La menace sur la prime au bilinguisme inquiète

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair.

OTTAWA – Les recommandations du rapport Borbey-Mendelsohn sur la dualité linguistique dans la fonction publique canadienne ont rebondi à la Chambre des communes, le mardi 19 septembre. L’idée de supprimer la prime au bilinguisme a fait particulièrement réagir le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Bloc Québécois (BQ).

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Le rapport commandé par le greffier du Conseil privé, Michael Wernick, formule plusieurs recommandations pour améliorer la dualité linguistique au sein de la fonction publique fédérale, parmi lesquelles la révision de la prime au bilinguisme de 800 $, adoptée il y a 40 ans.

Le rapport préconise de la « recadrer » pour établir un fonds utilisé exclusivement réservé au perfectionnement des compétences linguistiques.

Lors de la période des questions, le chef du NPD, Thomas Mulcair, a interpelé le gouvernement pour savoir si, oui ou non, il était de son intention d’éliminer cette prime.

Il n’a toutefois pas obtenu de réponse claire de la part du ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, Dominique LeBlanc, qui après avoir assuré de l’importance du bilinguisme pour le Parti libéral, a laissé planer le doute.

« Nous sommes toujours intéressés à consulter les syndicats de la fonction publique, les fonctionnaires et les parlementaires, évidemment. Nous avons, et nous allons mener des consultations en long et en large à propos des changements de politique qui pourraient être instaurés. Il faut savoir qu’en tout temps, le respect pour les communautés de langue officielle, et la capacité de la fonction publique canadienne de desservir les deux communautés linguistiques seront toujours au cœur de l’action de notre gouvernement. »

Le français menacé dans la fonction publique

À la sortie de la Chambre des communes, M. Mulcair a insisté sur la menace sur la place du français qui se cache derrière le rapport Borbey-Mendelsohn.

« Vous n’avez qu’à regarder ce qui se passe jour après jour ici à la Chambre des communes pour constater à quel point la place du français est en train de s’étioler au sein de notre Parlement. Des ministres dans notre première rangée en train de répondre systématique en anglais. C’est le reflet d’un malaise et d’un problème profond. »

Pour le chef du NPD, l’augmentation du nombre de postes bilingues ou de francophones dans la fonction publique canadienne ne saurait être un indicateur suffisant.

« La fonction publique fédérale, plus de 40 ans après la Loi sur les langues officielles, est plus anglophone que jamais dans toute son histoire. (…) D’avoir une prime au bilinguisme était une manière de valoriser l’apprentissage des deux langues officielles. C’est sûr que les 800 $ aujourd’hui, quand on regarde les salaires de la fonction publique, ça représente peu. C’est sûr qu’à l’époque c’était de l’argent important, mais ce n’est pas un prétexte pour s’en débarrasser. »


« Il n’y a pas de vision pour une vraie place pour le français au sein de la fonction publique fédérale. » – Thomas Mulcair


Selon lui, un tel rapport menace « d’enterrer un des outils utilisés pour valoriser la place du français dans la fonction publique fédérale ».

Un avis que partage le député du Bloc Québécois, Mario Beaulieu.

« La prime au bilinguisme, dans le fond, il ne faut pas se le cacher, c’est une prime à donner des services en français. Alors si on élimine ça, il ne restera vraiment plus grand chose. Il faut vraiment restructurer la Loi sur les langues officielles pour faire du français la langue commune dans les territoires où il y a une masse critique de francophones. »