La Franco-Ontarienne Mariette Carrier-Fraser membre de l’Ordre du Canada

L'ancienne présidente de l'AFO, Mariette Carrier-Fraser avec le gouverneur général du Canada, David Johnson. Archives ONFR+

OTTAWA – L’ancienne présidente de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) et militante franco-ontarienne, Mariette Carrier-Fraser, est devenue, le vendredi 12 mai, membre de l’Ordre du Canada.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« Je me demande ce que je fais ici! », sourit Mme Carrier-Fraser, en entrevue avec #ONfr. « Quand je vois les personnes qui ont été distinguées aujourd’hui, je me demande si je suis à la hauteur. »

Nouvelle membre de l’Ordre du Canada, l’ancienne présidente de l’AFO a été décorée par le gouverneur général du Canada, David Johnston, pour son travail à la défense des droits à l’accès aux services en français en éducation et en santé en Ontario.

« Quand j’entends ça, c’est la chose dont je suis le plus fière car c’est ce que j’ai fait pendant toute ma vie et je suis fière qu’on le reconnaisse. Mais je ne suis pas seule à avoir travaillé là-dessus. J’aurais aimé pouvoir amener avec moi toutes celles et ceux qui ont contribué. Mais la salle n’aurait pas été assez grande! »

Mme Carrier-Fraser a contribué à la création des 12 conseils scolaires de langue française et à la mise sur pied du Collège Boréal et du Collège des Grands Lacs. Elle explique les raisons qui l’ont conduit à se battre pour l’éducation de langue française.

« Je suis originaire de Hearst et là-bas, je prenais pour acquis qu’en Ontario, tout le monde parlait français. Quand je suis arrivée dans le Sud de la province, je me suis rendue compte que les francophones n’avaient aucun droit. J’ai alors travaillé en anglais, mais rapidement j’ai réalisé que je commençais à perdre ma propre langue maternelle. Je me suis dit : mes deux filles ne passeront pas leur vie sans avoir une éducation de langue française! Et c’est de là qu’est parti mon engagement. »

Aujourd’hui, elle juge toutefois qu’il reste encore à faire dans le domaine de l’éducation.

« La qualité de l’éducation, c’est toujours  quelque chose qu’il faut retravailler. Je pense aussi qu’il faut une plus grande coopération entre les conseils scolaires. On est trop peu nombreux pour ne pas travailler dans la même direction et certains ont tendance à oublier que quand on a créé les conseils scolaires, on s’était dit que c’était avant tout pour améliorer la qualité de l’éducation et s’assurer que nos jeunes francophones aient accès à un système d’éducation qui reflète leurs besoins. »

Fière du travail qu’elle a accompli à l’AFO pour redonner une crédibilité publique à l’organisme et le rapprocher des minorités ethnoculturelles, elle regarde avec satisfaction le chemin parcouru depuis par l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens.

Désormais, Mme Carrier-Fraser se concentre sur la question de la santé en français. Membre du Conseil consultatif des services de santé en français du ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario, qu’elle préside, elle travaille de près avec le ministre Éric Hoskins.

« On n’est pas encore rendu où on voudrait être, mais il y a de l’écoute. Ça nous a pris plus de 25 ans pour avoir nos droits en éducation et nos écoles, alors en santé… Je ne verrai sans doute pas le système de santé complété pour les francophones. »

Mais cela n’empêche pas la militante de garder la même abnégation, après plus de quatre décennies à revendiquer.

« On me demande souvent si un jour, il n’y aura plus besoin de se battre? Ma réponse est toujours la même : jamais! Quand tu es minoritaire, tu dois toujours rappeler aux gens que tu existes. »

Autres nominations

Parmi les 45 personnes honorées vendredi, plusieurs se sont également distinguées pour leur travail en francophonie canadienne ou pour la dualité linguistique.

C’est notamment le cas de la romancière, Marguerite Andersen, qui outre son talent littéraire, d’essayiste et d’universitaire, a été la directrice de la revue Virages, la seule revue canadienne de création littéraire d’expression française hors Québec. Mme Andersen a été reconnue pour sa contribution à la promotion et à l’évolution de la littérature francophone au Canada.

Ellen Bialystok, a pour sa part été faite officier de l’Ordre du Canada. La professeure de psychologie à l’Université York a travaillé sur les avantages du bilinguisme à l’échelle internationale, invalidant les stéréotypes voulant que le bilinguisme gêne les compétences cognitives et démontrant que la maîtrise de deux langues aide une personne à exécuter une gamme de tâches de réflexion complexes et pourrait même atténuer les effets initiaux de la démence.

Arbitre en relations de travail axé sur les industries de compétence fédérale comme le transport ferroviaire, le transport aérien et le service postal, Michel Picher, a été salué pour ses efforts à tenir compte des préoccupations des francophones dans les arbitrages de haut niveau.

Créé en 1967, l’Ordre du Canada, une des plus prestigieuses distinctions honorifiques civiles au pays, reconnaît des réalisations exceptionnelles, le dévouement remarquable d’une personne envers la communauté ou une contribution extraordinaire à la nation.