parti en matière de Finances.

M. Fedeli, un possible candidat à la chefferie progressiste-conservatrice, n’a pas hésité à jeter une partie du blâme sur sa propre formation et, par ricochet, son ancien chef Tim Hudak.

« Nous étions tellement occupés à nous tirer dans le pied durant la campagne, que ce budget n’a même pas été évoqué », a admis l’élu de Nipissing, dans le nord-est de la province.

La chef néo-démocrate Andrea Horwath a comparé, une fois de plus, le budget libéral à un « cheval de Troie ». Elle a accusé le gouvernement d’y cacher d’importantes mises à pied dans la fonction publique, ou la vente de certains actifs de la province pour atteindre le déficit zéro d’ici 2018.

« Bien des gens commencent à voir les mauvaises surprises cachées dans ce budget, et qui sont néfastes pour l’Ontario », a grincé Mme Horwath.

Mais pas question pour la chef de la deuxième opposition à Queen’s Park de faire son mea culpa, même si c’est sa décision de ne pas appuyer le budget lors de son premier dépôt, début mai, qui a mené au déclenchement d’élections hâtives, et au couronnement d’un gouvernement libéral majoritaire.

La session parlementaire reprendra le 20 octobre.

QUELQUES CHIFFRES DU BUDGET

– Un régime provincial de pensions, calqué sur le modèle fédéral;
– Une somme de 29 milliards $ sur dix ans – dont la moitié pour la grande région de Toronto – pour les transports;
– Un fonds de 2,5 milliards $ sur dix ans pour stimuler la création d’emplois;
– Une somme de 1 milliard $ pour pistonner l’exploitation minière dans le Cercle de feu;
– La suppression de la redevance de liquidation de la dette de l’ancienne société d’État provinciale Hydro Ontario sur les factures d’électricité des clients résidentiels;
– Des investissements de 150 millions $ pour doter les écoles d’outils d’apprentissage technologiques, comme des tablettes;
– Une somme de 11,4 milliards $ sur dix ans pour agrandir et rénover des hôpitaux;
– Une somme de 810 millions $ sur trois ans pour l’élimination des listes d’attente pour des services aux personnes atteintes d’une déficience intellectuelle;
– Un poste d’ombudsman des patients pour accroître la transparence des hôpitaux;
– Des hausses des salaires de 11$ à 14$ l’heure pour les travailleurs de la petite enfance, et de 12$ à 16,50$ l’heure pour les préposés aux services de soutien à la personne.