Immigration francophone : des vrais défis pour London

Des consultations communautaires sur l'immigration francophone ont eu lieu dans la province.Archives #ONfr

LONDON – Attirer les immigrants francophones à l’extérieur des grands centres amène son lot de problèmes. Toutefois, selon les participants à la consultation communautaire sur l’immigration francophone de London, organisée par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) le jeudi 19 janvier, ce n’est pas une question de ressources, mais bien d’accueil en français

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE 
jmorissette@tfo.org@JFMorissette72

Pour Philippe Morin, chef régional au Collège Boréal, le défi est de pouvoir accueillir les immigrants en français plutôt qu’en anglais. Lors de la rencontre, il a déploré qu’un seul organisme dans la région de London ait le mandat d’accueillir les nouveaux arrivants et que le tout se fasse en anglais.

« J’ai au moins deux cas où l’on a dirigé des francophones dans des organismes anglophones et après, ils nous contactent pour nous dire qu’ils ne sont pas capables de communiquer », a-t-il expliqué en entrevue à #ONfr.

Il se désole qu’en aucun cas durant le processus d’accueil dans la région, on ne demande aux immigrants la langue parlée.

« Après ça, c’est un effet domino, ils ne sont tout simplement pas aiguillés vers les services en français qui sont pourtant disponibles », a argumenté le chef régional du Collège Boréal.

Philippe Morin estime qu’il ne s’agit absolument pas d’une question de ressources, puisqu’il indique qu’au Collège Boréal tout est là pour faire un accueil en français.

Des disparités régionales

Didier Marotte, directeur général du centre communautaire francophone Windsor-Essex-Kent (CCF-WEK), note que l’insertion au marché économique reste tout de même le défi numéro 1 lors de l’accueil de nouveaux arrivants. Selon lui, la ville de Windsor, où il travaille, a un avantage attractif considérable si l’on tient compte du multiculturalisme inhérent à la ville.

« Il y a une certaine avance et ouverture par rapport à l’accueil de nouveaux arrivants à Windsor », explique le directeur général. « Il y a un accès plus facile aux ressources dans ce contexte. »

Toutefois, il note que London reçoit plus de soutien de la part de la municipalité en ce qui a trait aux campagnes de recrutement de nouveaux arrivants.

Didier Marotte, directeur général du centre communautaire francophone Windsor-Essex-Kent (CCF-WEK)

Un problème en amont

Pour Gaston Mabaya, directeur de l’Association canadienne-française de London-Sarnia (ACFO-LS), le problème n’est pas seulement au niveau local, mais bien plus haut en amont.

Par exemple, il remarque que bien souvent les informations fournies dans les ambassades canadiennes dans les pays africains, dont beaucoup d’immigrants francophones proviennent, ne sont pas toujours bien données.

Des propos soutenus par Jean-Pierre Cantin, directeur général du Centre communautaire régional de London.

« L’information est là, mais on dirait qu’elle n’est pas accessible. Si l’on prend l’exemple des immigrants francophones en provenance d’Afrique, on les réfère à l’internet, mais ils n’y ont pas toujours accès », a-t-il expliqué.

Une meilleure collaboration entre les organismes

Didier Marotte estime que les ressources sont toujours au centre des discussions lorsque vient le temps de parler d’immigration. Il ne doute aucunement de la compétence des organismes communautaires du sud-ouest, toutefois, Didier Marotte note que si l’immigration francophone veut espérer avoir plus de succès, il faut que les organismes francophones collaborent plus et cessent d’être en compétition pour obtenir du financement de la part des gouvernements.

Des propos qui ont d’ailleurs été soutenus par la majorité des participants de la consultation communautaire de London.

À la sortie de la rencontre communautaire, M. Marotte s’est dit confiant que les discussions tenues à London allaient ouvrir un débat sur les véritables enjeux de l’immigration francophones dans le Sud-Ouest de l’Ontario.


« Ce n’est pas une question de choix, c’est une question d’obligation. On doit regarder notre façon de travailler pour la pérennité de nos communautés. Dans le futur, il faut vraiment revoir qui l’on est et ce que l’on fait pour pouvoir remanier les choses et mieux se positionner » – Didier Marotte


Des consultations similaires ont déjà eu lieu, entres autres à Hamilton et Ottawa. Les discussions tenues aux quatre coins de la province serviront à l’AFO pour l’écriture d’un Livre blanc sur l’immigration francophone qui sera dévoilé avant le sommet sur l’immigration au mois de mars à Moncton.