Dossiers chauds dans quatre villes à forte population francophone

La municipalité de Hearst, dans le Nord ontarien. Archives ONFR+

 

NIAGARA FALLS – Quelque 2000 délégués représentants des centaines de villes et villages se sont rassemblés à Niagara Falls, du 16 au 19 août, à l’occasion de la rencontre annuelle de l’Association des municipalités ontariennes (AMO). Ces intervenants des quatre coins de la province aux réalités bien différentes ont tenté de trouver un terrain d’entente sur plusieurs dossiers. Les maires de quatre municipalités avec une forte population francophone ont accepté de partager leurs principales préoccupations avec #ONfr.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Le maire de Hearst en guerre contre le « Plan caribou »

Le maire de Hearst, Roger Sigouin prévoit une catastrophe économique si le plan de conservation du caribou du ministère des Richesses naturelles et des Forêts est mis en place. « Si le plan caribou passe dans le nord, c’est la fermeture des communautés du nord », affirme-t-il. M. Sigouin soutient que l’industrie forestière sera frappée de plein fouet par une telle initiative, mais que les mines payeront aussi le fort prix.

Pour lui, la rencontre de l’AMO a été une occasion de sensibiliser les gens du sud, qui ne « comprennent pas nos dossiers ». Il s’attristait en milieu de semaine de son incapacité à discuter avec certains proches du gouvernement Wynne. « Au niveau du Parti libéral, j’ai salué des ministres, mais d’autres semblent s’éloigner. On a une crise actuellement et des gens n’aiment pas beaucoup que je parle dans les médias », a-t-il dit. Il compte poursuivre la mobilisation contre le plan de conservation du caribou au cours des prochains jours et planifie déjà une rencontre avec les maires du Québec, les Premières Nations et certains syndicats.

 

À Timmins : un dossier unit francophones et anglophones

« Les francophones et les anglophones de Timmins sont tous préoccupés par la même chose : la qualité de l’autoroute qui traverse la ville. C’est l’une des pires routes au pays, selon un palmarès de CAA », lance d’emblée le maire de la municipalité, Steven Black. L’autoroute 101, qui traverse Timmins, est dans un piètre état et doit impérativement être refaite.

Il affirme que sa ville fait pression sur le gouvernement provincial depuis un bon moment pour obtenir les sommes nécessaires à sa réfection. « Il y a une enveloppe de 15 millions de dollars disponibles, mais elle doit être partagée entre 77 municipalités. On estime qu’il nous faut cependant entre 50 et 80 millions de dollars pour la refaire », souligne le maire. Il dit constater que les sommes nécessaires à la refonte des infrastructures routières sont surtout disponibles dans le Grand Toronto, mais que le nord semble devoir patienter, s’attriste-t-il.

 

Casselman et la protection de l’environnement

Conrad Lamadeleine, maire de Casselman, connaît bien les rouages des discussions de coulisses entre les municipalités et le gouvernement provincial. Lors de son passage à Niagara Falls, son objectif était clair. « On était là pour aller chercher de l’argent », a confié à #ONfr celui qui s’implique en politique depuis plus de deux décennies. Dans sa ville, l’égout à proximité de la rivière Nation est à l’origine de bien des préoccupations. « Les égouts commencent à contaminer la terre et la rivière. C’est très urgent, la contamination est dans le sol, alors le gouvernement doit faire de notre projet de réfection une priorité », dit M. Lamadeleine. L’argent du gouvernement est essentiel, car c’est la qualité de vie et la protection de l’environnement qui est en jeu, dit-il. M. Lamadeleine est cependant bien conscient des ressources financières limitées de l’Ontario. « Le gouvernement est cassé. Aujourd’hui, on doit travailler avec des miettes. On doit absolument impliquer le secteur privé dans nos projets et travailler ensemble », dit-il.

 

Alfred-Plantagenet : infrastructures et accès à la rivière

À l’image de plusieurs autres maires de l’Ontario, le premier magistrat d’Alfred-Plantagenet a une longue « liste d’épicerie ». Fernand Dicaire tenait à participer à la rencontre de l’AMO afin de sensibiliser les intervenants du gouvernement aux problèmes qu’il vit quotidiennement dans sa municipalité. « On a découvert qu’un de nos ponceaux est complètement défoncé. Pour le remplacer, il nous faut trouver rapidement 200 000$. On a aussi des travaux majeurs à effectuer à nos bassins de rétention des eaux usées. On a besoin d’aide », confie-t-il.

Le maire Dicaire fait savoir que la rencontre de l’AMO était une occasion pour lui de se faire des contacts qui seront d’une importance capitale au cours des prochains mois. Ces bonnes relations pourraient aussi aider la municipalité à accroître le nombre d’accès à la rivière des Outaouais. « Nous voulons devenir propriétaire du terrain de l’ancienne école Saint-Joseph à Lefaivre. La réglementation dit qu’on doit payer la valeur marchande, mais ce n’est pas possible », insiste-t-il. Selon certaines estimations, l’ancienne école pourrait valoir jusqu’à 600 000 dollars.