Immigration francophone : l’AFO interpelle le fédéral

Le président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, Carol Jolin. Archives ONFR+

SUDDBURY – L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) continue de dévoiler ses priorités en matière d’immigration. Elle souhaite la remise sur pied de l’Initiative de développement des « collectivités accueillantes » (IDCA).

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Une idée qui représente la seconde recommandation du Livre blanc sur l’immigration francophone en Ontario de l’organisme porte-parole des 611 500 Franco-Ontariens.

Dévoilée mardi 21 mars dans le cadre du Forum régional de l’immigration francophone du  Nord de l’Ontario à Sudbury, cette recommandation se veut un moyen « d’interpeller » Immigration, Réfugiés et Citoyennetés Canada (IRCC).

Grosso modo, l’IDCA a pour mission de soutenir les municipalités à l’accueil de nouveaux arrivants. Une aide au niveau des ressources humaines ou bien de l’infrastructure.

Pour obtenir le « label » de communautés accueillantes, les collectivités doivent répondre à 17 critères spécifiques, par exemple des « possibilités d’emploi », « la promotion du capital social », « le logement abordable et adéquat », ou encore « une attitude positive à l’égard des immigrants ».

Selon plusieurs sources, ce programme fédéral serait en réalité « peu utilisé » par le gouvernement, limitant en conséquence les appels d’offres nécessaires de la part des communautés.

Le dernier appel de propositions de ce programme s’est conclu en mars 2016. Il s’agissait alors d’une aide destinée aux réfugiés syriens.

Le site du gouvernement fédéral décrit d’ailleurs l’IDCA comme « une approche » à trois volets axée « sur la création de liens entre les nouveaux arrivants et les Canadiens, l’élimination des obstacles à l’intégration par le développement de collectivités accueillantes, et l’éducation contre le racisme ».

« On peut parler d’une volonté de relance », soutient à #ONfr, Carol Jolin, président de l’AFO. « Concrètement, il s’agit pour les communautés d’obtenir du financement pour les pourvoyeurs de services qui aideront les gens une fois sur place. »

Pour lui, « les ressources humaines ne sont pas assez suffisantes », réaffirmant au passage la nécessité de l’immigration francophone pour contrer le recul des Franco-Ontariens.

Le 23 février, l’AFO avait rendu public une première recommandation. À savoir le souhait d’un « Destination Ontario français ». En d’autres mots, la volonté de voir le ministère des Affaires civiques et de l’Immigration de l’Ontario ainsi qu’IRCC développer des stratégies de recrutement ciblées dans les pays francophones.

« Ces recommandations successives sont une question de visibilité. On prépare en fait le terrain au grand lancement du Livre Blanc », précise M. Jolin.

Accompagnée des Réseaux en immigration francophone pour l’Ontario, l’AFO dévoilera le Livre Blanc ce jeudi, soit quelques jours avant le Sommet sur l’immigration francophone de Moncton (30 et 31 mars).

Réaction de Lalonde

Marie-France Lalonde, la ministre déléguée aux Affaires francophones de l’Ontario, accueille d’un bon oeil la seconde recommandation formulée par l’AFO, tout indiquant qu’un meilleur accueil des immigrants, en collaboration avec le fédéral, pourrait se faire.

« Il y a des services, mais ils sont fragmentés », concède-t-elle.

La ministre insiste que tout changement au processus d’immigration doit se faire en partenariat avec le gouvernement fédéral, rappelant qu’elle sera bien présente à Moncton pour le sommet national sur la question.

Mme Lalonde ajoute qu’elle souhaite poursuivre l’engagement de son gouvernement à atteindre la cible d’accueil de 5 % d’immigrants francophones.

« Nous voulons atteindre notre cible de 5 %, nous devons travailler avec le gouvernement fédéral et on veut faire mieux pour accueillir nos nouveaux arrivants », a-t-elle pris soin de souligner.

Article écrit avec la collaboration de Jean-François Morissette