Droits de scolarité : une impasse pour le RÉFO

La voie politique qu’emprunte le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) est une bouffée d’air frais pour les francophonies en milieu minoritaire. Archives #ONfr

SUDBURY – Des droits de scolarité beaucoup trop élevés et fragilisant les étudiants francophones : le constat principal du deuxième Forum étudiant de l’Ontario français, du 27 février au 1er mars, est pour le moins sans ambages.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
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SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

À l’image de la coprésidente du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), Caroline Gélineault, la cinquantaine d’étudiants présents à Sudbury ont lancé un cri du cœur.

« Si en 1990, les frais de scolarité moyens à l’université gravitaient autour de 1680 $ par année en Ontario, les étudiants paient aujourd’hui plus de 7300 $ annuellement pour une charge de cours à temps plein. L’endettement étudiant qui en résulte est une dette moyenne de 28 000 $ après un parcours postsecondaire de quatre ans. »

L’autre coprésidente du RÉFO, Geneviève Latour, va même plus loin en entrevue à #ONfr. « Nous ne voulons pas transmettre à nos enfants ce que vous vivons. Le problème est amplifié pour les francophones lesquels doivent souvent se déplacer pour étudier en français. »

Depuis septembre 2013, les étudiants franco-ontariens devant parcourir au moins 80 kilomètres pour suivre des études en langue française bénéficient d’une bourse, dans le cas où des établissements plus proches n’offrent pas de programmes en français. Celle-ci remplace une subvention plus large, et non conditionnée à la distance, supprimée l’année d’avant par le gouvernement de Dalton McGuinty.

Une nouvelle subvention « insuffisante » pour Mme Latour qui prône toujours la baisse des droits de scolarité comme unique solution.

Le gouvernement inflexible

Cette colère somme toute des étudiants reste difficilement comprise du côté du gouvernement libéral de Kathleen Wynne.

« Nous avons une variété de bourses pour nos étudiants », a signalé Reza Moridi, ministre responsable de l’enseignement supérieur, à #ONfr, le lundi 2 mars. « Nous avons une bourse pour les étudiants des régions éloignées. Nous offrons aussi (à certains étudiants) un rabais de 30% sur les droits de scolarité. Lorsque nous additionnons toutes ces bourses d’un côté et que nous additionnons les droits de scolarité d’un autre côté, en effet, les paiements des étudiants de l’Ontario sont comparables à ceux des étudiants des autres provinces. »

Foutaise, répondent les néo-démocrates à Queen’s Park.

« Nos étudiants paient les droits de scolarité les plus élevés de tout le Canada. Il n’y a aucune façon logique d’expliquer ça. Franchement, ce n’est pas acceptable. On sait que ça a un impact direct sur la capacité des étudiants à terminer leurs études », a dénoncé France Gélinas, critique du NPD en matière d’Affaires francophones, à #ONfr. « C’est incompréhensible, dans une province comme l’Ontario, qu’on soit les derniers. »

L’élue de Nickel Belt aimerait voir l’Ontario s’inspirer des modèles de gestion des collèges et universités dans les autres provinces pour réduire le fardeau de ses étudiants.

Au sujet du retrait de la Bourse pour étudier en français, le NPD se fait encore plus vindicatif. « C’est une insulte, c’est un affront et c’est une grosse erreur », a fustigé Mme Gélinas. « De nous faire croire que (la bourse) a été remplacée par une autre, ça ne fonctionne pas. La plupart des étudiants n’y ont pas accès. J’ai reçu des centaines, peut-être un millier de courriels de francophones qui ont reçu l’ancienne bourse, à l’époque où elle était disponible, et pour qui ça a fait la différence. »

Consensus

Outre les droits de scolarité, la cinquantaine de participants au Forum se sont logiquement fait entendre sur le projet phare de l’organisme depuis deux ans : la création d’une université franco-ontarienne dont la première étape partirait de Toronto : « Il y a vraiment eu consensus sur le choix de Toronto. Dans le long terme, on aimerait créer aussi des campus éventuellement à Ottawa et Sudbury », affirme Mme Latour.

Fédération de campus francophones étalés sur toute la province? C’est en tout cas « une option », avance la coprésidente qui renvoie à l’étude de faisabilité demandée par le RÉFO à des experts, l’automne dernier, pour évaluer les différents modèles de gouvernance francophone.

L’autre dossier chaud du moment, à savoir l’avenir du campus d’Alfred dans l’Est ontarien, se trouvait également aux différentes tables des discussions selon Mme Latour.

« On a cru comprendre que les Comtés unis de Prescott et Russell (CUPR) ne voulaient pas assurer le futur du collège. La ministre déléguée aux Affaires francophones Madeleine Meilleur semble nous promettre une annonce prochainement. Alors, nous attendons. »

Renouvellement

Le RÉFO a en tout cas profité des trois jours du sommet pour renouveler intégralement les trois coprésidents de son exécutif. Une première en somme depuis 2010. Geneviève Borris de l’Université Saint-Paul à Ottawa, Samantha Puchala de l’Université Laurentienne, et Myriam Tardif du Collège universitaire Glendon, ont été toutes les trois été élues lors de l’assemblée générale, le 1er mars. Elles entreront en fonction le 31 juillet prochain.

Les trois étudiantes remplaceront, entre autres, l’autre coprésidente emblématique Geneviève Latour qui, après quatre ans à la tête de l’exécutif, a choisi de laisser la main. Figure de proue de l’organisme, Mme Latour actuellement étudiante en administration à La Cité, quittera le monde scolaire à compter du mois d’août.

« Je vais essayer d’élargir la définition des étudiants francophones au sein du RÉFO », précise l’une de ses successeurs, Mme Puchala. Bien que le français soit sa troisième langue, la nouvelle élue avait choisi de quitter Woodstock dans le sud-ouest de l’Ontario pour étudier dans la langue de la minorité à Sudbury.