Francophonie : cinq moments à retenir

TORONTO – L’avenir d’Hydro One et la négociation difficile avec les enseignants ont marqué la fin de la session parlementaire à l’Assemblée législative de l’Ontario, début juin. En comparaison, la francophonie a de nouveau paru bien pâle, voire oubliée à certains moments. Retour sur les cinq dossiers et événements marquants pour les Franco-Ontariens depuis le début de l’année.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

Statu quo pour le postsecondaire. Le politologue du Collège universitaire Glendon, Ian Roberge, est formel : le postsecondaire a été le plus « important dossier pour les francophones à Queen’s Park », au cours de la session parlementaire. Force est de constater que le gouvernement a légèrement modifié sa position sur le sujet. À savoir un « oui conditionnel » à l’université franco-ontarienne tout en renforçant l’aide financière pour les programmes en français dans le Centre-Sud-Ouest. Le 10 février en conférence de presse, le Regroupement étudiant franco-ontarien (REFO), accompagné pour l’occasion de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) et de de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), fixait tout de même 2018 pour l’établissement d’une université franco-ontarienne. Un objectif approuvé en fin de session par le Nouveau parti démocratique, mais dépendant de l’« état financier de la province » pour la ministre déléguée aux Affaires francophones, Madeleine Meilleur.

Un chef conservateur bilingue. Pour la première fois dans l’histoire de Queen’s Park, les progressistes-conservateurs se sont dotés d’un chef capable de s’exprimer très correctement en français. Le 9 mai, le député fédéral de Barrie, Patrick Brown, succédait au chef intérimaire Jim Wilson à la tête du parti. Le tout un an après la débâcle aux élections provinciales. Le nouvel homme fort du Parti PC a également surpris, prenant position en faveur d’une université franco-ontarienne. Un succès qui oblige du coup ses rivales en chambre, la première ministre Kathleen Wynne et la néo-démocrate Andrea Horwath, à redoubler de vigilance (et d’intérêt?) sur la cause francophone. « Il n y a rien qui laisse présager ce que M. Brown va faire avec les francophones », tempère de son côté M. Roberge.

Une cible pour l’immigration. Le dossier sur l’immigration francophone en zone minoritaire est devenu brûlant au niveau fédéral. L’enjeu est aussi de taille en Ontario puisque la province accueille moins de 3% d’immigrants francophones. Le 28 mai, Queen’s Park votait la Loi sur l’immigration en Ontario pour aider la province à « maximiser les avantages économiques de l’immigration ». Une directive qui fixe entre autres une cible de 5% d’immigration francophone pour les prochaines années. Pour Mme Meilleur, il s’agira désormais de mettre sur pied un « comité aviseur » pour développer le projet. Dans un second temps, l’Office des Affaires francophones (OAF) entend resserrer son partenariat avec le gouvernement fédéral sur l’immigration. « C’est quand même eux qui ont le dernier mot pour dire qui vient au Canada », concède la ministre déléguée.

Vers de nouvelles désignations. Derrière les bancs de Queen’s Park, l’OAF a paru donner un coup d’accélérateur sur le dossier des régions désignées. En témoigne, la volonté affichée de Mme Meilleur de faire d’Oshawa et Markham les 26e et 27e régions désignées en vertu de la Loi sur les services en français. En contrepartie, la vaste région de Durham, dont Oshawa fait partie, a été contrainte d’abandonner son projet de désignation globale faute d’appuis. « L’une de ces deux désignations va être annoncée au cours de l’été », avance Mme Meilleur. Un total de 25 régions reste sous le couvert de la Loi 8 de 1986 dans la province. Mais aucune n’a été ajoutée depuis Kingston en 2009.

400e de présence française. Les célébrations du 400e anniversaire de l’ensemencement de la francophonie dans la province par l’explorateur français Samuel de Champlain continuent d’aller bon train. Le gouvernement a détaillé un peu plus son enveloppe de 5,9 millions $ au cours des derniers mois. Quelque 1,4 million $ a été ainsi alloué à 62 organismes communautaires chargés de la tenue des activités. Une somme qui s’ajoutait au 1,4 million $ dans l’aménagement d’un parc commémoratif à Penetanguishene. Histoire de marquer aussi le coup, le gouvernement fédéral a profité de 2015 pour offrir 2,9 millions $ aux célébrations. « Tout le financement des 5,9 millions $ a été attribué, mais on garde encore une petite enveloppe », soutient Mme Meilleur.