Emplois : Wynne somme Hudak de revoir ses calculs

«Nous ne pouvons pas donner aux gens ce débat honnête si M. Hudak persiste à dire que son plan est autre chose que de la fiction», a déclaré la chef libérale Kathleen Wynne en marge d’une visite d’une classe d’art culinaire au collège Centennial, à Toronto, le 29 mai.

TORONTO – La chef libérale Kathleen Wynne a sommé son rival progressiste-conservateur Tim Hudak de refaire ses calculs, après que des économistes eurent déboulonné le fameux Plan pour 1 million d’emplois sur lequel l’opposition sortante de l’Ontario a tout misé pour remporter les élections provinciales du 12 juin.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

« Un certain nombre d’économistes parmi les plus respectés dans le pays, (…) après une analyse minutieuse de votre programme, ont noté que vos calculs pour la création d’emplois sont grossièrement gonflés par une erreur de base », a écrit Mme Wynne dans une lettre ouverte à M. Hudak, le jeudi 29 mai.

Mme Wynne a demandé à son adversaire de trouver ne serait-ce qu’un expert indépendant qui corrobore ses chiffres, ou de refaire ses devoirs à temps pour le débat électoral des chefs des principaux partis politiques de l’Ontario, le 3 juin.

« Ça doit être un débat honnête. Mais nous ne pouvons pas donner aux gens ce débat honnête si M. Hudak persiste à dire que son plan est autre chose que de la fiction », a renchéri Mme Wynne en marge d’une visite d’une classe d’art culinaire au collège Centennial, à Toronto.

Multiplié par huit?

Les progressistes-conservateurs auraient calculé leurs projections d’emplois en termes d’années-personnes – une unité de mesure souvent utilisée pour des projets ponctuels, comme des chantiers de construction – et non en termes de nouveaux emplois permanents.

Sur papier, chaque nouvel emploi créé serait donc multiplié par huit, pour chacune des années du plan Hudak, et ce, peu importe si c’est la même personne qui occupe cet emploi pendant ces huit années.

« Cette confusion a mené (les progressistes-conservateurs) à surestimer considérablement les effets de leurs mesures de création d’emploi », a analysé l’économiste Paul Boothe, de l’École des affaires Ivey de l’Université Western, à London.

Même son de cloche du côté du Conference Board du Canada, un organisme qu’a pourtant consulté le clan Hudak dans la préparation de son programme électoral.

Hudak garde le cap

Loin de vouloir se rétracter, M. Hudak a continué à faire la promotion de son plan pour créer 1 million d’emplois, le 29 mai. « Le plus grand échec (des libéraux) a été d’affaiblir les espoirs de la prochaine génération », a-t-il déclaré lors d’une visite d’un institut de métiers spécialisés, à Toronto.

Les progressistes-conservateurs ont, à leur tour, accusé les libéraux d’avoir engagé une somme de 317 millions $ dans l’achat d’un édifice au centre-ville de Toronto, et ce, sans l’approbation de l’Assemblée législative.

« Nous ne pouvons pas donner aux gens ce débat honnête si M. Hudak persiste à dire que son plan est autre chose que de la fiction », a déclaré la chef libérale Kathleen Wynne en marge d’une visite d’une classe d’art culinaire au collège Centennial, à Toronto, le 29 mai.  (Photo: François Pierre Dufault)
« Nous ne pouvons pas donner aux gens ce débat honnête si M. Hudak persiste à dire que son plan est autre chose que de la fiction », a déclaré la chef libérale Kathleen Wynne en marge d’une visite d’une classe d’art culinaire au collège Centennial, à Toronto, le 29 mai.
(Photo : François Pierre Dufault)

Le gouvernement sortant de Mme Wynne aurait, selon ses adversaires, négocié en catimini l’achat d’une tour à bureaux du complexe des sciences MaRS afin de renflouer cette entreprise privée qui a reçu des octrois provinciaux de l’ordre de 234 millions $ et qui aurait tout de même du mal à joindre les deux bouts.

« Kathleen Wynne a approuvé cette transaction en secret pour éviter mettre une fois de plus son gouvernement dans l’embarras », a pesté le progressiste-conservateur Frank Klees, le 29 mai. Les documents confidentiels de l’opération « se lisent comme une répétition (du scandale) d’ORNGE », selon l’élu sortant de Newmarket-Aurora, qui ne sollicite pas un nouveau mandat.

Les libéraux ont vite cherché à calmer le jeu.

« À ce moment-ci, cette entente n’est pas finale », s’est défendue Mme Wynne. L’acquisition d’un édifice du complexe MaRS doit permettre au gouvernement de consolider plusieurs de ses bureaux et, au final, de réaliser des économies d’échelle, selon la chef libérale.

Mme Wynne a aussi dit espérer que la sortie publique de M. Klees « ne fasse pas dérailler la transaction ».