La menace s’estompe à Alfred

Le Collège d'Alfred.

OTTAWA – La menace d’une fermeture complète du collège agricole d’Alfred s’est quelque peu estompée, une journée après que l’Université de Guelph (UdeG) eut annoncé qu’elle larguait son campus satellite francophone dans l’Est ontarien.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Deux des six programmes de formation offerts à Alfred seront maintenus pour la prochaine année scolaire, en dépit du retrait de l’UdeG, a indiqué le collège Boréal, le jeudi 13 mars.

Le collège francophone de Sudbury a reçu le feu vert du gouvernement de l’Ontario pour procéder à l’inscription, pour le prochain semestre d’automne, des étudiants admissibles au programme de Technologie agricole au campus d’Alfred.

Aussi, selon le collège Boréal, « tout est en place » pour maintenir l’offre du programme de Techniques de soins vétérinaires. L’établissement sudburois offrait déjà cette formation à Alfred depuis une quinzaine d’années, dans le cadre d’un partenariat avec l’UdeG.

« Nous serons en mesure de répondre aux besoins de la communauté francophone en matière de formation agricole de qualité », a déclaré Pierre Riopel, président du collège Boréal, s’engageant du même souffle à rencontrer très prochainement les étudiants et la communauté d’Alfred pour les consulter et répondre à leurs questions.

Le collège Boréal a conclu une entente de principe avec le collège La Cité, à Ottawa, pour assurer le maintien d’une offre de programmes francophones de formation agricole dans l’Est ontarien.

L’UdeG a confirmé, le 12 mars, qu’elle délestera d’ici un an son campus d’Alfred, ainsi que son campus anglophone de Kemptville, pour des raisons financières. L’établissement avait, du même coup, suspendu les inscriptions sur les deux campus pour la prochaine année scolaire.

On ignore, pour l’instant, ce qu’il adviendra à Alfred des programmes d’Aide en alimentation, de Bureautique, de Nutrition, diététique et sciences des aliments, et du programme d’appoint Relais pour les agriculteurs formés à l’étranger.

Des inquiétudes demeurent

Bien que soulagés de voir Boréal et La Cité reprendre le flambeau, des étudiants du campus d’Alfred de l’UdeG se disent tout de même inquiets quant à la transition. Ils craignent, entre autres, que certains programmes soient rapatriés sur les campus principaux des deux collèges, à Ottawa et à Sudbury.

« L’enjeu principal pour les étudiants du campus d’Alfred est qu’ils soient consultés et que leurs opinions soient prises en compte dans cette période incertaine de transition. L’avenir de notre éducation est en jeu et les répercussions se feront sentir pour bien des années », ont écrit Jovan Dozet et Olivier Coursol, deux membres du conseil des étudiants du campus d’Alfred, sur le blogue du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO).

Les étudiants du campus d’Alfred ont aussi déposé une demande à l’organisation des Dairy Farmers of Ontario (DFO), afin que leur établissement puisse conserver son quota de vaches nécessaire à la production laitière. Le troupeau serait, selon eux, essentiel à la formation des futurs techniciens agricoles et techniciens en médecine vétérinaire dans l’Est ontarien.

Guerre de mots dans les médias sociaux

Le dossier du campus d’Alfred a aussi soulevé de vifs débats politiques dans les médias sociaux, le 13 mars.

Libéraux et progressistes-conservateurs dans l’Est ontarien se sont livrés à une guerre de mots toute la journée, s’accusant mutuellement d’avoir laissé tomber la relève agricole francophone.

« Où étais-tu, hier? Pas à Alfred », a décoché Roxane Villeneuve-Robertson, candidate progressiste-conservatrice dans Glengarry-Prescott-Russell, au député libéral de l’endroit, Grant Crack, sur Twitter.

« Pour info, (les ministres) Madeleine Meilleur, Brad Duguid et moi étions occupés à trouver (une) solution au lieu de perdre (notre) temps à pointer du doigt », a aussitôt répliqué M. Crack. « Moi, je crois dans nos institutions », a-t-il renchéri, peu après.13