Dans l’attente du plan d’action sur les langues officielles

La ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly. Archives, #ONfr

OTTAWA – La dernière session parlementaire a été marquée par la controverse autour de la nomination avortée de l’ancienne ministre libérale Madeleine Meilleur au poste de commissaire aux langues officielles du Canada. Une controverse qui a nui à l’avancée de plusieurs dossiers, jugent les partis d’opposition, alors que le plan d’action sur les langues officielles est très attendu par les francophones.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« Nous avons perdu cinq semaines à cause de cette nomination partisane et cela a jeté beaucoup d’ombre sur notre comité [des langues officielles] qui fonctionnait très bien jusqu’ici », lance la porte-parole aux langues officielles du Parti conservateur du Canada (PCC), Sylvie Boucher.

La députée de Beauport-Côte-de-Beaupré-Île d’Orléans-Charlevoix regrette que le comité des langues officielles n’ait pas pu travailler davantage sur certains dossiers importants, comme Air Canada. Un avis que partage le député néo-démocrate, François Choquette, qui souhaitait que le comité termine aussi son travail sur l’accès à la justice.

Les discussions à la Chambre des communes autour de son projet de loi sur le bilinguisme des juges à la Cour suprême du Canada ont, elles aussi, dû attendre. Mais cela le satisfait davantage.

« Cela nous a permis de gagner un temps précieux pour interroger plusieurs témoins et spécialistes du droit constitutionnel devant le comité. Ils nous ont bien dit qu’il n’y a pas besoin de rouvrir la constitution pour obliger que les juges à la Cour suprême du Canada soient bilingues. »

 

Le gouvernement visé par l’opposition

Du côté du gouvernement libéral, le premier ministre Justin Trudeau a voulu assurer en Chambre, cette semaine, son engagement envers les langues officielles.

« Nous prenons très au sérieux la responsabilité de défendre nos deux langues officielles dans ce pays, nous sommes le parti du bilinguisme officiel (…). »

Si le gouvernement n’a pas annoncé d’indexation budgétaire pour les organismes francophones en milieu minoritaire dans son budget de mars dernier, il compte à son bilan, pour cette session parlementaire, le retour du Programme de contestation judiciaire et les modifications au programme d’immigration Entrée express, sensées encourager l’accueil de nouveaux arrivants francophones à l’extérieur du Québec.

Pas suffisant toutefois pour les partis d’opposition, qui critiquent le manque de leadership du gouvernement.

« Dans le domaine des langues officielles, on ne sait toujours pas à qui s’adresser? Il y a des problèmes avec Parcs Canada qui n’a suivi que deux des recommandations du commissaire aux langues officielles, mais tout le monde se renvoie la balle! », fustige M. Choquette.

 

Des recommandations sans réponse

Alors que le comité des langues officielles a publié deux rapports cette session, sur le Bureau de la traduction et sur le dénombrement des ayants droit dans le prochain recensement, en 2021, de Statistique Canada, Mme Boucher estime que le gouvernement devrait y prêter attention.

« Il y a beaucoup de choses que le gouvernement aurait pu faire pendant cette session pour les langues officielles sans nécessairement que ça coûte de l’argent. Il faut qu’il prenne le temps de regarder le travail des comités et leurs recommandations. »

Quant à la réponse du gouvernement au rapport consacré au prochain plan d’action sur les langues officielles et à l’immigration francophone, elle est jugée décevante par M. Choquette.

« Le ministre de l’Immigration [Ahmed Hussen] ne savait même pas qu’il n’existe pas de politique sur l’immigration francophone. Il dit être responsable du dossier, mais clairement, il s’en met trop sur les épaules. On a besoin d’une personne qui s’en occupe vraiment et qui soit imputable. »

Sollicitée par #ONfr, la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, n’avait pas répondu à nos demandes d’entrevue avant la publication de cet article.

 

Le plan d’action dévoilé cet automne

Durant toute la session, la ministre s’est souvent rattachée au dévoilement du futur plan d’action sur les langues officielles, à l’automne, pour gagner la patience des francophones de l’extérieur du Québec.

« Nous sommes dans l’attente et attendons des actions concrètes », commente le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Jean Johnson. « On a besoin d’un engagement clair du gouvernement fédéral de soutenir les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Le futur plan d’action doit permettre des investissements directs dans les communautés et non des programmes conçus à Ottawa et parachutés dans nos communautés. »