Hudak déballe son plan, dépoussière Drummond

TORONTO – Le chef progressiste-conservateur Tim Hudak revisite quelques passages oubliés du rapport Drummond dans son plan pour équilibrer les finances de l’Ontario et créer 1 million d’emplois, qu’il a dévoilé dans son intégralité, le mercredi 14 mai.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Le Parti progressiste-conservateur veut abolir 9700 emplois de soutien dans les écoles, comme l’a proposé l’économiste de renom Don Drummond dans son rapport sur l’assainissement des finances publiques de l’Ontario, en 2012.

Ces 9700 postes font partie des 100 000 emplois dans la fonction publique que veulent éliminer les progressistes-conservateurs, s’ils forment le prochain gouvernement à Queen’s Park, après les élections provinciales du 12 juin.

« Pour être en mesure de bâtir une société compatissante et améliorer les services qui nous importent le plus, nous devons implanter de toute urgence un plan pour équilibrer le budget et créer des emplois », a déclaré M. Hudak lors d’une séance de discussion ouverte dans un hôtel du centre-ville de Toronto.

Le clan Hudak autoriserait aussi une hausse « modeste » du nombre d’élèves par classe au niveau élémentaire, en plus de geler les salaires des enseignants et des éducateurs dans les services de garde d’enfants publics de la province.

Sous l’égide des progressistes-conservateurs, et comme l’avait recommandé M. Drummond, la prestation ontarienne pour enfants serait gelée, et non augmentée. Le rabais de 30% des droits de scolarité offerts à certains étudiants des collèges et universités serait aboli. Le couperet tomberait aussi sur les crédits d’impôts pour l’aménagement du logement des aînés.

Les libéraux de Dalton McGuinty avaient refusé d’implanter toutes les recommandations du rapport Drummond, jugeant ce remède de cheval trop difficile à avaler, en 2012.

Des choix « difficiles »

« Nous avons des choix difficiles à faire. Les prochaines années ne seront pas faciles. Ce n’est pas simple de se sortir d’un gouffre. Mais plus nous attendons, plus le gouffre devient profond et plus il est difficile d’en sortir », a lancé le chef progressiste-conservateur devant une foule déjà conquise.

Pour arriver à créer 1 million d’emplois d’ici 2022, les progressistes-conservateurs promettent, entre autres, d’équilibrer le budget plus tôt que prévu, de remplacer les subventions aux entreprises par des baisses d’impôts, de réduire les tarifs d’électricité et déréglementer le secteur des métiers spécialisés.

Aussi, le clan Hudak privatiserait des sociétés d’État, confierait à des sous-traitants des services publics comme les trains GO, et ouvrirait la porte à une participation du secteur privé dans le système de santé.

Un État-minceur aurait les moyens de baisser les impôts des entreprises de 30%, selon M. Hudak. Et des entreprises moins taxées auraient les moyens de créer des emplois, à son avis.

« Lorsque nous nous serons sortis du gouffre, lorsque nous aurons équilibré le budget, lorsque les gens seront de retour au travail, nous allons reconnaître notre travail acharné. Nous allons nous assurer que chaque contribuable de l’Ontario reçoive un rabais d’impôt. Nous visons 10% », a indiqué M. Hudak.

Les libéraux prennent les devants

Les compressions de M. Hudak ont donné des munitions au gouvernement libéral sortant de Kathleen Wynne, qui n’hésite pas à tracer des liens avec le règne mitigé de Mike Harris.

« Licencier 100 000 employés (…) ferait tort aux familles, nuirait aux enfants, éliminerait des services essentiels et dévasterait notre économie. J’ai pu voir de manière très directe le tort fait à nos écoles à l’époque de M. Harris, et la guerre déchaînée dans le monde de l’éducation », a réagi Mme Wynne, de passage à Guelph, le 14 mai.

L’austérité que prêchent les progressistes-conservateurs semble aussi rebuter les électeurs.

Alors que M. Hudak filait vers une victoire au déclenchement des élections, c’est maintenant Mme Wynne qui prend les devants avec 38% des intentions de vote, selon un sondage Forum Research, publié le 14 mai. Les progressistes-conservateurs récolteraient 35% des appuis, les néo-démocrates, 21% et les verts, 5%, selon le même coup de sonde.