Inconduite sexuelle : le débat s’envenime

L'ancien député libéral Kim Craitor a dû démissionner en 2013 à la suite d'une enquête interne sur des allégations d'inconduite sexuelle. Wikipédia

TORONTO – Le gouvernement libéral de Kathleen Wynne défend sa gestion de deux incidents allégués d’inconduite sexuelle au sein du parti au pouvoir à Queen’s Park et accuse l’opposition de vouloir politiser le dossier.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Alors que la première ministre a révélé l’identité d’un ancien député visé par des allégations de harcèlement sexuel, Kim Craitor, qu’elle a chassé de son siège dans Niagara Falls à la suite d’une enquête interne en 2013, le mystère planait toujours sur l’autre incident présumé, lundi 9 mai.

M. Craitor, qui a été élu en 2014 au conseil municipal de Niagara Falls, a confié à un journal de sa ville qu’il avait été forcé de quitter son siège de député provincial à la suite d’allégations « non fondées » de harcèlement sexuel.

Aucune accusation criminelle n’a été déposée dans cette affaire.

Le clan Wynne dit avoir géré le cas de M. Craitor dans le respect de sa victime présumée, qui aurait signé une entente de confidentialité avec le gouvernement.

« Nous essayons de créer un espace sécuritaire pour que les victimes racontent leurs histoires », a déclaré la vice-première ministre Deb Matthews à sa sortie de la période de questions à Queen’s Park, le 9 mai. « Il serait irresponsable de notre part de briser (nos ententes de) confidentialité avec les victimes », a-t-elle ajouté. « C’est très préoccupant pour moi de voir des députés de l’opposition qui essaient de politiser cet enjeu. »

Silence dénoncé

L’opposition, elle, est demeurée dubitative.

« Pourquoi (la victime) a-t-elle senti qu’elle ne pouvait pas parler (pendant trois ans)? Est-ce que c’est à cause de l’entente (de confidentialité) qu’elle a signée ou qu’elle s’est sentie obligée de signer? On dirait qu’il y a eu des restrictions », a laissé entendre la députée progressiste-conservatrice Laurie Scott.

La chef néo-démocrate Andrea Horwath a condamné le silence entourant le deuxième cas allégué d’inconduite sexuelle au sein du caucus libéral.

« Je ne comprends pas la logique pour la première ministre de (…) nommer une personne et pas l’autre. J’ai l’impression que ça soulève des questions au lieu d’y apporter des réponses », a insinué Mme Horwath à la presse parlementaire. « La première ministre a dit qu’il y avait deux personnes impliquées. Pourquoi en identifier une et pas l’autre? »

Mme Horwath a dénoncé une fois de plus l’inaction de la première ministre après que le ministre Bob Chiarelli eut accusé la chef de la deuxième opposition de « pisser dans toutes les directions » pendant un débat agité, la semaine dernière. C’est « deux poids, deux mesures », selon elle.

L’entente de confidentialité qu’a signée l’ancienne employée et victime présumée de Kim Craitor et l’indemnité de départ qu’a elle reçue n’avaient pas pour but de la museler, selon Deb Matthews. « Nous n’empêcherions jamais quelqu’un qui veut rendre publique son histoire de le faire », a-t-elle insisté.