Immigration en français : l’exemple de Destination Acadie

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TORONTO – Est-ce que la province doit se doter d’un outil spécifique pour faire la promotion de l’Ontario français à l’international? #ONfr s’est penché sur la question alors que la 11e édition de la Journée de réflexion sur l’immigration francophone arrive à grands pas.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE 
jmorissette@tfo.org@JFMorissette72

À l’image de Destination Acadie, un outil dont s’est dotée la Société nationale de l’Acadie (SNA) dans les provinces maritimes, cela permettrait de faire la promotion de l’Ontario français en allant directement à l’étranger pour inviter les futurs immigrants à s’installer dans la province.

En Ontario, il n’y a aucun programme spécifique pour aller faire du recrutement dans les pays francophones. En fait, la province détient une délégation au sein du programme Destination Canada, mais cela ne vise pas uniquement les pays dont le français est la première langue et ne vante pas uniquement la force de l’Ontario français.

Destination Acadie, qui a vu le jour il y a près de cinq ans, a déjà effectué quatre voyages en Europe et en Afrique du Nord pour vanter la vie en français dans l’Est canadien.

L’an dernier, la délégation acadienne s’est arrêtée à Bruxelles, Paris, Casablanca, Rabat et Marrakech.

Un outil parmi tant d’autres

Carol Jolin, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), se dit favorable à un tel projet pour l’Ontario français, mais met toutefois la proposition en perspective. Selon lui, l’immigration francophone reste une question à plusieurs facettes et nécessite plus qu’une simple promotion à l’international.

« C’est évident qu’il faut travailler avec les autres partenaires pour fournir des informations pertinentes sur ce qui se passe en français en Ontario », concède-t-il.

À ses yeux, la récente adhésion de l’Ontario à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) à titre de membre observateur est un grand pas en avant et sera une plateforme de choix pour faire la promotion de la vie en français en Ontario.

Le président de l’AFO ajoute que la promotion reste seulement une partie de l’équation. Il faut également améliorer l’accueil et la rétention en français de ces nouveaux arrivants.

« C’est important que l’on se donne les infrastructures pour agir à tous les niveaux et ça, c’est essentiel. Il va falloir une meilleure coordination entre le gouvernement fédéral et provincial », conclut-il.

Un programme géré par l’AFO?

À savoir si l’AFO pourrait prendre les reines d’un tel programme, le président Carol Jolin ne ferme pas la porte, mais souligne bien que les fonds devront être disponibles.

« La question est toujours celle du financement. Il faudrait s’assurer que l’on a les sous avant. On ne va pas comme ça outre-mer pendant une dizaine de jours sans calculer les coûts reliés à toute l’opération », commente M. Jolin.


« Si l’on peut avoir des résultats concrets, ça peut être quelque chose qu’il faudrait explorer. Il faudrait aussi voir de quelle façon on pourrait s’allier avec le ministère de l’Immigration pour être capable de travailler dans ce sens-là » – Carol Jolin


Actuellement, l’AFO conclut une tournée provinciale sur l’immigration francophone. Ces rencontres tenues aux quatre coins de la province serviront à l’organisme pour l’écriture d’un Livre blanc sur la question qui doit être dévoilé avant le grand sommet sur l’immigration francophone qui aura lieu à Moncton fin mars.

Déjà des efforts, selon le ministère

Dans un échange de courriels avec une porte-parole du ministère des Affaires civiques et Immigration, on assure que la francophonie fait partie d’une part importante de la stratégie de recrutement des immigrants pour l’Ontario.

« Comme les admissions relèvent de la responsabilité du gouvernement fédéral, nous collaborons avec nos partenaires fédéraux à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) pour discuter de l’immigration francophone en Ontario. Étant donné que la majorité des immigrants arrivent en Ontario grâce à des programmes fédéraux d’immigration, l’Ontario continue de collaborer avec l’IRCC pour accroître la sélection des immigrants francophones », a-t-on expliqué à #ONfr.

Sans dire qu’un outil comme Destination Ontario serait souhaitable ou prendre position sur la question, la porte-parole du ministère des Affaires civiques et Immigration a ajouté qu’une promotion spéciale pour la langue de Molière est faite à l’intérieur de Destination Canada et que de la publicité existe pour l’Ontario français de manière sporadique.

Cette même porte-parole a confirmé qu’un groupe d’experts a été formé pour aviser le ministère des Affaires civiques et Immigration sur les meilleures méthodes afin d’améliorer l’immigration francophone dans la province.