La Cité prend tranquillement sa place à Toronto

TORONTO – Malgré un marché d’établissements postsecondaires extrêmement compétitif à Toronto, la directrice du campus torontois du collège La Cité estime que son institution francophone prend tranquillement sa place. De 13 étudiants, l’an dernier, le campus en accueillera au moins 25 lors de la prochaine rentrée.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« On visait 25 étudiants à l’automne, on a atteint notre cible », lance Judith Charest, directrice du collège La Cité à Toronto. « On se donnait cinq ans pour dire ce qui fonctionne ou pas. On est sur la bonne voie », assure-t-elle, alors que cette rentrée marquera le troisième anniversaire du petit campus torontois.

Reste que les défis demeurent en matière de recrutement. « Je le dis : c’est un milieu presque hostile. Il y a la grandeur de Toronto qui est un défi. Où est-ce qu’on doit diffuser l’information pour rejoindre les gens, ce n’est pas simple. On constate que ça fonctionne beaucoup avec le bouche-à-oreille », affirme Mme Charest.

Bon nombre d’élèves franco-ontariens de la région du centre-sud-ouest de la province décident de poursuivre des études en anglais au postsecondaire, rappelle-t-elle. « Dans cette région-ci, la majorité ne va pas étudier en français. Nous et les autres institutions francophones avons la lourde tâche de tenter de les convaincre », dit-elle.

Samedi matin, une rencontre organisée par l’institution a accueilli bon nombre de curieux. Même après le début des discussions, plusieurs nouveaux étudiants potentiels s’ajoutaient au fil de la matinée. La directrice espère que certains d’entre eux s’inscriront et gonfleront la cohorte qui doit débuter au cours des prochains jours.

Le programme de journalisme pourrait profiter de nouvelles inscriptions, alors qu’il n’y a pour l’instant pas assez d’étudiants pour relancer les cours à l’automne.

Un nouveau programme en restauration et hôtellerie

Outre une nouvelle offre de cours en administration en janvier prochain, La Cité mise sur une nouvelle niche pour s’illustrer l’an prochain. Le campus torontois est à développer un programme en restauration et hôtellerie.

« C’est un créneau pour lequel il n’y a pas d’offre en français. Le fait que Toronto est une ville très touristique et accueille beaucoup de touristes francophones justifie de lancer un tel programme. Il y a beaucoup d’engouement même dans les écoles secondaires avec des cours autour de la restauration. On pense attirer cette clientèle-là », explique Judith Charest. « Et pour la clientèle immigrante, la restauration est souvent la porte d’entrée pour le marché de l’emploi. Il n’est pas toujours nécessaire d’avoir un anglais parfait. Le programme permettra de professionnaliser tous ces gens », complète-t-elle.

À Toronto, le Collège George Brown offre un programme similaire, mais à de très grandes cohortes. Le collège La Cité compte miser sur son offre en français et ses cours quasi personnalisés pour s’illustrer et accaparer une part du marché. La Cité est à la recherche de son corps professoral dans le domaine et invite les restaurateurs francophones à venir partager leur expérience ou de prêter leur cuisine pour certains cours pratique.

Miser sur sa différence

Malgré certains obstacles, Judith Charest croit dur comme fer au potentiel de la recette de la Cité à Toronto. Parfois, un étudiant peut compléter les 45 heures d’un cours en seulement deux fins de semaine, rappelle-t-elle. Aussi, ce sont des professionnels du milieu qui les enseignent et l’institution mise sur un enseignement en petits groupes. « On ne veut pas plus que huit étudiants par classe », tranche Mme Charest.

La différence semble charmer certains étudiants. « Avec des cours un week-end sur deux et des cours à distance, je peux travailler, m’occuper des enfants et étudier », affirme Eloe Viviane, qui est inscrite en éducation en services à l’enfance. « Je viens de Côte d’Ivoire, ça fait seulement deux ans que je suis au Canada. Je suis tellement contente des opportunités que j’ai ici en Ontario », lance-t-elle. Aminata Sarr a aussi décidé d’étudier dans le programme. « Je crois que c’est important d’avoir les bonnes méthodes et d’avoir un diplôme me permettra d’être mieux payé et de contribuer à la société », dit la femme originaire d’Afrique, qui a quitté l’an dernier le Québec pour l’Ontario.

La clientèle de La Cité à Toronto est adulte et en grande partie issue de l’immigration. Un travail est donc fait pour les aider à obtenir des équivalences de diplômes.

Un projet de recherche sera lancé prochainement pour vérifier l’efficacité du modèle de La Cité à Toronto. « On veut s’assurer des compétences des diplômés et vérifier si elles sont comparables à celles du modèle traditionnel », précise Mme Charest.