Francophonie : les partis pas tous aussi loquaces

TORONTO – Les principales formations politiques de l’Ontario ne sont pas toutes aussi loquaces, ni ponctuelles lorsqu’il est question d’enjeux francophones.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

C’est, du moins, ce que révèlent les réponses très inégales de trois des quatre partis provinciaux sondés par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) sur les grandes questions qui préoccupent la communauté franco-ontarienne, à l’approche des élections provinciales du 12 juin.

Si le Parti libéral y va d’une réponse-fleuve de 17 pages évoquant tout le chemin parcouru depuis l’adoption de la Loi de 1986 sur les services en français, le Parti progressiste-conservateur, lui, se contente d’une lettre d’à peine une page qui résume, en somme, son plan pour créer 1 million d’emplois dans la province.

Les libéraux de Kathleen Wynne disent se baser sur « une riche tradition d’investissements dans la communauté franco-ontarienne » et demeurer à l’affût de ses préoccupations, notamment en matière d’éducation, de santé, d’immigration et de désignation de nouvelles régions en vertu de la Loi sur les services en français.

« Nous prenons notre engagement envers l’éducation postsecondaire en français très au sérieux, comme démontré par notre intervention pour assurer la continuité des programmes postsecondaires agroalimentaires de langue française au collège d’Alfred après l’annonce de fermeture de l’Université de Guelph », mentionne le document libéral.

Pas d’engagement des libéraux quant à une université de langue française, par contre.

Des emplois, mais pas de français

Les progressistes-conservateurs de Tim Hudak, eux, n’abordent aucunement les questions francophones dans leur brève missive, essentiellement à caractère économique.

« Notre Plan pour 1 million d’emplois me passionne énormément car il vise à ramener des emplois vers l’Ontario, tout en mettant fin aux dépenses folles, en équilibrant le budget et en contrôlant la dette. Notre plan se fie sur la notion que le gouvernement devrait être plus restreint tout en étant capable de bien faire bien (sic) ce qu’il doit réaliser », écrit M. Hudak à l’AFO.

Promouvoir l’offre active

Plus étoffée et plus ciblée sur les enjeux francophones, la réponse du Nouveau Parti démocratique (NPD) d’Andrea Horwath fait mention, entre autres, des démarches de la députée France Gélinas pour donner au Commissariat aux services en français son indépendance de l’Assemblée législative. « Grâce à nos efforts, les libéraux ont finalement agi, l’automne dernier », souligne la formation.

Le NPD s’engage, entre autres, à « élaborer une stratégie visant à promouvoir une offre active de services en français ».

Le Parti vert, lui, n’avait toujours pas donné suite au questionnaire de l’AFO, le vendredi 23 mai.

Délai supplémentaire

Notons que l’AFO a décidé de reporter de deux jours, du 21 au 23 mai, la publication des réponses des quatre principaux partis politique de l’Ontario à son questionnaire après que deux d’entre eux eurent demandé un délai supplémentaire.

« Ce que nous souhaitions faire, au départ, c’était mettre toute la brochette d’information sur notre site Internet au même moment. Les libéraux et le NPD ont fait leurs devoirs. Les progressistes-conservateurs et les verts nous ont demandés un peu plus de temps. Nous avons été raisonnables et nous leurs avons donnés deux jours de plus », a expliqué Denis Vaillancourt, président de l’AFO, à TFO.

C’est finalement sans les verts que l’AFO a décidé de publier les résultats de son sondage, sur sa page spéciale MonVoteFranco.ca.

L’organisme porte-parole des quelque 611 500 francophones de l’Ontario avait fait parvenir son questionnaire aux quatre principaux partis politiques de la province, le 7 mai, jour du déclenchement officiel des élections.

« Notre objectif, c’était d’abord d’obtenir des réponses des partis pour donner aux francophones la possibilité de faire un choix éclairé, le jour du scrutin », a rappelé M. Vaillancourt, dont l’organisme mène présentement une campagne de sensibilisation à l’importance pour les francophones d’aller aux urnes, le 12 juin.