Grèves scolaires : les libéraux y vont d’une loi spéciale

Liz Sandals, ministre de l'Éducation. Archives, #ONfr

TORONTO – Le gouvernement libéral de Kathleen Wynne a déposé, le lundi 25 mai, un projet de loi spéciale pour forcer le retour au travail des enseignants des écoles secondaires publiques anglophones dans trois conseils scolaires de l’Ontario, certains en grève depuis six semaines.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.orgfpdufault

La décision de Queen’s Park est tombée peu après que la Commission des relations de travail en éducation de l’Ontario (CRTÉO) eut statué que les grèves dans les régions de Durham, Peel et Sudbury compromettaient les chances de succès de quelque 72000 élèves à un mois de la fin de l’année scolaire.

« Nous respectons nos enseignants et leur droit de grève. Mais notre gouvernement doit prioriser, avant toutes autres choses, les besoins des élèves pour qu’ils puissent retourner à l’école et compléter leurs études », a déclaré Liz Sandals, ministre de l’Éducation, lors d’un point de presse, le 25 mai.

Mme Sandals a parlé d’un choix « difficile mais nécessaire ».

Les enseignants du secondaire dans les écoles publiques anglophones dans la région de Durham entamaient leur sixième semaine de grève au moment de l’annonce de la loi spéciale. Leurs collègues dans les régions de Peel et Sudbury étaient sur les lignes de piquetage depuis quatre semaines et deux semaines, respectivement.

 

« Rien pour mettre fin au chaos »

« Nous souhaitons une adoption rapide de cette loi », a exhorté le progressiste-conservateur Garfield Dunlop, sur la même longueur d’ondes que le gouvernement libéral. « C’est très important que les élèves (de la 12e année) obtiennent leur diplôme. Et il ne reste que 25 jours d’école. Il faut agir au plus vite. »

La ministre Liz Sandals a dit souhaiter un retour à la normale dans les écoles en grève dès le lendemain du dépôt de son projet de loi. Elle a demandé l’appui unanime de l’opposition pour accélérer l’adoption du document, le 25 mai.

Le NPD en a toutefois décidé autrement.

« Ce gouvernement n’a pas fait preuve de sérieux à la table des négociations. Il n’a rien fait pour mettre fin au chaos », a fustigé la chef néo-démocrate Andrea Horwath à sa sortie de la période de questions à Queen’s Park. « Il ne va pas maintenant arriver devant la Législature pour y faire adopter une résolution antidémocratique et faire taire l’opposition. Ça n’arrivera pas. »

Mme Horwath a estimé qu’en ayant recours au bâillon pour limiter les débats parlementaires, le gouvernement majoritaire serait tout de même en mesure de faire adopter sa loi spéciale dans un délai de trois à quatre jours, avec un retour en classe au plus tard le vendredi 29 mai.

Les débats à Queen’s Park ont été prolongés jusqu’à minuit exceptionnellement pour accélérer l’adoption de la loi spéciale.

 

Risque de grève générale

« Il ne ressort rien de positif d’un réduction législative du droit fondamental d’un syndicat de négocier librement et de retrancher des services lorsque c’est nécessaire », a réagi avec déception Paul Elliott, président de la Fédération des enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (FEESO), le 25 mai. « Comme leurs prédécesseurs qui ont fait adopter la loi spéciale 115 en 2012, c’est clair que la ministre et la première ministre préfèrent légiférer que négocier. »

L’adoption d’une loi spéciale pour casser les grèves dans Durham, Peel et Sudbury viendra, par ailleurs, empêcher les enseignants du secondaire dans ces trois conseils scolaires de redescendre dans la rue si jamais leurs collègues ailleurs dans la province décident du déclenchement d’une grève plus large d’ici la fin juin.

Les syndiqués de la FEESO sont en position de grève légale à l’échelle provinciale. Leurs collègues des écoles élémentaires publiques anglophones ont, eux aussi, entrepris des moyens de pression. Les enseignants francophones et ceux des écoles catholiques anglophones pourraient débrayer à leur tour au début de la prochaine année scolaire.