Fedeli : « les libéraux ne peuvent pas tout avoir »

TORONTO – Les libéraux de l’Ontario auront à choisir entre le report du déficit zéro, des hausses d’impôts ou des compressions majeures s’ils comptent tenir toutes leurs promesses électorales, estime Victor Fedeli, critique progressiste-conservateur en matière de Finances.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

« Les libéraux ne peuvent pas tout avoir », a déclaré M. Fedeli lors d’un appel-conférence avec les médias, le mardi 27 mai.

L’élu sortant de Nipissing croit qu’il est mathématiquement impossible d’accroître les dépenses de l’Ontario de l’ordre de 6 milliards $ avec les recettes actuelles de la province, tout en abattant un déficit de 12,1 milliards $ d’ici 2018.

S’ils remportent les élections du 12 juin, les libéraux de Kathleen Wynne promettent, entre autres, 2,5 milliards $ sur dix ans pour stimuler la création d’emplois et 1 milliard $ pour pistonner l’exploitation minière dans le nord-ouest de la province. Ils s’engagent aussi à accroître les dépenses du gouvernement de 0,8% à 3,5% dans les domaines de la santé, de l’éducation, des services à l’enfance et de la justice.

Compressions?

Ces promesses occulteraient des compressions de l’ordre de 6% – ou 3 milliards $ – dans d’autres secteurs comme les affaires francophones, l’agriculture, l’énergie et les transports, de l’avis de M. Fedeli. De telles compressions pourraient se traduire par d’importantes pertes d’emplois au sein de la fonction publique, selon le grand argentier des progressistes-conservateurs.

« Les chiffres des libéraux ne tiennent pas debout », a fustigé M. Fedeli, sans toutefois s’avancer sur l’ampleur des compressions qu’il dit entrevoir dans le camp adverse.

De passage à Sault-Sainte-Marie, où elle a visité une école, le 27 mai, Mme Wynne a promis de ne pas réduire la taille de la fonction publique pour toute la durée d’un nouveau mandat libéral à Queen’s Park. Elle a aussi évoqué « la discorde dans notre système d’éducation » et « les grèves » à l’époque de Mike Harris, comparant sans nuance l’ex-premier ministre progressiste-conservateur à son successeur Tim Hudak.

Les progressistes-conservateurs de Tim Hudak, eux, promettent d’équilibrer les finances de l’Ontario dès 2016 et de créer 1 million d’emplois d’ici 2022. Pour y arriver, toutefois, ils épureraient la fonction publique de 100 000 employés.

« Nous sommes brutalement honnêtes », a martelé M. Fedeli.

Le million d’emplois

Or, de l’avis des libéraux, les troupes de M. Hudak n’arriveraient pas à créer 1 million d’emplois, mais à peine 280 000 emplois sur huit ans. En somme, l’opposition sortante aurait calculé ses gains en termes d’années-personnes – une unité de mesure correspondant au travail que peut accomplir une personne pendant un an – et non en termes de nouveaux emplois nets.

Sur papier, chaque nouvel emploi créé par un gouvernement progressiste-conservateur à Queen’s Park serait donc multiplié par huit, pour chacune des années du plan, et ce, peu importe si c’est la même personne qui occupe cet emploi pendant ces huit années.

« C’est absolument sans fondement », a répliqué M. Fedeli, sur un pied de guerre. « Nous (les partis politiques) utilisons tous les mêmes chiffres. Ce n’est tout simplement pas vrai ».