Financement politique : front commun de l’opposition

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TORONTO – Trois partis d’opposition en Ontario ont décidé de faire front commun pour réclamer du gouvernement libéral de Kathleen Wynne la mise sur pied d’un comité indépendant qui serait chargé de proposer une réforme des règles du financement politique dans la province.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

La chef néo-démocrate Andrea Horwath s’est entourée de son homologue progressiste-conservateur Patrick Brown et du chef des verts Mike Schreiner pour réitérer sa demande pour un comité d’examen « non-partisan » composé d’élus et d’experts, mardi 19 avril.

« La meilleure façon de changer les règles du financement politique est d’avoir un processus non-partisan. Il faut que le processus soit irréprochable. Pour ça, il faut que le processus soit ouvert, démocratique et qu’il encourage la participation de la société civile pour que le produit final soit d’une fiabilité à toute épreuve », explique Mme Horwath à #ONfr.

Le comité que propose l’opposition à Queen’s Park et le Parti vert – qui n’a aucun député – serait composé d’un membre pour chacun des quatre principaux partis politiques dans la province et d’un représentant du secteur privé, un représentant du milieu syndical, un représentant du secteur non-gouvernemental et un universitaire.

« Les libéraux nous amènent sur une pente glissante lorsqu’ils nous disent qu’un gouvernement majoritaire peut à lui seul changer les règles du financement politique », prévient Mme Horwath. « Nous parlons ici d’un changement fondamental du fonctionnement de notre démocratie. »

Même s’il fait front commun avec les autres partis d’opposition, le chef progressiste-conservateur Patrick Brown dit qu’il continue de son côté à réclamer la tenue d’une enquête publique indépendante sur le financement politique et l’octroi de contrats du gouvernement, semblable à la commission Charbonneau au Québec.

« C’est important d’avoir une enquête », martèle M. Brown à #ONfr. « Le gouvernement doit expliquer pourquoi il a donné des objectifs de financement à ses ministres et pourquoi les ministres recueillent des dons auprès des mêmes entreprises qui obtiennent ensuite des contrats publics. »

Pour le chef des verts Mike Schreiner, c’est là « une occasion de montrer au public que nous pouvons faire de la politique différemment ».

Refus des libéraux

La première ministre Kathleen Wynne refuse de confier la réforme du financement électoral à un comité d’élus et d’experts.

« Il existe déjà un large consensus quant à la direction dans laquelle nous devons aller. J’ai eu une réunion avec les chefs des partis d’opposition pour obtenir leurs commentaires sur certaines questions, parce qu’il y a des questions », a déclaré Mme Wynne dans la Législature, le 19 avril. « Il y a des questions autour des subventions publiques (aux partis politiques), par exemple. Je ne sais pas ce que les chefs des partis d’opposition pensent de cette idée. »

Mme Wynne a déjà présenté les grandes lignes de son propre projet de réforme du financement politique, qu’elle a rédigé avant de rencontrer ses rivaux, et dont la principale mesure serait l’abolition des contributions d’entreprises et de syndicats aux partis politiques. L’idée de remplacer les dons politiques par des subventions aux partis en fonction du nombre de votes qu’ils obtiennent lors d’élections générales est également à l’étude.

Les libéraux à Queen’s Park ont promis de déposer un projet de loi sur la réforme du financement politique d’ici la fin de la session parlementaire, début juin.

« Nous allons tenir des consultations sur ce projet de loi dès sa première lecture, ce qui est très inhabituel. Et nous allons tenir d’autres consultations après la deuxième lecture », insiste à son tour la vice-première ministre Deb Matthews. « C’est important que nous donnions la chance à tout le monde dans la province de se faire entendre. »

Le financement des partis politiques est un enjeu chaud à Queen’s Park, l’opposition alléguant qu’il y a des liens entre les contributions politiques de certaines entreprises à la caisse électorale du Parti libéral et les contrats publics que ces mêmes entreprises obtiennent par la suite.