Des Franco-Torontois au front avec Black Lives Matter

Le mouvement Black Lives Matter a occupé l'une des intersections les plus occupées du pays, le square Yonge/Dundas Étienne Fortin-Gauthier

TORONTO – Le mouvement Black Lives Matter a bloqué l’une des intersections les plus fréquentées du pays, le lundi 15 août, en pleine heure de pointe à Toronto. Des participants, dont plusieurs francophones, ont expliqué à #ONfr leurs motivations.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Les manifestants exigent notamment des changements au niveau des enquêtes qui ciblent les policiers. Ils n’ont pas confiance en l’Unité des Enquêtes spéciales de l’Ontario. Plusieurs souhaiteraient la voir purement et simplement démantelée.

« C’est important de voir qui est sur ce comité d’enquête de la police. Ce sont des anciens policiers, ce sont des amis de la police. Comment peut-on parler de justice, quand c’est la police qui aide la police », lance Page Galette, militante francophone de Black Lives Matter.

« On veut dénoncer ce qui se passe dans nos vies. Quand on regarde la télé, ce n’est pas très beau. On voit nos frères et nos sœurs, notre grande famille, se faire battre et tuer par la police », dénonce Page Galette. « On est noir, on est trans, on est queer, on est francophone… on est tout ça! », ajoute-t-elle.

La manifestation visait aussi à dénoncer la mort d’Abdirhman Abdi qui est décédé lors d’une intervention policière en juillet, à Ottawa. Les participants exigent que des accusations soient portées contre les agents de police impliqués et le dévoilement de tous les éléments de preuve dans ce dossier.

Feven Tefferi, Français d’origine, croit qu’il y a moins de racisme au Canada qu’en France. Mais il est nécessaire de dénoncer avec vigueur les cas de violence impliquant des policiers qui se sont déroulés au pays dernièrement, ajoute-t-il.

Sa copine, Arry Lageon, affirme avoir décidé de devenir avocate après avoir été, elle-même, victime de racisme. Elle dit craindre pour la sécurité de ses frères affirmant que les jeunes hommes noirs sont souvent ciblés par les forces de l’ordre lors d’opération de routine.

Des acteurs francophones de Toronto ont pris la parole, la semaine dernière, pour appuyer les revendications de Black Lives Matter. « Nier le racisme systémique au Canada, c’est au mieux, faire preuve d’une naïveté confondante, au pire, d’une complicité alarmante », ont-ils indiqué dans une lettre ouverte publiée dans l’hebdomadaire L’Express.

Rinaldo Walcott, l’un des organisateurs de la manifestation de lundi, a promis davantage de perturbations économiques si « nos vies continuent d’être arrêtées de manière prématurée ».

Black Lives Matter a vu le jour aux États-Unis, en 2013. Le mouvement a rapidement pris de l’ampleur suite au décès de plusieurs noirs lors d’interventions policières. Le Canada compte maintenant des sections locales, qui multiplient les coups d’éclat.