L’ambassadeur de France souffle le chaud et le froid sur le débat

L'ambassadeur de France au Canada, Nicolas Chapuis s'est prononcé pour le bilinguisme d'Ottawa et de l'Ontario. (Photo: Courtoisie)

TORONTO – En insistant tantôt sur la nécessité du bilinguisme d’Ottawa et de l’Ontario, tantôt sur les avantages du plurilinguisme, l’ambassadeur de France au Canada, Nicolas Chapuis, a marqué le débat organisé lors du Grand rassemblement 2015 de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), jeudi 22 octobre.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Le débat sur « la place de la francophonie ontarienne à l’échelle internationale » n’a pas livré de recette miracle pour permettre à l’Ontario français de se tailler une place de choix à travers le monde. Mais l’ambassadeur de France au Canada, Nicolas Chapuis, conférencier d’honneur du débat, a suscité de nombreuses réactions.

À l’applaudimètre, ce dernier a davantage généré d’enthousiasme en déclarant appuyer le bilinguisme de la province de l’Ontario et celui de la Ville d’Ottawa, qu’en se positionnant en faveur du plurilinguisme.

« Il faut préparer l’avenir du plurilinguisme au-delà du bilinguisme », a-t-il d’abord lancé, avant d’insister, interrogé sur les manières d’attirer et de retenir les immigrants francophones : « Je crois qu’il est important d’avoir une politique de plurilinguisme pour attirer les immigrants allophones ».

Devant une assistance soucieuse de faire reconnaître et sauvegarder sa langue, le concept de plurilinguisme n’a pas convaincu suscitant quelques réprobations dans l’assistance.

« Le Canada, ce sont deux langues officielles : le français et l’anglais », a fermement rappelé l’ancienne présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada et panéliste, Marie-France Kenny.

L’ambassadeur de France au Canada a toutefois eu beaucoup plus de succès en se prononçant en faveur du bilinguisme à Ottawa et dans toute la province de l’Ontario.

« Nous sommes dans la programmation d’Ottawa pour 2017 et j’ai clairement indiqué à l’équipe d’Ottawa 2017 et au conseil municipal que la question méritait d’être posée. J’espère que la capitale fédérale deviendra bilingue en 2017 », a lancé M. Chapuis.

En entrevue à #ONfr, l’ambassadeur a précisé : « La souffrance parfois exprimée par les communautés francophones nécessite des solutions. Et ces solutions, elles passent par la reconnaissance du bilinguisme ou du plurilinguisme, avec une matrice francophone et anglophone qui est au cœur de l’identité canadienne. Devenir officiellement bilingue garantit des services en français! ».

Sa position sur le bilinguisme de la province découle, en revanche, davantage de la volonté de l’Ontario d’intégrer l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).

« Cette candidature est légitime, mais à ce moment-là, je pense qu’il y a un devoir pour l’Ontario de devenir officiellement bilingue comme le Nouveau-Brunswick ou au moins de reconnaître le français comme langue officielle. Cela renforcerait la candidature de l’Ontario ».

 

L’Ontario à l’OIF, une bonne idée?

L’idée, relancée par le gouvernement provincial en juin 2015, enthousiasme le commissaire aux services en français de l’Ontario, François Boileau, présent comme panéliste.

« Cette adhésion faciliterait le dialogue et ouvrirait des opportunités économiques pour l’Ontario au sein des pays membres », a-t-il précisé.

Un avis partagé dans l’assistance par Annie Dell, directrice du développement économique au RDÉE Ontario.

« C’est un coût peu important par rapport aux grandes choses que cela permettrait ».

L’unanimité a quelque peu été nuancée par l’historien et panéliste, Serge Dupuis.

« En quoi l’adhésion à l’OIF va nous permettre, comme communauté, d’avoir une université franco-ontarienne? Est-ce que cela ne risque pas plutôt de favoriser le statu quo sur plusieurs dossiers au motif que la communauté francophone a obtenu une place à l’OIF pour l’Ontario? », s’est-il interrogé.

Le président de l’AFO, Denis Vaillancourt a apprécié les débats et surtout la prise de position de l’ambassadeur en faveur du bilinguisme.

« Quand un ambassadeur, une personne qui vient de l’extérieur du Canada, dit que ça lui paraît normal que l’Ontario devienne bilingue, c’est intéressant. On a récemment désigné une 26e région en vertu de la Loi 8 et pour moi, le pas n’est pas si grand à faire. C’est une question de volonté et il faudra le faire en temps et lieu ».