L’AFO et la FARFO dénoncent un manque de respect

Le président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario (AFO), Carol Jolin. Archives #ONfr

OTTAWA – Fait suffisamment rare pour être souligné, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a dénoncé publiquement un manque de respect à son égard, le mercredi 16 novembre, dans le dossier du projet de loi 41. Une position partagée par la Fédération des aînés et des retraités francophones de l’Ontario (FARFO). 

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Intéressée à comparaître devant le comité permanent de l’Assemblée législative dans le cadre de l’étude du projet de loi 41, dite « Loi donnant la priorité aux patients », l’AFO a finalement vu son vœu exaucé après plusieurs rebondissements.

Sa demande, préalablement refusée, a finalement obtenu gain de cause, mais l’invitation est arrivée à la dernière minute pour une comparution le soir même, ce qu’a dénoncé l’AFO sur les médias sociaux.

« Nous avons reçu un appel en début d’après-midi aujourd’hui pour une comparution en soirée, ce qui nous laissait moins de quatre heures pour nous rendre à Toronto. C’est inacceptable! », fustige le président de l’AFO, Carol Jolin, à #ONfr.

Peu coutumier des sorties médiatiques fracassantes, l’organisme porte-parole des 611 500 Franco-Ontariens dénonce un « manque de respect » à son encontre et indique espérer toujours recevoir une nouvelle invitation à comparaître, cette fois avec un « préavis raisonnable ».

Malgré une proposition alternative de faire sa comparution par téléphone, M. Jolin défend le refus de son organisme.

« Ce n’est pas la même chose que de faire une présentation en personne. Quand tu es sur place, cela te permet de voir qui est là, comment les élus réagissent, cela a beaucoup plus d’impact! La manière dont cela s’est passé nous donne l’impression que tout a été fait à la dernière minute. »

FARFO : « On se demande si les consultations sont sérieuses »

La présidente de la FARFO, Élizabeth Allard, considère quant à elle que les consultations pour le projet de loi 41 sont « bâclées ». Son organisme a également été invité à quelques heures d’avis devant le comité parlementaire.

« On a été invité le matin pour une présentation le jour même! Nous n’avons pas pu préparer notre mémoire et lors de notre présentation à 18 heures, plusieurs élus étaient absents. Les questions sont aussi limitées à… 2 minutes! On se demande si les consultations sont sérieuses », a-t-elle confié à #ONfr quelques instants après sa courte présentation improvisée.

Elle dénonce l’absence de consultation préalable lors du développement du projet de loi. « Si le gouvernement est intéressé à entendre l’opinion des francophones, il faut nous laisser le temps de nous préparer. Est-ce qu’on parle de questions importantes? Ce sont des questions extrêmement importantes qui touchent la qualité de vie de milliers de francophones, notamment des aînés en situation de précarité », a-t-elle ajouté.

Mme Allard a néanmoins pu passer quelques messages clés. Devant la poignée d’élus présents, elle a affirmé que les francophones ont un accès inégal aux soins de santé et que la barrière linguistique provoque des erreurs médicales. « Nous souhaitons que les services de santé en français soient disponibles partout en Ontario, y compris dans les foyers de soins de longue durée », a-t-elle affirmé.

Le ministre de la Santé, Éric Hoskins, a paru cette semaine ne pas comprendre le problème des tierces parties. Mme Allard, elle, a voulu partager sa perspective à ce sujet : « On parle d’infirmiers, de médecins ou même d’employés de service d’assistance en cuisine qu’on est allé chercher dans le privé avec des fonds publics et qui viennent dans les maisons des aînés sans parler leur langue. La loi sur les services en français devrait s’appliquer », dit-elle.

Un projet de loi important et complexe

Le projet de loi 41 a été adopté en deuxième lecture le 27 octobre. Il fait désormais l’objet d’une étude devant le comité permanent de l’Assemblée législative qui a récemment choisi de prolonger ses travaux sous la pression de la critique néo-démocrate aux Affaires francophones, France Gélinas, et de plusieurs organismes non consultés.

Plusieurs membres de la communauté franco-ontarienne ont notamment exprimé leur inquiétude vis-à-vis d’un « projet de loi aussi important que complexe », souligne M. Jolin.

« On parle ici d’une réforme majeure dans le domaine de la santé en Ontario. Il nous paraît important que les députés qui vont prendre la décision de l’appuyer ou non le fassent en toute connaissance de cause. »

Lors de sa récente Assemblée générale à Sudbury, fin octobre, les membres de l’AFO avaient souligné l’absence de mention des services de santé en français dans le projet de loi, alors que celui-ci pourrait, selon l’organisme, solidifier l’offre de services en français dans le réseau de santé de la province, encore bien défaillant dans certaines régions.

« Il y a simplement une mention aux exigences de la Loi sur les services en français, mais ce n’est clairement pas assez! », indique M. Jolin.

Pas assez loin

Ce lundi, le ministre de la Santé avait fait part de sa surprise, quand interrogé sur le sujet par #ONfr, indiquant que depuis la première version du projet de loi, déposée en juin, puis remplacée par un nouveau projet de loi, des correctifs ont été apportés.

« Mon conseil consultatif francophone m’a donné des suggestions et nous avons apporté ces modifications. Et le conseil, qui est très représentatif de la communauté francophone, a applaudi ces changements. Et ils les ont applaudis en face de moi! Nous nous attendons à ce que les organisations qui reçoivent des fonds du gouvernement et qui servent les Franco-Ontariens rencontrent leurs obligations par rapport à la Loi [sur les services en français] », a-t-il assuré.

Mais pour l’AFO, ces correctifs ne vont pas assez loin, en ne précisant pas, par exemple, concrètement les obligations des Réseaux locaux d’intégration des services de santé (RLISS) en matière de services en français, alors que les RLISS ont la tâche de planifier, d’intégrer et de financer les soins de santé locaux.