La mention linguistique sur la carte Santé toujours attendue

La carte Santé ontarienne. Archives #ONfr

TORONTO – Le gouvernement planche actuellement sur une révision de certains documents officiels, dont la carte Santé. Une occasion à saisir pour y inclure une composante francophone, estime l’Assemblée de la Francophonie (AFO).

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Par courriel, une porte-parole pour le ministre de la Santé et des Soins de longues durées, Eric Hoskins, a concédé à #ONfr qu’il existe actuellement une opportunité d’agir pour l’ajout d’une composante linguistique à la carte Santé.

En ce moment, la fameuse carte verte permettant les services de soins de santé payés par l’Assurance-santé de l’Ontario demeure bilingue, mais sans mentionner la langue désirée par le patient.

Depuis plusieurs années, de nombreux acteurs de la communauté ont demandé au gouvernement d’ajouter cette composante, rappelant que les francophones avaient besoin des statistiques collectées afin de mieux planifier la prestation de services dans la langue de Molière en Ontario.

Le bureau de M. Hoskins a tout de même rappelé que le gouvernement collecte déjà certaines données linguistiques lorsque les gens demandent leurs cartes. Toutefois, le ministère n’a pas indiqué si ces données sont partagées avec de tierces partis ou servent à la planification de services.

« Le ministère reste engagé dans l’offre de service en français et communiquera avec la population pour l’informer des progrès de ce dossier », a-t-elle assuré.

À l’Île-du-Prince-Édouard, la carte Santé est bilingue depuis 2016, comprenant aussi depuis peu une mention de préférence de la langue. 

Les « astres alignés » pour réaliser le projet

Avec la venue d’un nouveau sous-ministre au Ministère de la Santé et des Soins de longues durées dédié spécifiquement aux affaires francophones et la volonté du gouvernement de modifier davantage la carte Santé, Carol Jolin, président de l’AFO, espère que cette demande des francophones aboutira enfin.

« Avoir quelqu’un qui travaille spécifiquement pour les francophones dans le bureau du ministre est un atout (…) Les astres sont maintenant alignés pour faire avancer ce dossier-là », a-t-il observé en entrevue avec #ONfr.

Par le passé, l’AFO a eu plusieurs discussions avec la ministre déléguée aux Affaires francophones, Marie-France Lalonde, sur le sujet.

M. Jolin est d’ailleurs catégorique à cet effet, le gouvernement connaît les avantages d’avoir cet ajout sur la carte Santé et sait qu’il n’y a pas assez de données probantes sur la langue actuellement en Ontario.

« Une fois que l’on va obtenir ces données, nous allons pouvoir améliorer l’offre de services sur le terrain et aller voir les décideurs avec des chiffres solides », a-t-il avancé.

Un besoin de données pour les francophones

Dans son Livre blanc sur les assises de la santé en français en Ontario, publié en 2014, l’AFO suggérait de « capturer systématiquement l’identité linguistique des Ontariens, par l’entremise de la carte Santé ou de tout autre moyen approprié ». M. Jolin estime que ces données récoltées sont essentielles pour les francophones.

« Ces données sont extrêmement importantes parce que ça nous permettrait de déterminer où se trouvent les francophones dans la province. Avec cette variable, nous pouvons identifier la masse critique de personnes, les besoins et par la suite améliorer l’offre de services en français », a-t-il expliqué.

Avec ces statistiques, Carol Jolin croit que l’on pourrait mieux cerner les prochaines régions désignées en vertu de la Loi sur les services en français.