L’AFO vise plus d’indépendance

L'Assemblée de la francophonie de l'Ontario a lancé, le vendredi 28 octobre, à Sudbury, la campagne "Nos Droits" pour financer ses actions de revendication. Crédit image : Benjamin Vachet

SUDBURY – L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a lancé, le vendredi 28 octobre, à Sudbury, une campagne de levée de fonds qui servira à financer ses actions de revendication. L’objectif : être moins dépendant des fonds publics et envoyer un signal fort aux gouvernements. 

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« À l’époque de l’Association canadienne-française d’éducation d’Ontario (ACFÉO), le financement se faisait lors des messes à l’église », rappelle le directeur général de l’AFO, Peter Hominuk.

L’organisme porte-parole des 611 500 Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens a décidé de suivre les traces de son lointain ancêtre pour se donner plus de latitude quand vient le temps de défendre les droits de sa communauté.

Dans le cadre de son rassemblement annuel, qui se tient jusqu’au dimanche 30 octobre, à Sudbury, l’AFO a lancé la campagne « Nos Droits » qui doit lui permettre de créer un fonds pour la soutenir dans son travail.

Dix œuvres de l’artiste franco-ontarien d’Ottawa, Dominic Bercier, retraçant les grands épisodes de l’histoire de l’Ontario français, ont ainsi été mises à l’encan. De quoi poser la première pierre à l’édifice. L’AFO prévoit ensuite recevoir des dons uniques ou réguliers pour faire grossir la somme recueillie.

« L’AFO reprend la notion de se créer un fonds de réserve pour étoffer des dossiers que nous allons choisir de pousser. Que ce soit pour faire du démarchage auprès des élus, organiser une mobilisation devant le parlement, pousser des dossiers comme celui de l’Université franco-ontarienne, du bilinguisme de la province, du droit à l’éducation, à la petite enfance, à la justice, en santé… Cela doit nous donner une plus grande liberté d’action pour faire avancer les dossiers », explique Denis Vaillancourt.

Opération constitution

L’AFO ne se fixe pas d’objectif en termes de montants. Mais le président de l’AFO se souvient qu’à la fin des années 90, une campagne de fonds avait permis de récolter plusieurs centaines de milliers de dollars pour soutenir « Opération Constitution », un groupe communautaire dont l’objectif était l’enchâssement des droits des Franco-Ontariens dans la Constitution canadienne, à l’image du Nouveau-Brunswick.

« Le fonds doit créer un sentiment d’appartenance. C’est une démonstration d’engagement! »

Le fonds devrait servir à l’AFO à faire des recherches, des études et des sondages, d’obtenir des avis juridiques ou encore, d’informer et de mobiliser la communauté franco-ontarienne.

« Quand on veut revendiquer, il y a des dossiers à monter, de la recherche et des démarches à faire. Tout ça prend des ressources et les fonds que nous recevons de Patrimoine canadien ne peuvent pas servir à ça, ils ne sont pas prévus pour de la revendication. Et puis, un tel argent a beaucoup plus d’impact auprès des gouvernements. Ça veut dire que la communauté elle-même investit dans la revendication, c’est beaucoup plus pesant pour un politicien! »

Se détacher des subventions

Le président soutient que l’idée de créer un fonds est indépendante des revendications actuelles des organismes communautaires francophones en situation minoritaire pour obtenir une bonification de leur financement de la part du gouvernement fédéral.

Selon le président de l’AFO, il s’agit plutôt de pouvoir être plus indépendants et d’avoir une plus grande flexibilité d’action. Les revendications menées jusqu’ici par l’organisme, soutient-il, ont été menées à l’aide de partenariats et de commanditaires, mais cela n’offre pas toujours la latitude nécessaire.

« Les grandes luttes dans la communauté franco-ontarienne sont souvent arrivées sans le savoir à l’avance. C’est bon d’avoir la flexibilité d’agir très rapidement », rappelle M. Hominuk. « Quand le gouvernement a, par exemple, annoncé la fermeture de l’hôpital Montfort, la communauté n’était pas mobilisée, elle n’avait pas les fonds nécessaires. Un fonds de cette nature-la, nous donnerait la possibilité d’agir très rapidement. »

Si les possibilités de dons existaient déjà pour les particuliers et les organismes qui souhaitaient soutenir l’AFO, M. Vaillancourt pense qu’il est temps d’être plus proactif.

« Une communauté qui veut s’affirmer ne peut pas toujours le faire sur le dos des subventions. Souvent, les gens se demandent ce qu’ils peuvent faire, c’est une bonne manière de soutenir le travail de l’AFO. Dans les consultations que nous avons menées à l’été 2015, les gens nous ont dit qu’ils voulaient une province bilingue, qu’ils voulaient une capitale bilingue, qu’ils voulaient une université franco-ontarienne… Nous pilotons beaucoup de dossiers en même temps et pour faire avancer ces dossiers, cela prend des ressources financières et c’est la raison pour laquelle nous lançons cette campagne aujourd’hui. »

Le président de l’AFO reconnaît toutefois qu’il n’est actuellement pas envisageable de voir l’organisme devenir complètement indépendant des subventions de Patrimoine canadien, qui étaient, hors projets spéciaux, de 745 700 dollars en 2015.

« On veut être plus autonome dans notre capacité de revendiquer, mais on a toujours besoin de ces fonds. »