« Le bilan du gouvernement n’est pas reluisant », dit la FANÉ

Le parlement de Nouvelle-Écosse, à Halifax. Archives, #ONfr

HALIFAX – Alors que les Néo-Écossais seront appelés aux urnes le 30 mai prochain, la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANÉ) juge décevant le bilan du premier ministre Stephen McNeil et de son gouvernement libéral en matière de francophonie.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Il faut dire que les attentes étaient élevées après les relations difficiles des années néo-démocrates. Le gouvernement de Darrell Dexter avait modifié la Loi sur les services en français en 2011 pour en faire une « coquille vide », selon la FANÉ, puis avait décidé d’abolir les circonscriptions acadiennes protégées de Clare, Argyle et Richmond, en 2012.

L’arrivée au pouvoir des libéraux de Stephen McNeil en 2013 avait laissé entrevoir une lueur d’espoir pour régler ces deux dossiers jugés primordiaux pour la communauté francophone de la Nouvelle-Écosse.

Mais malgré une victoire devant la Cour d’appel de la Nouvelle-Écosse dans le dossier des circonscriptions protégées et une ouverture affichée du gouvernement quant aux revendications soumises pour revoir la Loi sur les services en français, peu de choses ont avancé, regrette la directrice générale de la FANÉ, Marie-Claude Rioux.

« Le bilan du gouvernement n’est pas reluisant. Nous avons l’impression de ne pas avoir été entendus ni pris au sérieux. Je déplore que les dossiers que nous avions mis de l’avant dès le début de son mandat n’aient pas été traités en trois ans et demi de pouvoir. »

Le premier ministre a déclenché des élections générales le dimanche 30 avril, dans la foulée du dépôt de son budget, quelques jours plus tôt, que d’aucuns considéraient comme une plateforme électorale.

 

Deux priorités

Si les Néo-Écossais auront à se prononcer sur le document présenté par le ministre des Finances, Randy Delorey, la FANÉ se tient prête à mener campagne sur ces deux dossiers en suspens.

« Nous allons interroger les principaux partis politiques pour voir ce qu’ils pensent de nos demandes. Celles-ci nous semblent très raisonnables. »

Concernant la Loi sur les services en français, l’organisme avait soumis plusieurs recommandations au gouvernement, notamment que la question des Affaires acadiennes soit rattachée aux Affaires intergouvernementales, la création de Centres de service bilingue dans les régions acadiennes et la mise en place d’un processus de plaintes relevant du bureau du Protecteur du citoyen.

« C’est sûr que la mise en place de centres de services bilingues dans les régions acadiennes pouvait paraître compliquée au gouvernement, mais il aurait pu prendre certains engagements publics. »

Dans le dossier des circonscriptions acadiennes protégées, l’immobilisme du gouvernement McNeil aura un impact direct sur les électeurs francophones puisque les élections se tiendront une nouvelle fois selon le nouveau redécoupage électoral qui les a supprimées.

« C’est désolant que ce ne soit pas réglé. Nous avions offert au gouvernement d’aller chercher une ordonnance de la Cour d’appel pour qu’elle précise sa décision, ce que le gouvernement a refusé. Nous allons donc faire la démarche nous-mêmes car c’est dans l’intérêt de notre communauté, mais pour cette élection, il est trop tard. »

En 2013, la nouvelle carte électorale n’avait pas empêché les Acadiens de compter deux représentants à l’Assemblée législative, le ministre des Affaires acadiennes, Michel Samson, et Chris D’Entremont. Mais avoir des francophones autour de la table n’est pas toujours un gage d’avancées significatives, reconnaît Mme Rioux.

« Ce qui compte, c’est d’avoir des personnes qui nous représentent bien et qui prennent en compte nos besoins, peu importe d’où ils viennent. »

« Quand le peuple acadien voit qu’il est systématiquement pénalisé par les politiciens et l’Assemblée législative, qu’il doit aller se battre continuellement devant la Cour suprême du Canada pour faire respecter ses droits, il s’interroge et ça peut développer un certain cynisme. C’est pour ça que nous voulons avant tout des représentants qui prennent en compte nos besoins » – Marie-Claude Rioux

Malgré le bilan peu flatteur du gouvernement libéral, la directrice générale de la FANÉ rappelle que son organisme ne donnera aucune consigne de vote et sera prêt à travailler avec tous les partis politiques au pouvoir.

« Nous prévoyons recevoir les réponses des partis politiques d’ici le 12 mai. Cela permettra aux électeurs acadiens de faire un choix éclairé. Mais nous sommes prêts à travailler avec les trois partis comme nous l’avons déjà fait. Nous avons eu des discussions cordiales et constructives avec les progressistes-conservateurs et avec les néo-démocrates qui ont fait leur mea culpa. Nous les avons sensibilisés à nos enjeux, ce qui est toujours plus facile quand les partis sont dans l’opposition. »

À la dissolution de l’Assemblée législative, le Parti libéral comptait 34 des 51 sièges, contre dix pour les progressistes-conservateurs et cinq pour les néo-démocrates.