Immigration francophone : légère tendance à la hausse ces dernières années

Le ministre sortant de la Citoyenneté et de l'Immigration, Chris Alexander.

OTTAWA – Maintes fois dénoncé, le chiffre de 1,46 % d’immigration francophone hors Québec au cours de la période 2006-2011 reste anormalement bas. C’est pourtant le plus élevé des dernières années.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

D’après les chiffres obtenus par #ONfr provenant de l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) réalisée par Statistique Canada en 2011, il y a eu une augmentation de la proportion d’immigrants francophones en dehors de la Belle Province sous les deux premiers mandats de Stephen Harper.

Entre 2001 et 2005, les provinces francophones en situation minoritaire n’avaient accueilli que 1,11 % de nouveaux arrivants ayant le français comme première langue.

Le taux n’était que de 1,03 % pour la période 1971-1980, 0,94 % (1981-1990) et un creux à 0,85 % entre 1991 et 2000.

En valeur absolue, les provinces en situation minoritaire ont reçu un total de 13 750 immigrants francophones de 2006 à 2011. C’est mieux en tout cas que les 9 225 arrivés entre 2001 et 2005. Bien que s’étalant sur dix années, les autres périodes ont accueilli un nombre restreint de francophones : 11 435 (1991-2000), 7 705 (1981-1990), et 7 810 (1971-1980).

« Les améliorations correspondent aux efforts des années 2000 », souligne la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), Sylviane Lanthier. Nous sommes arrivés à avoir de meilleurs résultats en centrant mieux la clientèle francophone. »

La très légère hausse a peut-être une explication plus simple : la proportion d’anglophones immigrant hors Québec n’est plus aussi massive qu’auparavant. De 39,43 % entre 1971 et 1980, ils n’étaient plus que 17,56 % de 2006 à 2011.

Pour Claude Grenier, professeur d’économie à l’Université d’Ottawa, les résultats de l’ENM sont avant tout à prendre avec des pincettes. « Les chiffes dépendent beaucoup de facteurs. Par exemple, il y a eu un afflux d’immigrants francophones au Canada après le tremblement de terre à Haïti en 2010. »

L’enseignant reconnaît que la communauté francophone vit une situation « frustrante » et « fragile ».

 

Combat inachevé

Les résultats cachent pourtant une réalité bien plus sombre. En septembre 2014, la suppression du programme Avantage significatif francophone, destiné à simplifier le processus d’embauche de travailleurs qualifiés d’expression française, mettait de l’huile sur le feu entre la FCFA et le gouvernement.

Depuis, l’organisme porte-parole des francophones en situation minoritaire réclame encore plus ardemment une meilleure implication du gouvernement fédéral pour tenir son engagement en matière d’immigration francophone.

À savoir atteindre la cible de 4,4% d’ici 2023 fixé en 2003, laquelle permettrait un meilleur épanouissement de la communauté francophone.

Lancé en janvier et sensé dynamiser l’immigration francophone hors Québec, le programme électronique Entrée Express ne répond toujours pas aux attentes de la FCFA.

Le Parti libéral du Canada (PLC) et le Nouveau Parti démocratique n’ont de cesse de fustiger la politique du gouvernement Harper sur l’immigration francophone, tout en se montrant flous sur les solutions.

À noter que le ministre sortant de la Citoyenneté et de l’Immigration, Chris Alexander, n’a pas retourné nos appels concernant une demande d’entrevue.